?uvrer en faveur d¡¯une renaissance africaine ¨¤ travers la culture et l¡¯histoire
Dans le folklore ouest-africain, Anansi ¨¦tait un charmant farceur ayant l¡¯apparence d¡¯une araign¨¦e. Il s¡¯aper?ut que les ¨ºtres humains ¨¦taient tristes, car ils n¡¯avaient aucune raison d¡¯esp¨¦rer ni d¡¯envisager un avenir radieux. Il se souvint alors que Nyame, le dieu du ciel, poss¨¦dait des choses magiques appel¨¦es histoires. Ces histoires pourraient rendre les humains heureux, pensa Anansi.
Il rendit visite ¨¤ Nyame et demanda ¨¤ lui acheter ses histoires. Cependant, le dieu du ciel lui r¨¦pondit qu¡¯elles n¡¯¨¦taient pas ¨¤ vendre. ??Je ne les vendrai pour rien au monde, except¨¦ pour Onini le python meurtrier, Osebo l¡¯insaisissable l¨¦opard, Mmoatia la f¨¦e malicieuse et Mmoboro, l¡¯essaim de frelons mortels??, dit Nyame. Cette mission relevait de l¡¯exploit, mais pas pour Anansi, qui parvint ¨¤ capturer ces quatre cibles hors d¡¯atteinte en usant de son g¨¦nie. Lorsqu¡¯il les livra ¨¤ Nyame, ce dernier ne fut pas satisfait. Toutefois, ayant conclu un march¨¦ avec Anansi, il se devait d¡¯honorer sa promesse.
??Rapporte ces histoires sur terre et donne-les aux humains, dit Nyame. Ils te seront ¨¦ternellement reconnaissants. D¡¯ailleurs, ils baptiseront tous les grands contes, ¡°histoires d¡¯araign¨¦es¡± en ton honneur.??
Ainsi, Anansi le farceur devint le dieu qui connaissait toutes les histoires. Le mythe d¡¯Anansi illustre la n¨¦cessit¨¦ pour chaque soci¨¦t¨¦ de cr¨¦er et de partager des histoires.
Netflix et l¡¯UNESCO se sont associ¨¦s afin de lancer un concours de courts m¨¦trages innovant sur le th¨¨me ??Contes populaires africains revisit¨¦s??, dans toute l¡¯Afrique subsaharienne. Les laur¨¦ats du concours seront form¨¦s et suivis par des professionnels du milieu et recevront un budget de production de 75?000 dollars afin de r¨¦aliser des courts m¨¦trages qui seront diffus¨¦s pour la premi¨¨re fois sur Netflix en 2022, sous la forme d¡¯une Anthologie des contes populaires africains. L¡¯un des principaux objectifs de ce concours est de d¨¦couvrir de nouvelles voix et de donner une visibilit¨¦ internationale aux jeunes r¨¦alisateurs d¡¯Afrique subsaharienne.
De contes d¡¯araign¨¦es ¨¤ l¡¯histoire de l¡¯Afrique
Les r¨¦cits tels que ceux partag¨¦s par Anansi sont au c?ur de la vie humaine depuis des milliers d¡¯ann¨¦es, telle une sorte de jeu cognitif qui stimule l¡¯esprit humain, nous permettant de comprendre les ph¨¦nom¨¨nes naturels et sociaux, et d¡¯imaginer diff¨¦rentes strat¨¦gies pour vivre dans un monde complexe. On pourrait supposer que plus nous collectons et partageons ces histoires, plus nous serons capables de nous comprendre, et de comprendre les autres, le monde qui nous entoure, les valeurs et traditions respectives et communes. Le travail de l¡¯UNESCO, r¨¦alis¨¦ au cours des derni¨¨res d¨¦cennies afin de documenter, collecter et ¨¦crire ces r¨¦cits provenant du monde entier, ne constitue pas seulement un effort indispensable pour prot¨¦ger et pr¨¦server un patrimoine pr¨¦cieux, mais ¨¦galement un effort visant ¨¤ d¨¦velopper la connaissance du monde ainsi que notre capacit¨¦ collective ¨¤ nous comprendre.
