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Patrimoine culturel : 7 sites pr¨¦serv¨¦s avec succ¨¨s par l¡¯UNESCO

Comment prot¨¦ger le patrimoine culturel ? De la sauvegarde de sites du patrimoine mondial ¨¤ la reconnaissance du patrimoine immat¨¦riel en passant par le soutien ¨¤ l¡¯¨¦conomie cr¨¦ative.
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Derni¨¨re mise ¨¤ jour31 mai 2022

Le pouvoir de la pr¨¦servation du patrimoine culturel au service de la cr¨¦ation d¡¯un monde meilleur

Pourquoi nous donnons-nous tant de mal pour pr¨¦server et encourager la culture ? La culture constitue une ressource n¨¦cessaire ¨¤ l¡¯identit¨¦ et la coh¨¦sion des communaut¨¦s. Dans le monde interconnect¨¦ d¡¯aujourd¡¯hui, il s¡¯agit ¨¦galement d¡¯un des instruments les plus puissants permettant la transformation des soci¨¦t¨¦s et le renouvellement des id¨¦es. Le r?le de l¡¯UNESCO est de mettre ¨¤ disposition les outils et les comp¨¦tences indispensables pour pleinement profit de cette ¨¦nergie renouvelable.

Les monuments historiques, le patrimoine vivant et les sites naturels enrichissent nos vies ¨¤ bien des ¨¦gards, que l¡¯on en fasse l¡¯exp¨¦rience physiquement ou par le biais d¡¯un appareil connect¨¦. La diversit¨¦ culturelle et la cr¨¦ativit¨¦ sont des moteurs d¡¯innovation naturels. Les cr¨¦ateurs et les artistes en tout genre contribuent ¨¤ nous faire changer notre perspective du monde et repenser notre environnement de bien des fa?ons. Il s¡¯agit l¨¤ de pr¨¦cieux atouts permettant de r¨¦pondre aux d¨¦fis mondiaux actuels, allant de la crise climatique ¨¤ la pand¨¦mie de COVID-19.

Ces 75 derni¨¨res ann¨¦es, la notion de culture a consid¨¦rablement ¨¦volu¨¦. Les actions de l¡¯UNESCO au cours des derni¨¨res d¨¦cennies t¨¦moignent des mani¨¨res dont l¡¯humanit¨¦ s¡¯est efforc¨¦e de comprendre comment la culture peut renforcer notre sentiment d¡¯identit¨¦ : de la prise de conscience de la n¨¦cessit¨¦ de prot¨¦ger le patrimoine de la destruction ¨¤ la fin de la Seconde Guerre mondiale, au lancement de campagnes internationales en faveur de la sauvegarde des sites du patrimoine mondial et du concept de patrimoine vivant et immat¨¦riel, en passant par l¡¯attention port¨¦e ¨¤ l¡¯¨¦conomie cr¨¦ative et au besoin de soutenir l¡¯emploi et les moyens de subsistance li¨¦s ¨¤ la culture. Notre rapport ¨¤ cette derni¨¨re a profond¨¦ment ¨¦volu¨¦ au si¨¨cle dernier. Jeter un regard en arri¨¨re pourrait mieux nous pr¨¦parer ¨¤ affronter les changements ¨¤ venir.

 Les ?tats-Unis participeront ¨¤ l¡¯effort international qui a capt¨¦ l¡¯imaginaire et la compassion des peuples ¨¤ travers le monde. En contribuant ainsi ¨¤ la pr¨¦servation des civilisations pass¨¦es, nous renforcerons et enrichirons la n?tre. 

John Fitzgerald Kennedy35e pr¨¦sident des ?tats-Unis d¡¯Am¨¦rique

Abou Simbel ¡ª Choisir entre les morts et les vivants

Quelques minutes avant le lever du soleil, des milliers de visiteurs prennent place ¨¤ l¡¯int¨¦rieur du temple d¡¯Abou Simbel, en retenant leur souffle. Ils s¡¯appr¨ºtent ¨¤ ¨ºtre t¨¦moins d¡¯un ph¨¦nom¨¨ne rare qui a lieu deux fois par an depuis 3 000 ans. Chaque ann¨¦e, durant les mois de f¨¦vrier et d¡¯octobre ¨¤ 6 h 29, la lumi¨¨re du soleil levant p¨¦n¨¨tre la petite entr¨¦e. Les rayons s¡¯enfoncent sur 70 m¨¨tres, dans l¡¯immense salle aux immenses colonnes menant au sanctuaire int¨¦rieur, et illuminent la statue de l¡¯homme ¨¤ l¡¯origine de la construction de ce temple au 13e si¨¨cle avant J.-C., le pharaon Rams¨¨s II.

