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Examen des communications relatives aux droits de l'homme dans les domaines de comp¨¦tence de l'UNESCO (Proc¨¦dure 104)

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Derni¨¨re mise ¨¤ jour19 d¨¦cembre 2024

Introduction

Aux termes de l'article 1er de son Acte Constitutif, le but de l'UNESCO est de ¡°contribuer au maintien de la paix et de la s¨¦curit¨¦ resserrant, par l¡¯¨¦ducation, la science et la culture, la collaboration entre nations, afin d¡¯assurer le respect universel de la justice, de la loi, des droits de l¡¯homme et des libert¨¦s fondamentales pour tous, sans distinction de race, de sexe, de la langue ou de religion, que la Charte des Nations Unies reconnait ¨¤ tous les peuples¡±.

Ayant ¨¤ l'esprit les comp¨¦tences et le r?le assign¨¦s ¨¤ l'UNESCO dans le domaine des droits de l'homme, le Conseil ex¨¦cutif a d¨¦cid¨¦, en 1978, ¨¤ l'occasion du 40e anniversaire de la D¨¦claration universelle des droits de l'homme, de mettre en place une proc¨¦dure sp¨¦cifique pour l'examen de communications individuelles relatives aux violations all¨¦gu¨¦es des droits de l'homme dans ses domaines de comp¨¦tence. Cette proc¨¦dure est d¨¦finie dans la du Conseil ex¨¦cutif et est connue sous le nom de "Proc¨¦dure 104".

Le Comit¨¦ sur les conventions et recommandations (CR) a ¨¦t¨¦ charg¨¦ de ce mandat. Il examine les communications re?ues par l'Organisation ¨¤ chaque session ordinaire du Conseil ex¨¦cutif et adopte des d¨¦cisions en vue de contribuer ¨¤ la recherche d'une solution amiable destin¨¦e ¨¤ faire avancer la promotion des droits de l'homme relevant des domaines de comp¨¦tence de l'UNESCO.

La Proc¨¦dure 104 se caract¨¦rise par sa stricte confidentialit¨¦ et a grandement contribu¨¦ ¨¤ faire progresser le mandat de l'UNESCO dans le domaine des droits de l'homme.

Objet de la Proc¨¦dure 104

Cette proc¨¦dure a pour objet de rechercher une solution amiable aux cas qui sont port¨¦s ¨¤ l¡¯attention de l¡¯UNESCO : 

  • en ¨¦tablissant le dialogue avec les gouvernements concern¨¦s par les cas pour examiner avec eux en toute confidentialit¨¦ ce qui pourrait ¨ºtre fait aux fins de promouvoir les droits de l¡¯homme relevant de la comp¨¦tence de l¡¯Organisation ; 

  • en agissant ? dans un esprit de coop¨¦ration internationale, de conciliation et de compr¨¦hension mutuelle ; et rappelant que l¡¯UNESCO ne peut pas jouer le r?le d¡¯un organisme judiciaire international ? (paragraphe 7 de la d¨¦cision 104 EX/3.3). 

Sp¨¦cificit¨¦s de la Proc¨¦dure 104

La Proc¨¦dure 104 pr¨¦sente des caract¨¨res sp¨¦cifiques qui la distingue d'autres proc¨¦dures relatives aux droits de l'homme existant au sein du syst¨¨me des Nations Unies: 

  • Elle n'est pas d'origine conventionnelle et a ¨¦t¨¦ d¨¦finie par une d¨¦cision du Conseil ex¨¦cutif ; 

  • Les communications concernant des violations all¨¦gu¨¦es des droits de l'homme peuvent viser n'importe quel Etat membre de l'UNESCO, qu'il soit ou non partie ¨¤ un trait¨¦ sp¨¦cifique relatif aux droits de l'homme ;

  • Le caract¨¨re individuel des communications est pr¨¦serv¨¦ tout au long de la proc¨¦dure, c'est-¨¤-dire qu'elles sont circonscrites au fond et ne sont pas consid¨¦r¨¦es comme une source d'informations se rapportant ¨¤ une situation plus large de violations syst¨¦matiques et flagrantes des droits de l'homme ;

  • L'auteur de la communication comme l'Etat membre concern¨¦ ont la possibilit¨¦ de pr¨¦senter leurs arguments dans un cadre confidentiel et cette confidentialit¨¦ est maintenue tout au long de la proc¨¦dure, y compris s'agissant de la d¨¦cision finale ;

  • La proc¨¦dure n'est ni judiciaire ni quasi-judiciaire : elle vise ¨¤ contribuer ¨¤ apporter une solution amiable ¨¤ la situation de la victime all¨¦gu¨¦e afin de faire avancer la promotion des droits de l'homme, en ¨¦vitant toute situation conflictuelle et accusatoire ou condamnation du gouvernement concern¨¦.