Les contes d¡¯araign¨¦es sont r¨¦pandus en Afrique de l¡¯Ouest, toutefois les contes ghan¨¦ens d¡¯Anansi figurent parmi les plus connus, en langue akan le nom Anansi provient du mot ??araign¨¦e??.
Aujourd¡¯hui, Anansi symbolise la sagesse, la cr¨¦ativit¨¦ et la complexit¨¦ de l¡¯ensemble du continent africain. Les traditions orales ¡ª messages, chansons, fables et proverbes ¡ª se transmettent d¡¯une g¨¦n¨¦ration ¨¤ l¡¯autre sans ¨¦crit, permettant aux populations de donner un sens au monde qui les entoure et leur enseignant des aspects essentiels de leur culture.
? l¡¯instar des contes d¡¯Anansi, racont¨¦s depuis la nuit des temps, l¡¯histoire du continent africain s¡¯est transmise oralement de g¨¦n¨¦ration en g¨¦n¨¦ration. Bien qu¡¯il existe des ¨¦crits historiques en Afrique de l¡¯Ouest depuis de nombreux si¨¨cles, la majorit¨¦ des populations du continent ¨¦tait incapable de les lire. La tradition orale permettait aux Africains de partager leur histoire commune, qu¡¯ils soient originaires du nord ou du sud du continent, cependant les Europ¨¦ens consid¨¦raient que ce dernier n¡¯avait pas d¡¯histoire, car ils ¨¦taient incapables de la lire et de la comprendre. Ainsi, l¡¯histoire de l¡¯Afrique qui a ¨¦t¨¦ partag¨¦e avec le reste du monde a commenc¨¦ avec le r¨¦cit du colonialisme et celui des Europ¨¦ens en Afrique.
D¨¦coloniser l¡¯histoire africaine
Au d¨¦but des ann¨¦es 60, alors que l¡¯Afrique entrait dans une phase de d¨¦colonisation rapide, les intellectuels et les dirigeants des pays nouvellement ind¨¦pendants se sont efforc¨¦s de lib¨¦rer leur histoire ainsi que celle de leur nation. Afin de mettre un terme ¨¤ la m¨¦connaissance g¨¦n¨¦rale de l¡¯histoire africaine, l¡¯UNESCO a lanc¨¦ ? l¡¯Histoire g¨¦n¨¦rale de l¡¯Afrique ? en 1964. L¡¯Organisation a invit¨¦ les intellectuels africains ¨¤ ¨¦crire, pour la toute premi¨¨re fois, l¡¯histoire de leur continent en ayant recours ¨¤ des sources souvent ignor¨¦es par les historiens occidentaux, telles que le folklore, les traditions et la culture, afin de fournir une perspective africaine, d¨¦pourvue des biais raciaux ¨¦manant de la traite des esclaves et de l¡¯intervention europ¨¦enne.
Ce projet ambitieux, cens¨¦ renouveler les approches scientifiques de l¡¯histoire de l¡¯Afrique, a eu d¡¯immenses r¨¦percussions sur l¡¯histoire du monde, et a offert une nouvelle perspective globale sur l¡¯histoire de tous les continents. Il a plac¨¦ l¡¯Afrique au c?ur de l¡¯histoire de l¡¯humanit¨¦. Pour la premi¨¨re fois, on tentait de d¨¦passer les fronti¨¨res des r¨¦cits nationaux afin de construire une v¨¦ritable ??histoire g¨¦n¨¦rale??, soulignant les points communs entre les peuples et les cultures, r¨¦v¨¦lant les tendances et les ¨¦changes au fil des si¨¨cles au-del¨¤ des fronti¨¨res nationales, et mettant en valeur les identit¨¦s comme jamais auparavant.