Taill¨¦ dans la roche d¡¯une colline, ce grand temple a ¨¦t¨¦ con?u pour montrer la puissance du plus grand pharaon d¡¯?gypte au peuple de Nubie, vivant sur le cours sup¨¦rieur du Nil. Au fil des ans, ce temple et d¡¯autres monuments moins imposants ont ¨¦t¨¦ recouverts de sable et sont tomb¨¦s dans l¡¯oubli durant des si¨¨cles avant d¡¯¨ºtre red¨¦couverts en 1813. La supr¨¦matie du savoir de l¡¯?gypte antique en mati¨¨re d¡¯astronomie et l¡¯ing¨¦niosit¨¦ de ses architectes ont alors pu ¨ºtre admir¨¦es de nouveau.

Cependant, ¨¤ peine un si¨¨cle plus tard, les vestiges de cette civilisation antique situ¨¦s ¨¤ l¡¯extr¨ºme sud risquaient d¡¯¨ºtre d¨¦truits et oubli¨¦s, submerg¨¦s par les eaux montantes du Nil en raison de la construction du haut barrage d¡¯Assouan. La construction de ce dernier, qui avait pour but de d¨¦velopper l¡¯agriculture ainsi que l¡¯autonomie et l¡¯¨¦conomie du pays, a suscit¨¦ une pol¨¦mique internationale relay¨¦e dans les m¨¦dias au travers de discussions et de unes de journaux : devrions-nous avoir ¨¤ choisir entre les monuments du pass¨¦ et une ¨¦conomie florissante au b¨¦n¨¦fice de la population actuelle ? Pourquoi devrait-on se soucier des pierres et b?tisses anciennes alors que tant de gens ont besoin de nourriture et d¡¯une aide d¡¯urgence ?

? travers une campagne de pr¨¦servation in¨¦dite visant ¨¤ sauvegarder les temples ¨¦gyptiens, l¡¯UNESCO a d¨¦montr¨¦ que l¡¯humanit¨¦ n¡¯avait nullement besoin de sacrifier son pass¨¦ pour s¡¯¨¦panouir au pr¨¦sent, bien au contraire. Les monuments d¡¯une immense valeur universelle nous aident ¨¤ comprendre qui nous sommes, et offrent ¨¦galement de grandes opportunit¨¦s de d¨¦veloppement. Deux mille ans apr¨¨s qu¡¯un auteur et scientifique grec a dress¨¦ la c¨¦l¨¨bre liste des sept merveilles du monde, la notion m¨ºme de patrimoine mondial est n¨¦e.

, lorsque des experts venus de 50 pays ont commenc¨¦ ¨¤ travailler ensemble sous la coordination de l¡¯ sur l¡¯un des plus grands d¨¦fis d¡¯ de l¡¯histoire. Le monument entier a ¨¦t¨¦ d¨¦coup¨¦ avec pr¨¦caution en de larges quartiers, disloqu¨¦s, d¨¦plac¨¦s et r¨¦assembl¨¦s sur un nouveau site, 65 m¨¨tres plus haut et ¨¤ 200 m¨¨tres du fleuve, afin d¡¯¨ºtre pr¨¦serv¨¦ pour les g¨¦n¨¦rations futures.

Aujourd¡¯hui, les quatre statues majestueuses gardant l¡¯entr¨¦e du grand temple font face ¨¤ la rivi¨¨re et au soleil levant au quotidien, comme il y a 3 000 ans. La r¨¦ussite de la coop¨¦ration internationale pour la sauvegarde d¡¯Abou Simbel a fait prendre conscience de l¡¯existence de lieux d¡¯une valeur universelle exceptionnelle dans le monde entier. ? l¡¯instar des temples de la vall¨¦e du Nil, ces derniers doivent ¨ºtre prot¨¦g¨¦s de nombreuses menaces, telles que les conflits arm¨¦s, la destruction d¨¦lib¨¦r¨¦e, les pressions ¨¦conomiques, les catastrophes naturelles et le changement climatique.

La Convention du patrimoine mondial a ¨¦t¨¦ adopt¨¦e en 1972 comme l¡¯instrument le plus important au monde permettant d¡¯ancrer cette id¨¦e dans la r¨¦alit¨¦, rassemblant toutes les nations dans l¡¯effort de pr¨¦servation du patrimoine naturel et culturel mondial. Forte de ses 194 ?tats membres signataires, cette convention est aujourd¡¯hui l¡¯une des plus ratifi¨¦es au monde.