R?le du Directeur g¨¦n¨¦ral dans le cadre de la Proc¨¦dure 104

La Proc¨¦dure 104 confirme le r?le que le Directeur g¨¦n¨¦ral de l'UNESCO a toujours jou¨¦ en ce qui concerne la promotion des droits de l'homme et notamment son droit d'intercession tel que reconnu par la Conf¨¦rence g¨¦n¨¦rale (). A plusieurs reprises, le Directeur g¨¦n¨¦ral a eu l'occasion d'effectuer personnellement diverses d¨¦marches humanitaires en faveur de victimes all¨¦gu¨¦es de violation de droits de l'homme dans les domaines de comp¨¦tence de l'UNESCO dont le cas requ¨¦rait un examen urgent. 

Questions fr¨¦quemment pos¨¦es

Une communication soumise dans le cadre de la Proc¨¦dure 104 peut ¨ºtre pr¨¦sent¨¦e ¨¤ l'UNESCO par tout individu, groupe d'individus et  organisation non gouvernementale concernant des violations des droits de l'homme entrant dans les domaines de comp¨¦tence de l'UNESCO. L'auteur de la communication doit ¨ºtre lui-m¨ºme victime de telles violations ou ¨ºtre une personne ou une organisation ayant une connaissance digne de foi de telles violations.

Toute personne qui est victime d'une violation des droits de l'homme pour avoir exerc¨¦ un ou plusieurs droits relevant de la comp¨¦tence de l'UNESCO, notamment dans les domaines de l'¨¦ducation, de la science, de la culture ou de la communication. Cela inclut les enseignants, les ¨¦tudiants, les chercheurs, les artistes, les ¨¦crivains, les journalistes ; en somme les intellectuels qui, de par leurs fonctions, rel¨¨vent des domaines de comp¨¦tence de l'UNESCO. Cependant, c'est l'activit¨¦ reproch¨¦e ¨¤ la victime all¨¦gu¨¦e, et non n¨¦cessairement son statut, qui est d¨¦terminante pour d¨¦terminer si une communication est recevable.

Les droits relevant de la comp¨¦tence de l'UNESCO sont pour l'essentiel les suivants (chaque article cit¨¦ ci-dessous se r¨¦f¨¨re ¨¤ la D¨¦claration
universelle des droits de l'homme ; les droits vis¨¦s figurent ¨¦galement dans les Pactes relatifs aux droits de l'homme de 1966 adopt¨¦s par l'Assembl¨¦e g¨¦n¨¦rale des Nations Unies) :

  • le droit ¨¤ l'¨¦ducation (article 26) ;

  • le droit de b¨¦n¨¦ficier des progr¨¨s scientifiques (article 27) ;

  • le droit de participer librement ¨¤ la vie culturelle (article 27) ;

  • le droit ¨¤ l'information, y compris la libert¨¦ d'opinion et d'expression (article 19).

Ces droits pourraient impliquer l'exercice d'autres droits de l'homme, parmi lesquels :

  • le droit ¨¤ la libert¨¦ de pens¨¦e, de conscience et de religion (article 18) ;

  • le droit de chercher, de recevoir et de r¨¦pandre, sans consid¨¦ration de fronti¨¨res, les informations et les id¨¦es par quelque moyen que ce soit (article 19) ;

  • le droit ¨¤ la protection des int¨¦r¨ºts moraux et mat¨¦riels d¨¦coulant de toute production scientifique, litt¨¦raire ou artistique (article 27) ; 

  • le droit ¨¤ la libert¨¦ de r¨¦union et d'association (article 20) pour les activit¨¦s li¨¦es ¨¤ l'¨¦ducation, ¨¤ la science, ¨¤ la culture et ¨¤ l'information.

Une lettre doit ¨ºtre adress¨¦e au Directeur de l'Office des normes internationales et des affaires juridiques de l'UNESCO (7 place de Fontenoy, 75352 Paris 07 SP, France). Cette lettre doit contenir les all¨¦gations concernant les droits de l'homme bri¨¨vement expos¨¦es. Elle doit ¨¦galement ¨ºtre sign¨¦e et r¨¦dig¨¦e dans l'une des langues de travail de l'Organisation (anglais ou fran?ais). Apr¨¨s r¨¦ception de la lettre et ¨¤ condition qu'elle ne soit pas manifestement consid¨¦r¨¦e comme tombant hors du champ de la Proc¨¦dure 104, le Secr¨¦tariat de l'UNESCO fera parvenir ¨¤ l'auteur de la lettre un formulaire, que celui-ci devra remplir et retourner ¨¤ l'UNESCO. Celui-ci constitue la communication formelle qui sera examin¨¦e par le Comit¨¦ CR.