Le continent africain poss¨¨de la plus longue histoire du monde : c¡¯est le berceau de l¡¯humanit¨¦. Au XIXe si¨¨cle, Charles Darwin a ¨¦t¨¦ le premier ¨¤ avancer que l¡¯anc¨ºtre commun des ¨ºtres humains ¨¦tait tr¨¨s probablement africain, une id¨¦e qui en a alarm¨¦ plus d¡¯un ¨¤ l¡¯¨¦poque. ??Le fait que nous puissions avoir ¨¦volu¨¦ en Afrique constituait un anath¨¨me pour beaucoup, qui ¨¦taient incapables de croire que les populations du nord, d¡¯un blanc pur, aux yeux bleus et aux cheveux de lin, aient pu ¨ºtre originaires du ¡°continent noir¡±. Pourtant, tous les ¨¦v¨¦nements majeurs li¨¦s ¨¤ notre histoire remontent ¨¤ l¡¯Afrique??, explique le pal¨¦ontologue kenyan, , l¡¯un des premiers contributeurs au projet de l¡¯Histoire g¨¦n¨¦rale de l¡¯Afrique. ??Nous sommes un animal africain, une esp¨¨ce africaine qui a colonis¨¦ et recolonis¨¦ le monde ¨¤ diff¨¦rentes ¨¦poques et de diff¨¦rentes mani¨¨res. Aujourd¡¯hui, aucun ¨ºtre humain ne peut affirmer que l¡¯Afrique n¡¯est pas sa m¨¨re patrie??.
L¡¯Histoire g¨¦n¨¦rale de l¡¯Afrique
L¡¯Histoire g¨¦n¨¦rale de l¡¯Afrique (HGA) est un projet pr¨¦curseur, in¨¦dit, ayant pour ambition de couvrir l¡¯histoire de l¡¯ensemble du continent africain, depuis le d¨¦but de l¡¯humanit¨¦ jusqu¡¯aux d¨¦fis contemporains auxquels sont confront¨¦s les Africains et leurs diasporas ¨¤ travers le monde. Une histoire qui r¨¦v¨¨le au grand jour la p¨¦riode pr¨¦coloniale et entrem¨ºle le destin de l¡¯Afrique ¨¤ celui de l¡¯humanit¨¦ en mettant en lumi¨¨re son lien avec les autres continents et la contribution des cultures africaines au progr¨¨s g¨¦n¨¦ral de l¡¯humanit¨¦. Ces derni¨¨res ann¨¦es, l¡¯UNESCO a entam¨¦ la pr¨¦paration et la r¨¦daction de trois nouveaux volumes de l¡¯HGA (volumes IX ¨¤ XI).
Partant de l¡¯exemple de l¡¯Afrique, l¡¯UNESCO a dirig¨¦ d¡¯autres vastes projets d¡¯histoires ¨¤ l¡¯¨¦chelle r¨¦gionale, telles que l¡¯Histoire g¨¦n¨¦rale de l¡¯Am¨¦rique latine, des Cara?bes, l¡¯Histoire des civilisations de l¡¯Asie centrale, les diff¨¦rents aspects de la culture islamique ainsi que l¡¯Histoire de l¡¯humanit¨¦. Ces volumes et leurs milliers de pages, r¨¦dig¨¦s bien avant la naissance de plateformes en ligne telles que Wikip¨¦dia, repr¨¦sentent l¡¯une des entreprises scientifiques les plus ambitieuses visant ¨¤ construire une compr¨¦hension commune de l¡¯histoire humaine que nous partageons. L¡¯Histoire g¨¦n¨¦rale de l¡¯Afrique a depuis chang¨¦ la perspective mondiale sur la fa?on dont l¡¯histoire est ¨¦crite et constitue un changement d¡¯¨¦chelle historiographique que ??l¡¯histoire mondiale?? moderne et les ??histoires connect¨¦es?? contemporaines continuent d¡¯explorer.
Les histoires g¨¦n¨¦rales et r¨¦gionales
L¡¯Histoire g¨¦n¨¦rale de l¡¯Afrique en vid¨¦o
L¡¯Histoire g¨¦n¨¦rale de l¡¯Afrique (HGA) lanc¨¦e par l¡¯UNESCO en 1964 est entr¨¦e dans une nouvelle phase avec une s¨¦rie documentaire en neuf parties, r¨¦alis¨¦e par la journaliste et productrice de la BBC, Zeinab Badawi. Cette derni¨¨re a voyag¨¦ aux quatre coins de l¡¯Afrique, interrogeant des historiens, des arch¨¦ologues et des citoyens africains dont les t¨¦moignages et les histoires d¨¦peignent un tableau aux couleurs vives du pass¨¦ de leur continent et de son influence sur leur vie actuelle.
