Unité 2 : EMI, participation civique et droit à l’information
Thèmes clés
- Les fonctions des fournisseurs de contenus que sont les bibliothèques, les archives, les musées, les médias, les entreprises de communication numérique, etc.
- Que doivent attendre les citoyens de la part des fournisseurs de contenus ?
- L’EMI et son importance pour la démocratie et une bonne gouvernance
- La liberté d’expression, le droit à l’information, l’indépendance éditoriale des médias, le pluralisme et la diversité des fournisseurs de contenus
Objectifs d’apprentissage
Une fois cette unité terminée, les éducateurs seront capables de :
- comprendre et décrire les fonctions normatives des fournisseurs de contenus qui concernent le droit à l’information et aux données ou l’accès à l’information et au savoir, la liberté d’expression, l’expression personnelle et la participation aux processus démocratiques, et
- identifier les conditions nécessaires pour que les différents fournisseurs de contenus puissent exercer ces fonctions
Rôle normatif du journalisme
Le journalisme et les médias sont importants dans toutes les sociétés. Sans les journalistes et les médias d’information, pas de « fenêtre sur le monde ». Nous n’aurions que peu de moyens de savoir ce qui se passe au sein de nos communautés ou dans le monde au-delà de notre expérience immédiate. Il y a plusieurs éléments clés que les pratiques journalistiques doivent respecter et que les citoyens attendent du journalisme :
- L’organisation des connaissances : faire de l’information chaotique un ensemble organisé et compréhensible et aller au-delà des relations publiques et des positions officielles pour découvrir les intérêts particuliers
- La véracité : dans les médias, les sources d’information doivent être clairement indiquées afin que les citoyens puissent juger de la pertinence, de la fiabilité et des préjugés potentiels ; les questions importantes restées sans réponse doivent être notées dans l’espoir d’un suivi en cas de controverse
- L’intérêt public : dans leur travail, les journalistes peuvent faire beaucoup pour promouvoir l’intérêt public en fournissant aux citoyens les informations dont ils ont besoin pour participer aux affaires publiques
- L’indépendance : il devrait être clair que l’intérêt public pour le débat des citoyens doit faire fi des préjugés personnels ; les commentateurs doivent examiner « les deux faces d’une même pièce » (discuter des idées avec lesquelles ils sont d’accord et de celles avec lesquelles ils ne sont pas d’accord) ; et les journalistes doivent faire preuve d’indépendance dans leur travail
- Un forum pour la critique publique et la résolution de problèmes : les médias d’information doivent offrir plusieurs canaux d’interaction avec le public (courriers,
e-mails, contact téléphonique ou forum public) ; les citoyens s’attendent également à ce que les médias leur donnent accès à l’espace ou au temps d’antenne leur permettant des conversations dans leur propre langue avec leurs concitoyens ; ils s’attendent par ailleurs à ce que la couverture médiatique assure une large représentation de multiples points de vue et valeurs - La responsabilisation : les médias doivent surveiller tous ceux qui exercent le pouvoir, non seulement les gouvernements, mais aussi les organismes publics et privés importants. En demandant des comptes aux détenteurs du pouvoir, les médias peuvent alimenter la réflexion des communautés. Les médias devraient également disposer de systèmes permettant aux journalistes et à leurs mandants de rendre des comptes
- Des informations proportionnelles et pertinentes : les citoyens ont besoin de connaître en temps opportun les questions et tendances importantes ; les articles et reportages ne doivent pas surestimer ou sous-estimer la véritable nature d’une menace ou d’un risque
- L’équilibre entre vie privée et droit de savoir : les citoyens s’attendent à ce que les professionnels des médias équilibrent le droit de savoir du public avec le droit personnel à la vie privée (voir Fackson Banda, UNESCO, 2009).
Droit à l’information ou Accès à l’information
Droit à l’information, liberté d’information et accès à l’information sont souvent utilisés pour désigner la même chose. Certains experts estiment néanmoins que l’accès à l’information est un concept plus général et plus large que les deux autres. Le droit à l’information est essentiel à la fois pour la démocratie et le développement. Les citoyens ont le droit à la liberté d’expression et le droit d’accès à l’information, qui sont des droits humains fondamentaux. L’UNESCO définit la liberté d’information comme le droit d’accès à l’information détenue par des organismes publics ou privés exerçant des fonctions publiques ou d’intérêt public. L’information relevant du domaine public est également la propriété des citoyens. Les fournisseurs de contenus que sont les bibliothèques, les archives, les musées, les médias et les entreprises de communication numérique devraient contribuer à garantir le droit à la liberté d’information pour chaque citoyen.