Comment inscrit-on un site ¨¤ la Liste du patrimoine mondial de l¡¯UNESCO ?

Pour qu¡¯un site soit inscrit ¨¤ la Liste du patrimoine mondial de l¡¯UNESCO, il doit avoir ¨¦t¨¦ nomin¨¦ au pr¨¦alable par les autorit¨¦s du pays concern¨¦. Cette nomination est examin¨¦e par des experts internationaux, charg¨¦s de d¨¦cider si l¡¯ajout est justifi¨¦. Enfin, le comit¨¦ du patrimoine mondial, compos¨¦ de 21 ?tats membres de l¡¯UNESCO ¨¦lus, proc¨¨de ¨¤ un vote.

Venise ¨C La sauvegarde du patrimoine culturel et le tourisme mondial peuvent-ils coexister ?

Lanc¨¦e tout juste quelques ann¨¦es apr¨¨s la campagne de Nubie, constituait une r¨¦ponse aux diff¨¦rents d¨¦fis, dont la mont¨¦e des eaux et l¡¯explosion du tourisme mondial.

En sortant de la gare t?t un matin d¡¯automne, les visiteurs sont accueillis par la rencontre de l¡¯air frais et de la mer, donnant naissance ¨¤ une couche douce et ¨¦paisse de brouillard au-dessus du Grand Canal, ? rue principale ? de Venise. Avec son immense d?me et ses fines colonnes n¨¦oclassiques, l¡¯¨¦glise San Simeone Piccolo et les b?tisses alentour semblent flotter sur les eaux du lagon. Telle est la vue qui s¡¯offre ¨¤ des millions de touristes venus du monde entier depuis l¡¯?ge d¡¯or de la S¨¦r¨¦nissime, l¡¯¨¦poque o¨´ la ville r¨¦gnait en tant qu¡¯une des superpuissances ¨¦conomiques d¡¯Europe.

Pourtant, cette beaut¨¦ ¨¤ couper le souffle, source d¡¯inspiration de tant de peintres, d¡¯¨¦crivains et d¡¯artistes au fil des si¨¨cles demeure fragile et susceptible de dispara?tre ¨¤ tout jamais. Tout comme les temples d¡¯Abou Simbel, la ville est menac¨¦e par la mont¨¦e des eaux. Inexorable, l¡¯augmentation du niveau de la mer est ¨¤ l¡¯origine d¡¯inondations d¨¦sormais fr¨¦quentes. L¡¯humidit¨¦ et les microorganismes rongent les pilotis en bois profond¨¦ment ancr¨¦s dans les fonds vaseux du lagon par les premiers habitants afin de poser les premi¨¨res fondations de Venise, il y a 1 600 ans.

Apr¨¨s 1966, ann¨¦e de la pire inondation de l¡¯histoire de la ville, l¡¯UNESCO et le gouvernement italien ont lanc¨¦ une grande campagne afin de pr¨¦server la ville. Un projet ambitieux comprenant d¡¯immenses ¨¦cluses mobiles a ¨¦t¨¦ entrepris afin d¡¯isoler temporairement le lagon des mar¨¦es hautes et de prot¨¦ger les zones les plus basses des inondations. Trente ans plus tard, le succ¨¨s des prouesses techniques et de la coop¨¦ration internationale fait l¡¯unanimit¨¦.

Toutefois, Venise n¨¦cessite toujours une attention particuli¨¨re, si bien que sa survie requiert une vigilance de tous les instants. La ville reste menac¨¦e de part et d¡¯autre : tourisme de masse, dommages potentiels li¨¦s au d¨¦veloppement urbain et le flux continu de bateaux de croisi¨¨re gigantesques ¨¦branlant ses fondations fragiles.

La mobilisation et la pression internationales au sujet du statut de Venise ont conduit le gouvernement italien ¨¤ prendre la d¨¦cision d¡¯interdire l¡¯acc¨¨s au centre-ville aux grands bateaux en 2021, une ¨¦tape indispensable afin de prot¨¦ger l¡¯int¨¦grit¨¦ environnementale, panoramique, artistique et culturelle de la ville. Cette d¨¦cision est intervenue quelques jours apr¨¨s que l¡¯UNESCO a annonc¨¦ son intention d¡¯inscrire Venise ¨¤ la Liste du patrimoine mondial en p¨¦ril. Les paquebots sont d¨¦sormais autoris¨¦s ¨¤ accoster ¨¤ Marghera, une zone industrielle ¨¤ la p¨¦riph¨¦rie de Venise, jusqu¡¯¨¤ ce qu¡¯un quai permanent d¨¦di¨¦ aux grandes croisi¨¨res soit d¨¦fini et am¨¦nag¨¦. Une telle d¨¦cision illustre la grande difficult¨¦ de prot¨¦ger les villes historiques et les centres urbains appartenant au patrimoine culturel, ce qui dans le cas pr¨¦sent a n¨¦cessit¨¦ une solution et des techniques sur-mesure, diff¨¦rentes de celles d¨¦ploy¨¦es lors de la sauvegarde des temples ¨¦gyptiens l¨¦gendaires.

