Unité 2 : Reportage d’actualité et pouvoir des images
Thèmes clés
- Étude de cas : le reportage d’actualité et le pouvoir des images
- La représentation des catastrophes
- La représentation des genres
Objectifs d’apprentissage
Une fois cette unité terminée, les éducateurs et les apprenants seront capables de :
- Analyser les représentations dans la couverture de l’actualité et d’événements particuliers
- Examiner les reportages qui offrent des représentations alternatives à celles des médias traditionnels
- Évaluer l’impact des représentations sur le public et sur le sujet représenté
- Analyser les représentations du genre dans les médias et sur les plateformes numériques, entre autres systèmes d’information
Approches et activités pédagogiques
Pour résumer : comme nous l’avons vu plus haut dans la Partie 1 de ce programme, plusieurs approches pédagogiques sont possibles. Veuillez vous référer à la liste fournie dans la Partie 1 et décider quelle approche appliquer aux activités proposées ci-dessous et aux autres activités que vous pourriez élaborer.
- Certains critiques des médias ont exprimé leur inquiétude quant à la façon dont certains événements, en particulier les catastrophes ou les tragédies, sont présentés dans les médias.
- Examinez la couverture médiatique d’événements et de problèmes actuels et évaluez dans quelle mesure ces remarques sont fondées.
- Discutez des réactions aux images de personnes personnellement touchées par une tragédie ou une catastrophe. Faites des recherches et réfléchissez sur les stratégies utilisées par les journalistes qui travaillent dans des médias traditionnels et alternatifs pour décrire l’impact émotionnel des événements tout en respectant la vie privée et la dignité des personnes concernées.
- Faites des recherches et analysez la couverture médiatique d’un événement majeur tel qu’une catastrophe naturelle ou causée par l’homme. Cette étude de cas devrait être axée sur les images de la couverture médiatique et les représentations des personnes et des questions liées à ces événements. Les éducateurs peuvent faire une enquête sur Internet pour trouver les images qui apparaissaient dans la couverture de ces événements dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Les questions suivantes peuvent être utilisées pour analyser la couverture et les images en détail :
- Décrivez ce qui était représenté sur les sites d’information en ligne, à la télévision et dans les journaux. Identifiez les images le plus souvent utilisées. Examinez le mode de construction de ces représentations en tenant compte des angles de vue, de la composition d’une photographie, des types de prises de vue, de qui ou de ce qui est montré à l’image/sur la photographie et de qui ou ce qui ne se voit pas.
- Quel message l’utilisation de ces images transmet-elle ? Quelle histoire les images racontent-elles ? Évaluez le potentiel de ces images à devenir emblématiques. Quel impact ces images pourraient-elles avoir sur les publics ? Tenez compte de l’effet des images sur la compréhension du sujet par le spectateur ou sur sa relation avec le sujet.
- Demandez-vous si les informations relatives à l’événement qui sont absentes des images seront mémorisées. Explorez le pouvoir des images à « oblitérer » les autres informations absentes de la forme visuelle. Quelles en sont les conséquences pour une citoyenneté éclairée ?
Égalité des genres et autonomisation des femmes
Les questions de genre ont gagné en importance dans les programmes de développement des organismes internationaux de développement (comme l’ONU), les systèmes gouvernementaux nationaux et régionaux ainsi que les organisations de la société civile. L’objectif de développement durable 5 vise à « parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles » et comprend neuf cibles couvrant diverses questions concernant les femmes et les filles (ODD 5, Objectif 5 ). En 1995, la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, adoptés à la quatrième Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes, soulignaient le rôle clé des médias dans la promotion de l’égalité des genres dans tous les domaines. Toutes les parties prenantes y sont appelées à unir leurs forces pour lutter contre « les images stéréotypées des femmes et l’inégalité de l’accès et de la participation à tous les systèmes de communication, en particulier les médias ». En juillet 2010, l’Assemblée générale des Nations Unies a créé ONU Femmes, l’entité des Nations Unies consacrée à l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes, pour relever ces défis. Les États membres de l’ONU ont envoyé un message mondial très fort en prenant cette mesure historique. Le message est que les objectifs de l’organisation en matière d’égalité des genres et d’autonomisation des femmes doivent être accélérés en interne comme au sein de chaque État membre de l’Organisation (). L’UNESCO a instauré pour sa part la priorité globale Égalité des genres, applicable dans l’ensemble de ses travaux (avec la priorité Afrique).