BBC World News :
Pourquoi avons-nous besoin d¡¯histoires?? L¡¯art traditionnel oral et les valeurs humaines
Enseigner l¡¯Histoire g¨¦n¨¦rale de l¡¯Afrique
En mars 2009, l¡¯UNESCO a lanc¨¦ ??l¡¯Utilisation p¨¦dagogique de l¡¯Histoire g¨¦n¨¦rale de l¡¯Afrique?? pour r¨¦pondre aux demandes formul¨¦es par les pays africains, concernant l¡¯adaptation du contenu des volumes de l¡¯Histoire g¨¦n¨¦rale de l¡¯Afrique ¨¤ l¡¯enseignement scolaire. Pour ce faire, l¡¯UNESCO a ¨¦labor¨¦ du contenu p¨¦dagogique ¨¤ enseigner aux enfants des ¨¦coles primaires et secondaires africaines afin d¡¯am¨¦liorer les connaissances des ¨¦l¨¨ves et ¨¦tudiants africains sur la mani¨¨re dont les soci¨¦t¨¦s africaines ont ¨¦volu¨¦ ¨¤ travers le temps et l¡¯espace et sur l¡¯impact de ces changements sur le pr¨¦sent et l¡¯avenir.
C¨¦l¨¦brer une culture commune : du nord au sud, de l¡¯ouest ¨¤ l¡¯est
Il existe une expression commune ¨¤ de nombreuses langues d¡¯Afrique australe : ??Umuntu ngumuntu ngabantu??, qui signifie litt¨¦ralement ??une personne est une personne ¨¤ travers d¡¯autres personnes??.
Dans la culture africaine, le ??soi?? n¡¯est pas s¨¦par¨¦ du monde, au contraire, il ne fait qu¡¯un avec l¡¯environnement naturel et social. Bien qu¡¯il existe diff¨¦rentes ethnies et nationalit¨¦s ¡ª chacune ayant sa propre langue, gastronomie et ses propres expressions artistiques ¡ª tous les Africains partagent une culture commune. Cette sagesse africaine fait ¨¦cho ¨¤ la c¨¦l¨¨bre citation de John Donne ??aucun homme n¡¯est une ?le?? (??no man is an island??), qui rappelle que les ¨ºtres humains se portent mal lorsqu¡¯ils sont isol¨¦s des autres et qu¡¯ils ont besoin de faire partie d¡¯une communaut¨¦ pour s¡¯¨¦panouir.
La fin de la colonisation au d¨¦but des ann¨¦es 60 n¡¯a pas ¨¦t¨¦ gage d¡¯une paix durable sur le continent.
Au contraire, des ¨¦v¨¦nements politiques violents, enracin¨¦s dans des conflits ethniques, frappent l¡¯Afrique subsaharienne depuis les ind¨¦pendances, engendrant des millions de morts et freinant le d¨¦veloppement ¨¦conomique.
Pour garantir la paix sur le continent, les communaut¨¦s r¨¦gionales ont compris qu¡¯elles devaient consolider leurs liens et interagir les unes avec les autres, en c¨¦l¨¦brant leur culture commune.
?Puisons ensemble dans nos valeurs, nos traditions, notre culture afin de trouver le chemin de la prosp¨¦rit¨¦ et de la paix.?
Construire la paix en Afrique
Tous les deux ans, Luanda, capitale angolaise, se transforme en un centre mondial pour la paix en Afrique, car la ville accueille le ? Forum panafricain pour la culture de la paix ?, ¨¦galement connu sous le nom de Biennale de Luanda. Plus de 60 pays sont repr¨¦sent¨¦s, attirant des repr¨¦sentants de gouvernements, des organisations internationales, des ONG et des artistes. Ils partagent des id¨¦es, concluent de nouveaux partenariats et prennent part ¨¤ des ¨¦v¨¦nements culturels, avec pour seul objectif commun : renforcer la culture de la paix sur le continent.