 Si tous les mus¨¦es du Nouveau Monde ¨¦taient vid¨¦s, que toutes les fameuses constructions de l¡¯Ancien Monde ¨¦taient d¨¦truites et que Venise seule subsistait, elle suffirait ¨¤ faire les d¨¦lices d¡¯une vie enti¨¨re. Riche de toute sa diversit¨¦ et sa complexit¨¦, Venise constitue elle-m¨ºme la plus grande ?uvre d¡¯art au monde encore sur pied. 

Evelyn WaughRomanci¨¨re anglaise, journaliste et r¨¦dactrice de voyage.

Fond¨¦e au Ve si¨¨cle et r¨¦partie sur 118 petites ?les, Venise est devenue une grande puissance maritime au Xe si¨¨cle. La ville enti¨¨re est un extraordinaire chef-d'?uvre architectural dans lequel m¨ºme le plus petit b?timent contient des ?uvres de certains des plus grands artistes du monde tels que Giorgione, Titien, Tintoretto, V¨¦ron¨¨se et d'autres.

Angkor ¡ª Illustration r¨¦ussie d¡¯une coop¨¦ration internationale de longue date

Au c?ur de la for¨ºt cambodgienne, dans la province de Siem Reap, les cinq tours en forme de fleur de lotus du majestueux Angkor Vat se dressent vers le ciel. Lorsque l¡¯on s¡¯approche de la porte principale, l¡¯immensit¨¦ du temple et sa sym¨¦trie parfaite forcent l¡¯admiration. Il s¡¯agit du plus grand monument religieux au monde.

Angkor Vat a fait partie d¡¯une ville tentaculaire aussi vaste que Londres, constituant le c?ur d¡¯un empire qui dur¨¦ du 9e au 15e si¨¨cle, du sud du Vietnam au Laos et du M¨¦kong ¨¤ l¡¯est du Myanmar. Environ 1 500 ans apr¨¨s J.-C., la capitale khm¨¨re a ¨¦t¨¦ abandonn¨¦e vraisemblablement ¨¤ la suite d¡¯importantes inondations et de longues s¨¦cheresses. Ses temples, ses b?timents et son syst¨¨me d'irrigation complexe ont ¨¦t¨¦ engloutis par la for¨ºt, restant enfouis jusqu¡¯¨¤ leur red¨¦couverte en 1860.

Au d¨¦but des ann¨¦es 90, le site ¨¦tait en grand danger : de nombreux temples mena?aient de s¡¯effondrer et plusieurs d¡¯entre eux ont ¨¦t¨¦ pill¨¦s. Le travail de conservation ¨¤ Angkor avait ¨¦t¨¦ rendu impossible par le d¨¦but de la guerre civile, la mont¨¦e du r¨¦gime des Khmers rouges et les troubles civils qu¡¯il a engendr¨¦s.

L¡¯inscription d¡¯Angkor Vat sur la Liste du patrimoine mondial de l¡¯UNESCO en 1992 a marqu¨¦ une ¨¦tape importante dans la reconstruction du pays apr¨¨s des ann¨¦es de conflit. L¡¯objectif de la conservation des temples sous l¡¯¨¦gide de l¡¯UNESCO ¨¦tait d¡¯accompagner la reconstruction et la r¨¦conciliation nationales. L¡¯action du  (CIC-Angkor) pour la sauvegarde et le d¨¦veloppement de ce site culturel exceptionnel illustre parfaitement la solidarit¨¦ internationale et constitue l¡¯un des succ¨¨s les plus retentissants de l¡¯UNESCO sur le front du patrimoine. Trente pays et un groupe d¡¯experts s¨¦lectionn¨¦s pour l¡¯occasion, affect¨¦s aux projets de science, de restauration et de conservation ont ¨¦t¨¦ r¨¦unis autour d¡¯une approche novatrice alliant ¨¦troitement les op¨¦rations de conservation aux efforts de d¨¦veloppement durable.