Le rôle des fournisseurs de contenus évolue avec la propagation rapide des technologies numériques, comme les technologies de l’information et de la communication (TIC), les réseaux sociaux et l’intelligence artificielle. Les TIC donnent presque instantanément accès à l’information et au savoir. Les fournisseurs de contenus, y compris les autorités publiques détenant des dossiers officiels, sont en mesure de fournir de nouveaux services. Ceux-ci offrent de nouvelles possibilités pour répondre efficacement aux besoins des citoyens en matière d’apprentissage, de recherche et de divertissement tout au long de la vie, et pour renforcer les liens entre les communautés. Dans ce contexte, l’accès aux données et aux algorithmes qui organisent les données en informations devient un enjeu important.
Les fournisseurs ont plusieurs fonctions clés, notamment :
- Donner un accès libre aux ressources d’information, sans distinction de race, de genre, de profession ou de religion ; les bibliothèques publiques, en particulier, offrent un accès gratuit
- Protéger la vie privée et la confidentialité des lecteurs en ce qui concerne les contenus consultés sur place ou en ligne
- Fournir un accès à des ressources d’information diverses et plurielles, fondées sur le professionnalisme et sans parti pris politique, religieux ou moral
- Collecter et conserver l’information pour les générations futures
- Contribuer à assurer l’authenticité, la fiabilité et la véracité des informations
- Répondre aux demandes d’informations et de données
- Développer, mettre en œuvre et garantir l’engagement des citoyens à l’égard des politiques relatives au droit à l’information ou à l’accès à l’information
Approches et activités pédagogiques
Pour résumer : comme nous l’avons vu plus haut dans la Partie 1 de ce programme, plusieurs approches pédagogiques sont possibles. Veuillez vous référer à la liste fournie dans la Partie 1 et décider quelle approche appliquer aux activités proposées ci-dessous et aux autres activités que vous pourriez élaborer.
- Guidez les apprenants afin qu’ils déterminent si leur pays de résidence a adopté des lois sur le droit à l’information ou des politiques sur l’accès à l’information. Guidez-les pour qu’ils consultent ces lois ou politiques : dans quelle mesure abordent-elles des questions telles que la santé, l’éducation, l’agriculture, les élections, les entités gouvernementales, le secteur privé et d’autres priorités de développement. En l’absence de textes réglementaires nationaux sur le droit d’accès à l’information, organisez une discussion sur ce qui pourrait être fait pour plaider pacifiquement en faveur de ces lois et politiques. Un bon point de départ serait d’explorer la façon de s’engager avec le ministère chargé des questions liées à l’information, les parlementaires, les autorités gouvernementales locales ou les entités connexes dans le pays.
- Guidez les apprenants afin qu’ils déterminent si les lois existantes sur le droit à l’information dans leur pays prévoient des clauses qui traitent de l’éducation du public aux lois ou politiques sur l’accès à l’information. Ces programmes d’éducation publique sont-ils mis en œuvre ? La promotion de l’EMI est un moyen d’aider les citoyens à mieux comprendre comment utiliser les lois sur l’accès à l’information et en quoi ces lois influent sur leur vie quotidienne. Recherchez des ressources fiables susceptibles de vous aider à enseigner le droit à l’information.
- Divisez les apprenants en trois à cinq groupes. Demandez-leur de choisir un objectif de développement durable (ODD) qui revêt pour eux une importance primordiale. Aidez-les ensuite à se familiariser avec le . Demandez-leur de se concentrer un instant sur la liste officielle des indicateurs et des données recueillies pour rendre compte de la réalisation de ces objectifs. Vous pouvez leur demander de discuter et de dresser une liste de 5 à 10 raisons pour lesquelles le droit à l’information – ou son absence - peut accélérer ou entraver la réalisation des ODD. Ils devraient également répondre à des questions, par exemple sur la manière dont l’EMI peut aider les citoyens à rechercher, comprendre et suivre les progrès des ODD, comme le montrent les données recueillies par le biais de ces indicateurs. Que peuvent-ils faire en tant qu’individus, groupes et communautés pour éduquer leurs pairs sur les ODD et comment l’EMI peut-elle les soutenir dans cette démarche ?
- Organisez une discussion autour du processus de demande d’accès à certains documents. Le processus est généralisé à partir d’un exemple concret observé en Australie () :
- formuler la demande par écrit,
- indiquer en vertu de quelle loi sur l’accès à l’information la demande est formulée,
- être très clair sur le document recherché en fournissant autant d’informations que possible,
- donner un numéro de téléphone de contact et/ou une adresse e-mail,
- indiquer une adresse postale à laquelle la réponse à la demande peut être envoyée.