La Biennale est le fruit des efforts conjoints du gouvernement angolais, de l¡¯Union africaine et de l¡¯UNESCO. Elle est organis¨¦e pour venir ¨¤ bout des diff¨¦rents obstacles ¨¤ la croissance et ¨¤ la prosp¨¦rit¨¦ de l¡¯Afrique.
Elle constitue ¨¦galement une plateforme de choix permettant de faire un ¨¦tat des lieux et d¡¯encourager certaines des initiatives les plus importantes de l¡¯UNESCO en faveur de l¡¯¨¦ducation, de la science, de la libert¨¦ de la presse et de l¡¯¨¦galit¨¦ des genres sur tout le continent. Selon les donn¨¦es de l¡¯Institut de statistique de l¡¯UNESCO (ISU), au moins la moiti¨¦ des jeunes ?g¨¦s de 15 ¨¤ 17 ans en Afrique subsaharienne n¡¯¨¦tait pas scolaris¨¦e avant la pand¨¦mie de COVID-19, et la situation n¡¯a fait qu¡¯empirer. Il s¡¯agit de la proportion la plus ¨¦lev¨¦e de toutes les r¨¦gions du monde. Plus de la moiti¨¦ de ceux qui devraient, ¨¤ l¡¯heure actuelle, peaufiner les comp¨¦tences dont ils ont besoin pour le march¨¦ du travail ou pour acc¨¦der ¨¤ l¡¯enseignement sup¨¦rieur ne sont m¨ºme pas scolaris¨¦s. ? titre d¡¯exemple d¡¯action concr¨¨te, la Coalition mondiale pour l¡¯¨¦ducation de l¡¯UNESCO a fourni un acc¨¨s gratuit ¨¤ internet au S¨¦n¨¦gal et dans d¡¯autres pays africains afin de faciliter l¡¯apprentissage ¨¤ distance imm¨¦diat d¡¯un demi-million d¡¯apprenants, l¡¯objectif ¨¦tant d¡¯en inscrire 3,5 millions suppl¨¦mentaires au programme.
Le forum des partenaires de la Biennale de Luanda se concentre sur la mani¨¨re de construire des partenariats innovants en faveur d¡¯une d¨¦mocratie et d¡¯une paix inclusives ¨¤ travers les pays africains. Il rassemble des organisations internationales, le secteur financier priv¨¦, des fondations et des m¨¦dias ainsi que la soci¨¦t¨¦ civile, des artistes et des entrepreneurs culturels.
Ce forum d¡¯id¨¦es offre une plateforme de dialogue portant sur l¡¯avenir de l¡¯Afrique, et met l¡¯accent sur les solutions permettant de pr¨¦venir et de r¨¦soudre les conflits ¨¤ l¡¯aide de la culture, de l¡¯¨¦ducation et de la presse libre. Il aborde la protection des personnes d¨¦plac¨¦es et des migrants, la contribution de la diaspora africaine et la gestion concert¨¦e des ressources naturelles du continent.
Le forum des femmes se concentre sur les moyens de mettre fin ¨¤ toutes les formes de violence ¨¤ l'¨¦gard des femmes et sur le r?le des r¨¦seaux de femmes pour instaurer la paix en Afrique. ??Je pense qu¡¯il est important pour nous, en tant que continent, de nous r¨¦unir et d¡¯avoir une discussion sur les voies que nous souhaitons emprunter et sur la mani¨¨re dont nous allons y parvenir, a d¨¦clar¨¦ Xoliswa Phenya, Directrice adjointe du d¨¦veloppement de l¡¯artisanat aupr¨¨s du Minist¨¨re sud-africain des Arts et de la Culture. Nos dirigeants ont ¨¦voqu¨¦ la renaissance africaine. Il est peut-¨ºtre temps que les jeunes g¨¦n¨¦rations entrent en sc¨¨ne afin de faire de ce r¨ºve une r¨¦alit¨¦.??