Ainsi, en 25 ans, Angkor s¡¯est transform¨¦e en laboratoire vivant d¨¦montrant le potentiel du tourisme et de l¡¯artisanat durables, en mobilisant les communaut¨¦s locales autour de la coh¨¦sion sociale dans 112 villages. Aujourd¡¯hui, ce site gigantesque fait vivre 700 000 habitants et attire quelque cinq millions de touristes dont l¡¯afflux doit ¨ºtre g¨¦r¨¦ chaque ann¨¦e. Les autorit¨¦s du parc dirigent une s¨¦rie de projets destin¨¦s ¨¤ am¨¦liorer la vie des populations ¨¤ travers la mise en place d¡¯un tourisme durable respectueux des sensibilit¨¦s locales. Le retrait du site de la Liste du patrimoine en p¨¦ril de l¡¯UNESCO, tout juste quatorze en apr¨¨s son inscription, t¨¦moigne du m¨¦rite du peuple cambodgien.

Le succ¨¨s d¡¯un projet d¡¯une telle envergure, dans un pays sortant d¡¯un conflit de plus de vingt ans en 1992, d¨¦montre le potentiel de la Convention du patrimoine mondial et de la solidarit¨¦ internationale port¨¦es par l¡¯UNESCO.

 En marchant ¨¤ travers le temple, j¡¯ai d¨¦couvert les traces des civilisations prosp¨¨res qui l¡¯ont b?ti : des centaines de figures taill¨¦es dans les murs racontant les histoires de ces peuples anciens ; de vastes galeries dans lesquelles ils ont certainement pri¨¦ ; de longs couloirs entour¨¦s de colonnes qu¡¯ils ont d? parcourir.

Personne ne sait ce qui a conduit l¡¯empire ¨¤ abandonner ce temple et la ville alentour, mais au 15e si¨¨cle la quasi-totalit¨¦ de la population s¡¯en est all¨¦e. Des arbres ont pouss¨¦ par-dessus les pierres. Seuls les moines bouddhistes sont rest¨¦s pour prendre soin (et prier) ¨¤ l¡¯int¨¦rieur des temples cach¨¦s.

Pourtant cela n¡¯a pas emp¨ºch¨¦ les p¨¨lerins et les visiteurs de voyager jusqu¡¯ici pour s¡¯impr¨¦gner de ces structures extraordinaires. Et aujourd¡¯hui, des si¨¨cles plus tard, je suis infiniment reconnaissante d¡¯¨ºtre l¡¯une d¡¯entre eux. 

Michelle ObamaAncienne premi¨¨re dame des ?tats-Unis d¡¯Am¨¦rique

Mostar ¨C L¡¯importance des symboles par temps de guerre ou de paix

Nous sommes fin juillet en Bosnie-Herz¨¦govine. Le pic de l¡¯¨¦t¨¦ rime avec afflux de touristes dans les ruelles pav¨¦es de Mostar. Cette ville m¨¦di¨¦vale accueillante, poss¨¨de une longue et riche histoire marqu¨¦e par la coexistence pacifique de trois communaut¨¦s : les Bosniaques musulmans, les Serbes orthodoxes et les Croates catholiques. Fra?chement arriv¨¦s en ville, les touristes du monde entier se dirigent tout droit vers le monument le plus embl¨¦matique de Mostar, son vieux pont.

Connu localement sous le nom de Stari Most, ce chef-d¡¯?uvre de l¡¯architecture ottomane, est le symbole des diff¨¦rentes communaut¨¦s qui cohabitent dans la r¨¦gion. Du 16e si¨¨cle ¨¤ la guerre de Bosnie, le pont a rapproch¨¦ ces communaut¨¦s traversant le fleuve Neretva. Il incarnait l¡¯unit¨¦ qui r¨¦gnait entre les Bosniaques (musulmans) ¨¤ l¡¯est de la ville, et les Croates et les Serbes ¨¤ l¡¯ouest. Le pont de Mostar (d¡¯origine ottomane donc musulmane) servait de lien entre les communaut¨¦s. En tant que passerelle, il n¡¯avait aucune valeur militaire ou strat¨¦gique. Sa destruction en 1993 avait pour objectif de forcer la s¨¦paration entre les communaut¨¦s afin de les emp¨ºcher de se m¨ºler les unes aux autres. Le pont n¡¯¨¦tait plus que ruines, tout comme les valeurs de paix et d¡¯entente qu¡¯il avait incarn¨¦es pendant des si¨¨cles.