- Il est clairement nécessaire de mettre l’accent sur le rôle des fournisseurs de contenus que sont les médias, les entreprises de communication numérique, les bibliothèques, les archives et les musées, entre autres, pour atteindre les objectifs de la Déclaration de Beijing, des ODD et d’ONU Femmes. Dans une discussion en classe, explorez les questions suivantes : comment les fournisseurs de contenus peuvent-ils évaluer efficacement leur réactivité en matière de genre, et comment la société civile peut-elle évaluer cette réactivité ? Qui gère les institutions qui fournissent des contenus ?Pourquoi les fournisseurs de contenus devraient-ils fonctionner en tenant compte du genre ? Comment les fournisseurs de contenus peuvent-ils aborder les représentations stéréotypées des femmes, des hommes et des groupes minoritaires, et lutter contre celles-ci ? Les fournisseurs de contenus sont-ils simplement des émetteurs de sens renvoyant à l’inégalité entre les genres, ou sont-ils des partenaires communs dans la mise en œuvre de la Déclaration de Beijing et des autres objectifs mentionnés ci-dessus, la création d’informations et de connaissances et la multiplication de leurs résultats ? Si leur rôle est effectivement celui de partenaires, comment peuvent-ils le tenir efficacement ?
Pendant de nombreuses années, les acteurs du monde entier se sont concentrés sur le développement des médias et l’expansion des plateformes numériques pour s’attaquer aux problèmes liés à l’égalité des genres et à l’autonomisation des femmes, mais les progrès sont très lents. L’EMI peut promouvoir des comportements sensibles au genre. Grâce à l’EMI, les publics (lecteurs, spectateurs, auditeurs et créateurs de contenus) sont dotés des compétences nécessaires (connaissances, aptitudes et attitudes) pour évaluer les performances de l’écosystème des contenus en matière de sensibilité au genre et y contribuer.
- Demandez aux éducateurs de réaliser une petite enquête destinée à répondre à certaines des questions suivantes : les organes de presse font-ils la promotion de l’EMI dans votre pays ? Comment s’y prennent-ils ? Quelles preuves indiquent que c’est le cas ? Donnez des exemples précis si possible. De quelle manière l’EMI peut-elle aider à lutter contre les stéréotypes liés au genre et contribuer à l’égalité des genres ? Quels sont les programmes de développement local relatifs aux questions de genre mis en place dans vos pays et communautés ? Donnez des exemples de difficultés liées à la mise en œuvre de ces programmes. Dans quelle mesure les différents groupes de genre (femmes, hommes et personnes LGBTQI+) sont-ils consultés et représentés ? Sous quel angle sont-ils représentés ? Dans quelle mesure différents fournisseurs de contenus sont-ils impliqués dans ces projets ? Quels sont les moyens créatifs par lesquels, selon vous, l’EMI peut être utilisée pour intégrer les questions de genre dans les médias et l’information et améliorer la représentation des femmes ? Grâce à ces questions et à d’autres, faites des recherches sur les expériences et les bonnes pratiques et formulez des recommandations en matière d’égalité des genres et d’éducation aux médias et à l’information. Quel est votre point de vue personnel sur l’égalité des genres ? Comment vos propres opinions et expériences peuvent-elles influencer votre interprétation de la représentation des genres dans les médias et les autres sources d’information ?
Il existe deux perspectives principales concernant les femmes et les fournisseurs de contenus que sont les médias, les entreprises de communication numérique, les bibliothèques, les archives et les musées. L’une concerne la condition des femmes qui travaillent dans ces institutions, et l’autre a trait à la couverture ou à l’image des femmes, des filles et des autres groupes de genre dans les contenus.
- Prenez en considération certaines des conclusions de l’Étude mondiale sur l'image des femmes dans les médias de 2015 et du Rapport mondial sur le statut des femmes dans les médias d’information (voir la liste des ressources à la fin de cette unité) ou de toute autre recherche connexe concernant les femmes et les fournisseurs de contenus. Répondez à tout ou partie des questions suivantes : quelles sont les implications de ces conclusions, individuellement et collectivement ? Quels sont les types d’images de femmes les plus répandus ? Quels sont les facteurs sociaux, économiques, culturels et politiques qui pourraient sous-tendre ces images ? Devrait-on s’en préoccuper ? Votre gouvernement devrait-il prendre des mesures pour lutter contre les images négatives ?Si vous pensez que oui, expliquez pourquoi. Quelles mesures la société civile devrait-elle prendre pour traiter ces questions ? Pensez-vous qu’il est préférable que les fournisseurs de contenus agissent par le biais de l’autoréglementation plutôt que par l’imposition de mesures par les gouvernements ou autres organismes externes ? Est-il nécessaire d’adopter une forme de réglementation gouvernementale ? Expliquez votre réponse. Dans le cas de certains contenus, des règlements gouvernementaux et une surveillance externe sont nécessaires. Donnez des exemples de certains de ces cas. Devrait-il en être autrement pour les fournisseurs de contenus publics que pour les fournisseurs privés ? Pensez-vous que les fournisseurs de contenus bénéficiant de financements publics, y compris les médias, ont une obligation particulière d’assurer l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes ? L’EMI vous a-t-elle donné les moyens de prendre des mesures en faveur de l’égalité des genres ? Comment ? Quel est votre point de vue personnel sur l’égalité des genres ? Pensez-vous que si davantage de femmes travaillaient pour des fournisseurs de contenus tels que les médias, les entreprises de communication numérique, les bibliothèques, les archives et les musées, l’image des femmes par rapport aux hommes changerait ? Pourquoi ? Que disent les recherches à ce sujet ?