ISU
Institut de statistique de l¡¯UNESCO ¡ª enseignement primaire et secondaire
La Coalition mondiale pour l¡¯¨¦ducation
Quand l¡¯histoire africaine permet de comprendre les soci¨¦t¨¦s d¡¯aujourd¡¯hui
L¡¯araign¨¦e Anansi est devenue le symbole de la finesse et de la sagesse africaines en mati¨¨re d¡¯expression et ses histoires ont surv¨¦cu gr?ce ¨¤ la tradition orale. Elles ont ¨¦galement voyag¨¦ ¨¤ travers le monde entier. Cette m¨ºme tradition orale a diffus¨¦ les contes d¡¯Anansi dans le reste du monde, en particulier dans les Cara?bes, par le biais des populations r¨¦duites en esclavage pendant la colonisation de l¡¯Afrique.
Pour les Africains r¨¦duits en esclavage et leurs descendants, Anansi est devenu un symbole de r¨¦silience et de survie. Les contes relatant l¡¯ing¨¦niosit¨¦ et la fourberie de l¡¯araign¨¦e ont aid¨¦ les esclaves ¨¤ survivre ¨¤ l¡¯¨¦preuve de la captivit¨¦, ¨¤ perp¨¦tuer le lien avec leur pass¨¦ africain et ¨¤ affirmer leur identit¨¦.
Aujourd¡¯hui, pr¨¨s de 200 millions de personnes ¨¤ travers le continent am¨¦ricain se consid¨¨rent d¡¯origine africaine. Plusieurs millions suppl¨¦mentaires vivent dans d¡¯autres r¨¦gions du monde, hors du continent africain. La compr¨¦hension de ces liens historiques et culturels est une condition pr¨¦alable pour relever les d¨¦fis contemporains de la coh¨¦sion sociale et des nombreuses formes d¡¯appartenance culturelle dans les soci¨¦t¨¦s multiculturelles modernes. C¡¯est ¨¦galement l¡¯occasion pour tous les pays dont la population est compos¨¦e de millions de citoyens d¡¯ascendance africaine, d¡¯encourager le dialogue international et de tisser des liens avec d¡¯autres soci¨¦t¨¦s ¨¤ travers le monde. Les citoyens d¡¯origine africaine repr¨¦sentent souvent certains des groupes les plus d¨¦favoris¨¦s et les plus marginalis¨¦s, ayant un acc¨¨s limit¨¦ ¨¤ une ¨¦ducation de qualit¨¦, aux services de sant¨¦, au logement et ¨¤ la s¨¦curit¨¦ sociale. Comprendre le pass¨¦ constitue peut-¨ºtre l¡¯une des conditions permettant de briser le cercle vicieux et l¡¯h¨¦ritage du racisme, de la discrimination et de l¡¯exclusion.
Durant la traite transatlantique, quelque quatre millions d¡¯esclaves ont ¨¦t¨¦ amen¨¦s sur les c?tes am¨¦ricaines de Salvador de Bahia, dans l¡¯actuel Br¨¦sil, dans le but de travailler dans des plantations de sucre. Certains esclaves sont parvenus ¨¤ s¡¯¨¦chapper et ¨¤ s¡¯installer sur des terres libres. Parmi eux, les anc¨ºtres de Sandra de Santos, qui ont cr¨¦¨¦ la communaut¨¦ agricole, Quilombo do Dand¨¢, il y a 250 ans. Pourtant, Sandra a d? se battre pour conserver les terres sur lesquelles sa famille vivait depuis des g¨¦n¨¦rations.
??Des tracteurs sont venus d¨¦truire nos cultures. Il y avait des conflits. Du jour au lendemain toutes nos plantations ont ¨¦t¨¦ d¨¦truites??, raconte-t-elle. Apr¨¨s des mois de bataille juridique, elle a ¨¦t¨¦ autoris¨¦e ¨¤ rester sur ses terres.
Afin d¡¯aider les descendants d¡¯esclaves africains et les personnes d¡¯origine africaine, l¡¯UNESCO a soutenu la D¨¦cennie internationale des personnes d¡¯ascendance africaine. Lanc¨¦e en janvier 2015, elle se poursuivra jusqu¡¯en d¨¦cembre 2024. Cette d¨¦cennie a pour objectif de c¨¦l¨¦brer l¡¯importance et les contributions des populations d¡¯origine africaine ¨¤ travers le monde, de faire progresser les politiques d¡¯inclusion et de justice sociale, d¡¯¨¦radiquer le racisme et l¡¯intol¨¦rance, de promouvoir les droits de l¡¯homme et de cr¨¦er des communaut¨¦s plus prosp¨¨res conform¨¦ment aux objectifs de d¨¦veloppement durable des Nations Unies.