Cinq ans plus tard, l¡¯UNESCO a coordonn¨¦ le projet de reconstruction du vieux pont. Malgr¨¦ les stigmates de la guerre, encore visibles aujourd¡¯hui sur les murs de la ville, le pont reconstruit est devenu un symbole de r¨¦conciliation et d¡¯apaisement post-conflit.

Aujourd¡¯hui, la foule se presse dans la rue pour assister au traditionnel concours de plong¨¦e, dont le d¨¦part est donn¨¦ sur le pont. Cette vieille tradition a repris lorsque Stari Most a retrouv¨¦ sa gloire d¡¯antan. Chaque ann¨¦e au mois de juillet, des jeunes issus des trois communaut¨¦s s¡¯affrontent avec courage en plongeant dans le fleuve, 29 m¨¨tres plus bas, comme ils le faisaient avant la guerre.

Pendant plus de quatre ans apr¨¨s le cessez-le-feu, les anciens ennemis ont travaill¨¦ ensemble afin de r¨¦cup¨¦rer les pierres tomb¨¦es dans le lit de la rivi¨¨re et reconstruire le symbole de leur amiti¨¦ pass¨¦e. Reconstruit en 2004 et inscrit au patrimoine mondial de l¡¯UNESCO en 2006, Stari Most est aujourd¡¯hui un pont entre un pass¨¦ et un futur communs. Reconstruire un pont ne suffit certainement pas ¨¤ restaurer la confiance et ¨¤ reb?tir la paix au sein d¡¯une soci¨¦t¨¦ d¨¦chir¨¦e par la guerre. Cependant, il est assur¨¦ment important de prendre soin des symboles de paix.

 Je travaillais dans mon bureau au son des tirs de mortier lorsque j¡¯ai entendu les cris dans la rue, des cris faisant suite ¨¤ la chute du pont. Ce qu¡¯il s¡¯est pass¨¦ apr¨¨s ?a a ¨¦t¨¦ si impressionnant que je ne l¡¯oublierai jamais. Tout le monde est sorti voir. Malgr¨¦ une pluie de grenades et de bombes, ils sont quand m¨ºme sortis de leur cachette : les jeunes et les plus ?g¨¦s, les faibles et les plus forts, les musulmans et les chr¨¦tiens, ils sont tous sortis, en larmes, parce que le pont faisait partie de leur identit¨¦. Il nous repr¨¦sentait tous. 

A. Bubi?D¨¦l¨¦gu¨¦ ¨¤ la Culture et au Sport, Mostar-Est, Bosnie-Herz¨¦govine

Tombouctou ¨C Quand les seigneurs de la guerre s¡¯en prennent au patrimoine, les artisans de la paix ripostent en le renfor?ant

Situ¨¦e aux portes du d¨¦sert du Sahara, ¨¦voque une ville mythique aux confins du monde, vers laquelle marchands arabes et africains se dirigeaient apr¨¨s un long p¨¦riple, pour ¨¦changer du sel, de l¡¯or, du b¨¦tail et des c¨¦r¨¦ales. Dans la langue anglaise, la ville du nord du Mali a fini par devenir le synonyme d¡¯un lieu tr¨¨s recul¨¦. Envers et contre tout, des caravanes continuent de parcourir la route du d¨¦sert et de s¡¯y arr¨ºter plusieurs fois par an. Comme leurs anc¨ºtres l¡¯ont fait pendant des si¨¨cles, elles apportent du sel gemme extrait du nord du Sahara.

? son apog¨¦e, au 16e si¨¨cle, la ville comptait plus de 100 000 habitants ¨¦tant donn¨¦ que ses mosqu¨¦es et ses sites religieux jouaient un r?le essentiel dans l¡¯expansion de l¡¯Islam en Afrique. Elle est devenue un p?le important d¡¯apprentissage sur le continent et ses biblioth¨¨ques, des banques dans lesquelles reposaient au moins 700 000 manuscrits historiques d¡¯art, de science et de m¨¦decine, ainsi que des exemplaires du Coran. Ces manuscrits ¨¤ la calligraphie soign¨¦e t¨¦moignent de la richesse de l¡¯histoire et de la vie intellectuelle africaines.