D¨¨s r¨¦ception du formulaire rempli, le Secr¨¦tariat accuse r¨¦ception de la communication, qui est transmise au gouvernement concern¨¦ qui peut apporter toute r¨¦ponse qu'il souhaite fair. La communication, accompagn¨¦e de la r¨¦ponse du gouvernement concern¨¦ et de toute information compl¨¦mentaire que l'auteur de la communication aura pu fournir, est transmise au Comit¨¦ CR pour examen.

Le Comit¨¦ CR examine les communications ¨¤ huis clos, en g¨¦n¨¦ral deux fois par an durant les sessions de printemps et d'automne du Conseil ex¨¦cutif.

Le Comit¨¦ CR examine tout d'abord la recevabilit¨¦ des communications. Il y a dix conditions de recevabilit¨¦ ; si l'une d'elle n'est pas remplie, aucune suite n'est donn¨¦e ¨¤ la communication. Ensuite, le Comit¨¦ CR proc¨¨de ¨¤ l'examen au fond de la communication. Par les d¨¦cisions qu'il prend, le Comit¨¦ CR cherche ¨¤ apporter une solution amiable ¨¤ la situation de la victime all¨¦gu¨¦e dans le but de faire avancer la promotion des droits de l'homme. Le Comit¨¦ n'¨¦tant en aucune mani¨¨re un tribunal international, il s'efforce de r¨¦soudre le probl¨¨me dans un esprit de coop¨¦ration internationale, de dialogue, de conciliation et de compr¨¦hension mutuelle.

Dans son examen de la communication, le Comit¨¦ CR prend en consid¨¦ration toute la documentation dont il est saisi. Les
repr¨¦sentants du gouvernement concern¨¦ sont invit¨¦s ¨¤ fournir des informations et ¨¤ r¨¦pondre aux questions pos¨¦es par les membres du
Comit¨¦ sur la recevabilit¨¦ ou le bien fond¨¦ de la communication. 

A chaque session, le Comit¨¦ CR soumet au Conseil ex¨¦cutif des rapports confidentiels concernant l'examen des communications, ceux-ci sont examin¨¦s par le Conseil ex¨¦cutif lors de sessions priv¨¦es.

Si n¨¦cessaire, le Comit¨¦ CR peut d¨¦cider de poursuivre l'examen d'une communication lors d'une session ult¨¦rieure, en demandant ¨¤ l'auteur de la communication et au gouvernement concern¨¦ de fournir des informations compl¨¦mentaires. 

Apr¨¨s la session au cours de laquelle une communication est examin¨¦e par le Comit¨¦, l'auteur de celle-ci et le gouvernement concern¨¦ par elle sont inform¨¦s des d¨¦cisions du Comit¨¦, qui ne sont pas suscetibles d'appel. Toutefois, le Comit¨¦ peut accepter d'examiner ¨¤ nouveau une communication s'il re?oit des informations compl¨¦mentaires ou de nouveaux ¨¦l¨¦ments.

Le paragraphe 14(a) de la D¨¦cision 104 EX/3.3 ¨¦num¨¨re dix conditions, qui doivent toutes ¨ºtre remplies afin que la communication soit consid¨¦r¨¦e comme ¨¦tant recevable, ¨¤ savoir :

(i) la communication ne doit pas ¨ºtre anonyme ;

(ii) la communication doit ¨¦maner d'une personne ou d'un groupe de personnes qui peuvent ¨ºtre raisonnablement pr¨¦sum¨¦s victimes d'une violation all¨¦gu¨¦e de l'un des droits de l'homme mentionn¨¦s au paragraphe (iii) ci-dessous. Elle peut aussi ¨¦maner de toute personne ou groupe de personnes ou organisation non gouvernementale qui a une connaissance digne de foi desdites violations ;

(iii) la communication doit se rapporter ¨¤ des violations de droits de l'homme qui rel¨¨vent de la comp¨¦tence de l'UNESCO dans les domaines de l'¨¦ducation, de la science, de la culture et de l'information et ne doit pas ¨ºtre motiv¨¦e exclusivement par des consid¨¦rations d'un autre ordre ; 

(iv) la communication doit ¨ºtre compatible avec les principes de l'Organisation, la Charte des Nations Unies, la D¨¦claration universelle des droits de l'homme, les pactes internationaux relatifs aux droits de l'homme et les autres instruments internationaux concernant les droits de l'homme ;

(v) la communication ne doit pas ¨ºtre manifestement mal fond¨¦e et doit para?tre contenir des ¨¦l¨¦ments de preuve pertinents ;

(vi) la communication ne doit ¨ºtre ni injurieuse, ni constituer un abus du droit de pr¨¦senter des communications. Cependant, une telle communication pourra ¨ºtre examin¨¦e, si elle r¨¦pond aux autres crit¨¨res de recevabilit¨¦, une fois que les termes injurieux ou abusifs auront ¨¦t¨¦ ¨¦cart¨¦s ;