Objectifs de d¨¦veloppement durable des Nations Unies
La culture et l¡¯art africains ¨¤ travers le monde
?g¨¦e de 19 ans et originaire de la R¨¦publique dominicaine, Eveline Murmann fait partie des jeunes militants afrodescendants qui se battent chaque jour pour la reconnaissance de leurs racines et la fin des discriminations, banalis¨¦es dans les ¨¦changes quotidiens : ??les cheveux raides sont plus formels?? et ??la peau p?le est plus jolie??. D¡¯autres emploient des expressions artistiques comme les chansons, le rap, la po¨¦sie et la danse pour raconter leurs histoires, comme le faisaient leurs anc¨ºtres avec les contes d¡¯Anansi.
??C¡¯est le point de d¨¦part pour mettre fin ¨¤ la structure du racisme qui impr¨¨gne notre soci¨¦t¨¦. ?tre afrodescendant implique d¡¯accepter nos origines, d¡¯aimer notre culture et de prendre part ¨¤ notre histoire??, affirme-t-elle. Cela signifie ¨ºtre fier de cette belle peau et de ces cheveux si pleins de libert¨¦. C¡¯est reconna?tre notre valeur et mettre en lumi¨¨re notre contribution au d¨¦veloppement des soci¨¦t¨¦s. See us?! Hear us?! Count us in! ? [Regardez-nous?! Entendez-nous?! Incluez-nous?!]
See us, Hear us, Count us in [Regardez-nous, entendez-nous, incluez-nous?!]:
C¨¦l¨¦bration de la premi¨¨re partie de la mise en ?uvre de la D¨¦cennie internationale des personnes d¡¯ascendance africaine (2014-2025) : spectacles musicaux, mini-documentaire produit en Am¨¦rique latine, conversations avec des experts et des voix inspirantes de jeunes d¡¯ascendance africaine venus du monde entier partageant leurs t¨¦moignages, leurs espoirs et leurs r¨ºves par la danse, la po¨¦sie, le chant, le rap, le slam et d¡¯autres expressions cr¨¦atives.
En effet, les voix de la diaspora africaine et de ses jeunes repr¨¦sentants sont devenues suffisamment fortes pour ¨ºtre entendues dans le monde entier. Comme celle de Mohamed Mbougar Sarr, auteur s¨¦n¨¦galais de 31 ans, qui a remport¨¦ ces derni¨¨res ann¨¦es de nombreux prix litt¨¦raires pour des ouvrages sur des th¨¨mes contemporains tels que le racisme, la discrimination et les relations de l¡¯Afrique avec l¡¯Europe. Gr?ce ¨¤ son dernier roman, La plus secr¨¨te m¨¦moire des hommes, il est devenu le premier auteur d¡¯Afrique subsaharienne ¨¤ recevoir le prix litt¨¦raire fran?ais le plus prestigieux, le prix Goncourt, et l¡¯un des plus jeunes laur¨¦ats de tous les temps.
Tout comme l¡¯histoire africaine, la litt¨¦rature africaine n¡¯a jamais cess¨¦ de vivre. La reconnaissance croissante de ses auteurs est une premi¨¨re ¨¦tape importante vers la red¨¦finition du rapport de l¡¯Afrique au monde. Les formes de reconnaissance de l¡¯UNESCO telles que la Journ¨¦e internationale du jazz ou l¡¯inscription de la font partie des nombreuses initiatives r¨¦cemment prises pour mettre en lumi¨¨re et faire comprendre l¡¯importance des artistes et cr¨¦ateurs d¡¯origine africaine. En alliant la tradition musicale de leurs anc¨ºtres aux arrangements et improvisations, les artistes d¡¯ascendance africaine ont cr¨¦¨¦ de nouveaux codes musicaux, qui ont conduit ¨¤ la naissance du blues sur les rives du delta du Mississippi et du jazz ¨¤ La Nouvelle-Orl¨¦ans. Les chanteurs et les danseurs de rumba congolaise ont ¨¦galement ¨¦t¨¦ en premi¨¨re ligne de toutes les luttes et de toutes les aspirations ¨¤ l¡¯ind¨¦pendance du Congo.