Certains pays ou autorités proposent un formulaire en ligne à remplir. Faites des recherches en ligne pour vous assurer que les données que vous demandez ne sont pas déjà en ligne dans le cadre de la politique de transparence proactive du gouvernement.
- À l’aide des ressources pertinentes de la bibliothèque et d’Internet, recherchez entre 5 et 10 articles d’actualité de l’année écoulée au niveau national ou mondial. Parmi les attentes énumérées ci-dessus, identifiez celles qui sont satisfaites dans chacun des articles. Quels éléments clés de ces articles en font des exemples efficaces ? Pour tous les articles qui n’ont pas répondu à ces attentes, suggérez des changements qui auraient pu les améliorer.
- Rédigez un court texte défendant l’idée que les lecteurs ont l’obligation d’aborder les actualités avec un esprit ouvert et pas seulement avec le désir que les actualités renforcent leur opinion.
- Sélectionnez la couverture médiatique d’un événement ou d’un sujet local et examinez-la attentivement. Une partie de l’éducation aux médias et à l’information consiste à connaître les critères ci-dessus et à être en mesure de les appliquer à la couverture dont bénéficient différents sujets. Dans quelle mesure les attentes des citoyens ont-elles été satisfaites dans l’exemple local ? Quel impact potentiel cette couverture a-t-elle eu sur la communauté locale ? Dans les cas où les attentes des citoyens n’ont pas été satisfaites, quel recours les citoyens ont-ils eu pour résoudre les problèmes ? Quels rôles l’éducation aux médias et à l’information peut-elle jouer pour soutenir les citoyens ?
- Êtes-vous d’accord pour dire qu’un citoyen bien informé est mieux équipé pour prendre des décisions et participer à une société démocratique ? Pourquoi ? Rédigez un éditorial exprimant votre opinion.
- Débattez des questions suivantes : comment le rôle de l’information est-il perçu et apprécié dans votre société ? Selon vous, quelle est la relation entre information et connaissance, et entre information et pouvoir ?
Liberté d’expression, indépendance éditoriale, pluralisme et diversité
La liberté d’information et d’expression sous-tend l’éducation aux médias et à l’information. Dans ce contexte, l’utilisation du terme liberté d’information renvoie à l’accès à l’information publique. « L’information est essentielle à notre compréhension du monde qui nous entoure, à notre capacité à y trouver un rôle qui ait du sens et à notre capacité à tirer parti des ressources dont nous disposons. Lorsque l’information est concentrée entre les mains de quelques-uns, la capacité du public à prendre des décisions et à évaluer les décisions est très limitée. Des médias éthiques et pluralistes peuvent garantir la transparence, la responsabilisation et la primauté du droit. » (Guide de la liberté d'expression de l’UNESCO). Les médias ¾±²Ô»åé±è±ð²Ô»å²¹²Ô³Ùs tirent leur pouvoir du professionnalisme de leurs reportages sur les communautés qu’ils servent.
Liberté d’expression et liberté de la presse
La liberté d’expression comprend la liberté d’exprimer et d’échanger des points de vue et des opinions sans crainte de menaces ou de mesures punitives. La liberté d’expression est un droit humain fondamental. Le droit à la liberté d’expression protège non seulement la liberté de parole, mais tout acte visant à chercher, recevoir et communiquer des informations ou des idées, quel que soit le support utilisé. La liberté de la presse est un fondement nécessaire de ce droit car elle permet à la libre expression d’être publique et partagée. Elle est donc essentielle à la création et à la défense des communautés et de la société civile. La liberté d’expression peut promouvoir un véritable sentiment d’appartenance à la société en permettant à des individus ordinaires d’examiner et d’exprimer des pensées et des opinions différentes. La liberté d’expression fait partie intégrante de la participation civique et est essentielle à la réflexion critique. Des limites à la liberté d’expression ne sont autorisées que lorsque ces restrictions visent à protéger les libertés d’autrui. Elles doivent alors être nécessaires et proportionnelles. Les limites, telles que des lois interdisant les discours de haine doivent être strictement définies pour éviter les abus. (Tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias).
Pluralisme des médias
Un secteur des médias pluraliste et qui rassemble toutes les plateformes médiatiques (presse écrite, radiotélévision, en ligne), les échelles (nationales, provinciales et communautaires) et les perspectives politiques aide les sociétés à mieux réfléchir sur elles-mêmes. Lorsque les opérations des médias sont réparties entre plusieurs mains, les opinions peu populaires peuvent encore se faire entendre. Un mélange approprié de médias internationaux, nationaux et locaux peut donner aux citoyens les moyens de participer aux processus démocratiques. La diffusion la plus large possible d’informations provenant de sources diverses et antagonistes contribue au bien-être des citoyens. Alors que les journaux et diffuseurs ¾±²Ô»åé±è±ð²Ô»å²¹²Ô³Ùs critiquent généralement leurs contenus réciproques, la concentration des médias entre les mains d’un seul groupe est loin de permettre cette démarche critique mutuelle et pourrait conduire à la « captivité des médias » à des fins de propagande. Le pluralisme des médias signifie également la reconnaissance des médias publics, privés et communautaires. Les médias publics ont besoin d’informations et de points de vue équilibrés ; les médias privés peuvent pencher dans des directions partisanes ; les médias communautaires devraient donner la parole au public.