(vii) la communication ne doit pas ¨ºtre fond¨¦e exclusivement sur des renseignements diffus¨¦s par les moyens de grande information ; 

(viii) la communication doit ¨ºtre pr¨¦sent¨¦e dans un d¨¦lai raisonnable ¨¤ partir de la date des faits qui en constituent l'objet, ou de la date ¨¤ laquelle ces faits auront ¨¦t¨¦ connus ;

(ix) la communication doit indiquer si un effort a ¨¦t¨¦ fait afin d'¨¦puiser les voies de recours internes disponibles concernant les faits qui constituent l'objet de la communication, ainsi que les r¨¦sultats ¨¦ventuels de tels efforts ;

(x) les communications relatives ¨¤ des probl¨¨mes qui ont d¨¦j¨¤ ¨¦t¨¦ r¨¦gl¨¦s par les Etats int¨¦ress¨¦s conform¨¦ment aux principes relatifs aux droits de l'homme ¨¦nonc¨¦s dans la D¨¦claration universelle des droits de l'homme et dans les pactes internationaux relatifs aux droits de l'homme ne seront pas examin¨¦es.

La confidentialit¨¦ est consid¨¦r¨¦e comme indispensable au succ¨¨s de l'action du Comit¨¦ CR dans le cadre de la proc¨¦dure 104. Pour cette raison, l'auteur de la communication est tenu de maintenir la plus stricte confidentialit¨¦ de l'ensemble de la proc¨¦dure, y compris de toutes les communications envoy¨¦es ¨¤ l'UNESCO et re?ues de celle-ci concernant les travaux du Comit¨¦ CR. Le non-respect par l'auteur de la confidentialit¨¦ de la proc¨¦dure peut conduire le Comit¨¦ ¨¤ d¨¦cider que la soumission de communications constitue un abus de droit aux termes du paragraphe 14(a)(vi) de la d¨¦cision 104 EX/3.3 et ¨¤ radier le communication de sa liste.

 

Pour plus d'informations sur la proc¨¦dure 104, vous pouvez consulter la publication officielle du Comit¨¦ sur les conventions et recommandations .

 

Formulaire de communication concernant les droits de l'homme adress¨¦e ¨¤ l'UNESCO

Quelques statistiques sur la Proc¨¦dure 104

De 1978 ¨¤ octobre 2023, 618 communications ont ¨¦t¨¦ examin¨¦es par le Comit¨¦ CR au titre de la Proc¨¦dure 104, avec les r¨¦sultats suivants : 

  • Dans 241 cas, la (les) victime(s) all¨¦gu¨¦es ont ¨¦t¨¦ lib¨¦r¨¦es ou acquitt¨¦es ;

  • Dans 27 cas, la (les) victime(s) all¨¦gu¨¦es ont ¨¦t¨¦ lib¨¦r¨¦es apr¨¨s avoir purg¨¦ leur peine ;

  • Dans 21 cas, la (les) victime(s) all¨¦gu¨¦es ont ¨¦t¨¦ autoris¨¦es ¨¤ quitter l¡¯?tat concern¨¦ ;

  • Dans 35 cas, la (les) victime(s) all¨¦gu¨¦es ont ¨¦t¨¦ autoris¨¦es ¨¤ rentrer dans l¡¯?tat concern¨¦ ;

  • Dans 31 cas, la (les) victime(s) all¨¦gu¨¦es ont pu retrouver leur emploi ou activit¨¦ ;

  • Dans 14 cas, la (les) victime(s) all¨¦gu¨¦es ont pu reprendre une publication ou une ¨¦mission interdite ;

  • Dans 5 cas, la (les) victime(s) all¨¦gu¨¦es ont pu retrouver une vie normale suite ¨¤ la suppression de menaces ;

  • Dans 16 cas, la (les) victime(s) all¨¦gu¨¦es ont pu b¨¦n¨¦ficier de la modification de certaines lois discriminatoires dans le domaine de l¡¯¨¦ducation envers des minorit¨¦s ethniques ou religieuses ;

  • Dans 12 cas, la (les) victime(s) all¨¦gu¨¦es ont pu b¨¦n¨¦ficier de l¡¯octroi de passeports et/ou de bourses, ou dela d¨¦livrance des dipl?mes ; 

  • Dans 12 cas, la (les) victime(s) all¨¦gu¨¦es ont ¨¦t¨¦ont pu reprendre leurs ¨¦tudes.

Au total, 414 communications ont ¨¦t¨¦ r¨¦gl¨¦es par le Comit¨¦ CR. Les 204 cas restants concernent des communications irrecevables ou dont l¡¯examen est en suspens ou en cours devant le Comit¨¦ CR.