Durant le conflit de 2012-2013, plus de 4 000 manuscrits sur les 40 000 conserv¨¦s ¨¤ l¡¯Institut Ahmed Baba ont ¨¦t¨¦ perdus. Certains d¡¯entre eux ont ¨¦t¨¦ br?l¨¦s ou vol¨¦s tandis que plus de 10 000 autres demeurent en tr¨¨s mauvais ¨¦tat. Les habitants de Tombouctou ont contribu¨¦ ¨¤ la protection de leur pr¨¦cieux patrimoine en transportant clandestinement plus de 300 000 manuscrits vers la capitale, Bamako. D¡¯autres ¨¦crits ont ¨¦t¨¦ mis ¨¤ l¡¯abri, entre des murs de boue ou enterr¨¦s. Bien qu¡¯ils aient ¨¦t¨¦ prot¨¦g¨¦s d¡¯une destruction imm¨¦diate, ces manuscrits sont ¨¤ l¡¯heure actuelle pr¨¦serv¨¦s dans des conditions qui ne permettront peut-¨ºtre pas leur sauvegarde pour les g¨¦n¨¦rations futures.

Afin de pr¨¦server le patrimoine culturel de Tombouctou et d¡¯encourager la r¨¦conciliation, l¡¯UNESCO soutient les communaut¨¦s locales pour qu¡¯elles participent ¨¤ des projets de conservation d¡¯anciens manuscrits et garantissent leur pr¨¦servation pour l¡¯humanit¨¦ sur le long terme.

L¡¯UNESCO coordonne les efforts de reconstruction des 14 mausol¨¦es inscrits sur la Liste du patrimoine mondial, ainsi que des mosqu¨¦es Djingareyber et Sidi Yaha, d¨¦lib¨¦r¨¦ment d¨¦truites par des groupes arm¨¦s lors du conflit.

La reconstruction du patrimoine culturel d¨¦vast¨¦ de Tombouctou a pour but de promouvoir la r¨¦conciliation entre les communaut¨¦s et de restaurer la confiance et la coh¨¦sion sociale. L¡¯un des aspects importants du projet ¨¦tait la volont¨¦ d¡¯inclure la reconstruction des mausol¨¦es dans une strat¨¦gie globale visant ¨¤ redonner vie aux proc¨¦d¨¦s de construction traditionnels et ¨¤ garantir leur continuit¨¦ au travers de formations de terrain et de projet de conservation.

Afin de s¡¯assurer que les sanctuaires reb?tis soient aussi fid¨¨les que possible aux anciens, les travaux de reconstruction ont ¨¦t¨¦ compar¨¦s ¨¤ de vieilles photographies et les doyens locaux ont ¨¦t¨¦ consult¨¦s. Les ouvriers de la r¨¦gion ont eu recours ¨¤ des proc¨¦d¨¦s traditionnels et des mat¨¦riaux locaux, incluant la pierre d¡¯alhor, la tige de riz et le banco (un m¨¦lange d¡¯argile et de paille).

La destruction des mausol¨¦es de Tombouctou a ¨¦t¨¦ un choc et un tournant, qui a r¨¦v¨¦l¨¦ l¡¯importance accord¨¦e ¨¤ la culture et au patrimoine dans les conflits modernes aliment¨¦s par un extr¨¦misme violent et des id¨¦ologies fondamentalistes. Elle montre ¨¤ quel point les fondamentalistes ¨¦taient pr¨ºts ¨¤ an¨¦antir d¡¯autres cultures islamiques, et toute autre vision diff¨¦rente de la leur. De m¨ºme, des destructions directes du patrimoine islamique, pr¨¦islamique, chr¨¦tien ou juif ont ¨¦t¨¦ observ¨¦es en Iraq et en Syrie. La n¨¦cessit¨¦ de restaurer le patrimoine n¡¯est plus une simple question culturelle, il s¡¯agit d¨¦sormais d¡¯une question de s¨¦curit¨¦, constituant un ¨¦l¨¦ment cl¨¦ pour la r¨¦silience et une meilleure coh¨¦sion des soci¨¦t¨¦s en proie aux conflits.

Aujourd¡¯hui, les monuments de Tombouctou repr¨¦sentent un patrimoine vivant, ¨¦troitement li¨¦ aux rituels religieux et aux rassemblements communautaires. Leur allure et leur forme ont sans cesse ¨¦volu¨¦ au fil du temps, au gr¨¦ des cycles annuels (ceux de la pluie et de l¡¯¨¦rosion du pl?trage) ; de l¡¯entretien r¨¦gulier (tous les trois ¨¤ cinq ans) ; des r¨¦parations des anomalies structurelles, souvent en ajoutant des contreforts ; de travaux ponctuels plus importants, tels que des extensions et des rehaussements de toiture. Comment prendre tous ces ¨¦l¨¦ments en consid¨¦ration tout en essayant de guider et d¡¯aider la population locale dans sa capacit¨¦ et sa r¨¦silience afin de conserver son patrimoine, comme elle le fait depuis plus de 600 ans ? Que faudrait-il faire et dans quelle mesure ? Qui doit ¨ºtre responsable de quoi ? Voil¨¤ des questions ¨¦pineuses portant sur la pr¨¦servation du patrimoine, allant bien au-del¨¤ de la simple inscription d¡¯un site sur la c¨¦l¨¨bre Liste du patrimoine mondial.