Indépendance éditoriale
L’indépendance éditoriale correspond à la liberté professionnelle confiée aux rédacteurs en chef pour prendre des décisions éditoriales, sans ingérence des propriétaires des médias ou de tout autre acteur, étatique ou non. L’indépendance éditoriale est mise à l’épreuve, par exemple, lorsqu’un organe de presse produit des articles qui peuvent être impopulaires auprès de ses propriétaires ou annonceurs. L’indépendance ne donne pas le droit de faire n’importe quoi : elle devrait être façonnée positivement par le respect de l’éthique et des normes du journalisme professionnel. Cela suppose d’éviter ou de repousser toute influence susceptible de compromettre des pratiques telles que la vérification avant publication, la divulgation d’intérêts, la recherche de l’intérêt public plutôt que des intérêts privés ou gratuits, etc.
Approches et activités pédagogiques
Pour résumer : comme nous l’avons vu plus haut dans la Partie 1 de ce programme, plusieurs approches pédagogiques sont possibles. Veuillez vous référer à la liste fournie dans la Partie 1 et décider quelle approche appliquer aux activités proposées ci-dessous et aux autres activités que vous pourriez élaborer.
- En utilisant Internet et les ressources de bibliothèques, recherchez qui possède et qui contrôle les principales entreprises de médias privées et publiques actuelles, et renseignez-vous sur la façon dont les autorités répartissent leurs dépenses publicitaires entre différents médias. Répertoriez leurs principales participations. Quel impact cette répartition et ce contrôle peuvent-ils avoir sur l’accès, le choix et la liberté d’expression ? Recherchez les lois promulguées dans votre pays ou communauté pour réglementer la propriété et le contrôle des médias.
- Voir les Modules 11 et 13 pour des activités connexes sur la propriété et l’utilisation de l’IA, les réseaux sociaux et l’éthique en la matière.
- Évaluez le rôle des médias alternatifs ou ¾±²Ô»åé±è±ð²Ô»å²¹²Ô³Ùs au sein de votre communauté. Sélectionnez un exemple et décrivez les principaux éléments qui en font un média ¾±²Ô»åé±è±ð²Ô»å²¹²Ô³Ù. De quelles façons permet-il aux citoyens de participer au processus démocratique ? En quoi est-il différent des médias traditionnels ?
- Évaluez l’état des médias communautaires dans votre pays. Les communautés sont-elles vraiment impliquées dans la gouvernance et la programmation ? Le média est-il un forum pour la communauté locale ou les communautés d’intérêt ? Le média collabore-t-il indifféremment avec des points de vente commerciaux ou publics, ou fait-il la distinction ?
- Effectuez une recherche sur les activités d’organisations qui font la promotion de la liberté d’expression ou protègent les journalistes, comme Article 19, le Comité pour la protection des journalistes, Reporters Sans Frontières ou d’autres ONG régionales et nationales. Intéressez-vous au travail des journalistes soutenus par ces organisations et identifiez les éléments clés qui justifient ce soutien.
- Expliquez pourquoi le gouvernement et les propriétaires de médias privés devraient respecter le droit des médias à l’indépendance éditoriale et devraient notamment s’abstenir de faire pression sur les médias en ce qui concerne leur couverture de l’actualité.
- Ouvrez la discussion sur d’autres influences potentielles sur l’indépendance éditoriale et suggérez des moyens d’éviter ce genre d’influence indue.
- Discutez de ce que l’on entend par une loi étroitement définie en vertu de laquelle les citoyens sont clairement en mesure de savoir à quel moment ils en dépendent, à la différence de lois vagues et vastes qui permettent une interprétation sélective.
Évaluation et recommandations
- Examens écrits
- Dissertations, documents de réflexion sur des conférences, études de cas, exposés/présentations audiovisuelles
- Participation à des activités d’apprentissage en groupe
- Production de matériel d’information-éducation-communication (affiches, brochures, infographies, cartes de réseaux sociaux, vlogs, etc.)
- Documents de recherche
- ·¡²Ô±ç³Üê³Ù±ð²õ/°ù²¹±è±è´Ç°ù³Ù²õ