S¡¯attacher ¨¤ l¡¯Afrique, c¡¯est am¨¦liorer notre monde. Reconna?tre et partager les nombreuses ramifications de l¡¯histoire africaine nous aide ¨¤ comprendre les soci¨¦t¨¦s d¡¯aujourd¡¯hui et ¨¤ vivre ensemble. C¡¯est l¡¯¨¦l¨¦ment moteur de l¡¯engagement de l¡¯UNESCO en faveur de la Priorit¨¦ Afrique, et la raison de croire que la culture africaine est un acc¨¦l¨¦rateur de compr¨¦hension mutuelle, de cr¨¦ativit¨¦ et d¡¯innovation, nous permettant d¡¯exploiter le champ des possibles. C¡¯est ainsi que l¡¯UNESCO tient la promesse d¡¯Anansi et ¨¦crit le prochain chapitre de l¡¯histoire de l¡¯araign¨¦e.
L¡¯UNESCO et ses partenaires de d¨¦veloppement suivent attentivement 54 pays africains, ¨¤ l¡¯aide d¡¯une strat¨¦gie plus forte et mieux cibl¨¦e. La renaissance africaine est en marche : l¡¯adoption de l¡¯Agenda 2063 de l¡¯Union africaine et de l¡¯Agenda 2030 pour le d¨¦veloppement durable pr¨¦parent le terrain pour l¡¯action de la Communaut¨¦ ¨¦conomique africaine.
Le patrimoine africain
L¡¯UNESCO est fermement convaincue que la paix et le d¨¦veloppement durables sont intrins¨¨quement li¨¦s aux capacit¨¦s et comp¨¦tences des individus ainsi qu¡¯¨¤ leur dignit¨¦ et leurs droits. Il s¡¯agit de tirer parti de cet ¨¦lan en renfor?ant les atouts de l¡¯Afrique, dont le patrimoine repr¨¦sente une source de cr¨¦ativit¨¦ prodigieuse. La richesse du patrimoine du continent incite ¨¤ le sauvegarder pour les g¨¦n¨¦rations futures. Bien que l¡¯Afrique soit sous-repr¨¦sent¨¦e sur la avec seulement 12 % des sites inscrits ¨¤ travers le monde, pr¨¨s de la moiti¨¦ de ces sites figure sur la liste du patrimoine mondial en p¨¦ril.
Agenda 2063 : l¡¯Afrique que nous voulons
est le sch¨¦ma et le plan directeur de l¡¯Afrique visant ¨¤ transformer l¡¯Afrique en puissance mondiale de l¡¯avenir. C¡¯est le cadre strat¨¦gique du continent qui vise ¨¤ atteindre son objectif de d¨¦veloppement inclusif et durable. Il s¡¯agit d¡¯une manifestation concr¨¨te de la volont¨¦ panafricaine d¡¯union, d¡¯autod¨¦termination, de libert¨¦, de progr¨¨s et de prosp¨¦rit¨¦ collective poursuivie dans le cadre du panafricanisme et de la renaissance africaine.
Le Projet de patrimoine cin¨¦matographique africain (AFHP)
est un projet ¨¤ long terme men¨¦ en partenariat avec la Film Foundation, pr¨¦sid¨¦e par Martin Scorsese, et la F¨¦d¨¦ration panafricaine des cin¨¦astes (FEPACI) afin de contribuer ¨¤ la localisation, la restauration et la pr¨¦servation des films r¨¦alis¨¦s sur le continent africain. Il identifiera 50 films ayant une importance historique, artistique et culturelle et entreprendra par la suite le processus de restauration. L¡¯UNESCO envisage d¡¯inscrire ces films sur le registre ??M¨¦moire du monde??.