La misogynie, l’intimidation en ligne et le harcèlement des femmes journalistes sont en hausse. Examinez les résultats de ci-dessous :
- Les résultats montrent que 64 % des femmes interrogées ont subi des abus en ligne.
- Le harcèlement en ligne prend diverses formes, dont les menaces de mort ou de viol, les insultes, la dévaluation du travail, les commentaires sexistes, l’envoi d’images obscènes, la cyberintimidation, le cyberharcèlement et l’usurpation de compte.
- Parmi les victimes de harcèlement en ligne, 47 % des femmes ont déclaré qu’elles n’avaient pas signalé ces abus et, lorsqu’elles l’ont fait, c’était principalement auprès de la direction de leurs médias (40 %).
- Un autre résultat inquiétant est que la majorité des victimes d’abus interrogées ont déclaré que ces attaques avaient eu des effets psychologiques tels que l’anxiété ou le stress (63 %), 38 % ont admis pratiquer l’autocensure et 8 % ont déclaré avoir perdu leur emploi.
Comparez maintenant ces résultats avec ceux de l’enquête mondiale sur la violence en ligne à l’égard des femmes journalistes menée en 2020 par l’UNESCO (. UNESCO, auteurs : Julie Posetti, Nermine Aboulez, Kalina Bontcheva, Jackie Harrison et Silvio Waisbord (2020).
- 73 % des femmes journalistes ayant participé à l’enquête ont subi des violences en ligne au cours de leur travail.
- 25 % ont reçu des menaces de violence physique.
- 18 % ont été confrontées à des menaces de violences sexuelles.
- 20 % ont déclaré avoir été attaquées hors ligne en raison de la violence en ligne qu’elles avaient subies.
- Quelles sont les similitudes et les différences observées dans ces données ? Selon les apprenants, quelles sont les causes de cette augmentation de l’hostilité envers les femmes journalistes ? Étudiez les recommandations des enquêtes et guidez les apprenants pour créer des affiches ou des story-boards sur la façon dont ces recommandations pourraient être mises en œuvre, par qui et avec quel mécanisme de surveillance. Guidez les apprenants dans l’étude de la méthodologie utilisée pour entreprendre les deux études. Sont-ils satisfaits de la rigueur employée pour obtenir la fiabilité et la validité ? Recherchez la signification de ces termes et consultez le Module 3 pour en savoir plus sur la recherche académique. Débattez des limites des deux enquêtes mondiales.
- « Aborder les violences basées sur le genre signifie traiter d’un sujet qui concerne l’humanité. Réfléchir sur les représentations biaisées, les stéréotypes, les préjugés et les violences contre les filles et les femmes, c’est prendre part au changement pour qu’enfin, ces violences fassent l’objet d’une couverture médiatique qui reflète pleinement les préoccupations de nos sociétés. [...] Les journalistes peuvent contribuer à briser le silence et à sortir cette question de la sphère privée, où elle est encore trop souvent reléguée. » (Extrait de « ». Impe, AM. 2019. Ed. Mirta Lourenco. UNESCO, Paris.)
- Les éducateurs devraient diriger une discussion avec les apprenants au sujet de cette affirmation. Consultez les statistiques sur les femmes victimes de violences physiques et sexuelles, les filles disparues en raison de la sélection prénatale en fonction du genre et celles qui ont subi une mutation génitale féminine – p. 8 du rapport de l’UNESCO « ». Les apprenants devraient étudier et explorer les questions suivantes. Leurs médias locaux font-ils état des violences à l’égard des femmes ? Leurs médias locaux disposent-ils des politiques internes pour informer sur les violences à l’égard des femmes ? Les apprenants ou les éducateurs peuvent-ils contacter leurs médias locaux pour le découvrir ? Quelles mesures les éducateurs et les apprenants peuvent-ils prendre par rapport aux entreprises de communication numérique ?
- Guidez les apprenants dans leur application de leurs compétences en EMI pour étudier ce processus. Ils devraient partager leurs conclusions avec les autres membres de leur communauté, y compris en ligne. Voir aussi la ressource suivante pour en savoir plus sur la politique et les contenus des médias : .
L’éducateur devrait envisager de développer des activités similaires, comme celles qui sont en rapport avec le genre, pour les groupes marginalisés tels que les personnes handicapées, les peuples autochtones, les groupes ethniques minoritaires et les communautés urbaines ou rurales pauvres, etc. L’objectif devrait être d’explorer la représentation de ces groupes dans les médias afin de comprendre comment ces représentations sont créées, pour qui et, si ces représentations sont acceptées, de se demander qui en bénéficie et qui en pâtit.
Évaluation et recommandations
- Analyse et évaluation des images dans les reportages d’actualité, y compris les composantes techniques et de conception
- Recherche d’autres études et rapports récents sur le sujet et conception d’une campagne connexe sur les réseaux sociaux. Veillez à bien expliquer comment vous allez mesurer l’impact de votre campagne
- Identification et évaluation des procédures de reportage qui contribuent le mieux au développement d’une citoyenneté informée
- Évaluation de l’impact des images sur le public