 Le sel vient du nord, l¡¯or du sud et l¡¯argent du pays des Blancs mais la parole de Dieu, les choses c¨¦l¨¨bres, les histoires et contes de f¨¦es, ne se trouvent qu¡¯¨¤ Tombouctou. 

Proverbe africain

Pr¨¦server l¡¯identit¨¦ culturelle et les traditions cor¨¦ennes : lien d¡¯un patrimoine vivant

Nous sommes fin novembre dans la campagne pr¨¨s de Jeonju, capitale de la province du Jeolla du Nord. Les temp¨¦ratures se sont rafra?chies et l¡¯hiver approche ¨¤ grands pas.

Il est temps de se pr¨¦parer pour la saison longue et glaciale. Il est temps de pr¨¦parer le kimchi.

L¡¯aliment de base de la R¨¦publique de Cor¨¦e est un accompagnement compos¨¦ de l¨¦gumes sal¨¦s et ferment¨¦s pr¨¦sents ¨¤ tous les repas. Il ne s¡¯agit pas uniquement du plat embl¨¦matique du pays : sa pr¨¦paration (le ) est un ¨¦v¨¦nement c¨¦l¨¦br¨¦ par la communaut¨¦.

Les m¨¦nag¨¨res suivent attentivement les pr¨¦visions m¨¦t¨¦o afin de d¨¦finir les meilleures date et temp¨¦rature pour pr¨¦parer le kimchi. Des familles enti¨¨res, des amis et des voisins se r¨¦unissent pour le pr¨¦parer ensemble. Le processus est assez laborieux et requiert de nombreuses mains afin de s¡¯occuper des quantit¨¦s monstrueuses de l¨¦gumes n¨¦cessaires pour tenir durant les mois d¡¯hiver. Tous travaillent ensemble, ¨¦changent des astuces et nouent des liens plus forts ¨¤ travers le kimjang. Les familles pr¨¦parent le kimchi ¨¤ tour de r?le afin de resserrer leurs liens.

Aujourd¡¯hui, le village tout entier se r¨¦unira dans l¡¯une des maisons pour l¡¯occasion. Ensemble, ils laveront le chou chinois (p¨º-tsaie) marin¨¦ au sel la veille, et ajouteront l¡¯assaisonnement qui donne au kimchi sa saveur aigre ¨¦pic¨¦e unique. Le proc¨¦d¨¦ exact et les ingr¨¦dients sont transmis de m¨¨re en fille afin de pr¨¦server la tradition du kimjang ¨¤ travers les g¨¦n¨¦rations.

Depuis 2013, le kimjang figure sur la Liste repr¨¦sentative du patrimoine culturel immat¨¦riel de l¡¯humanit¨¦ comme ¨¦tant un aspect important de la culture cor¨¦enne, incarnant l¡¯esprit d¡¯¨¦quipe et de coop¨¦ration du pays. Le kimjang constitue un bien culturel essentiel ¨¤ une communaut¨¦, digne d¡¯¨ºtre pr¨¦serv¨¦ et c¨¦l¨¦br¨¦ jusqu¡¯¨¤ la fin de l¡¯humanit¨¦. Bien qu¡¯il existe probablement des variations r¨¦gionales dans la pr¨¦paration du kimchi, ce dernier transcende les classes, les r¨¦gions, voire les fronti¨¨res nationales.

Les pratiques culturelles pr¨¦c¨¦dent souvent l¡¯instauration de fronti¨¨res nationales et la naissance de conflits entre citoyens. Les pratiques culturelles communes peuvent m¨ºme ouvrir la voie de la r¨¦conciliation.

Ces espoirs se sont mat¨¦rialis¨¦s en 2018, lorsque la R¨¦publique populaire d¨¦mocratique de Cor¨¦e et la R¨¦publique de Cor¨¦e ont d¨¦cid¨¦ de travailler main dans la main afin de soumettre une candidature commune concernant l¡¯inscription de la sur la Liste repr¨¦sentative du patrimoine culturel immat¨¦riel de l¡¯humanit¨¦ de l¡¯UNESCO.

Le ssirum/ssireum (la lutte) est une activit¨¦ physique et une forme populaire de divertissement tr¨¨s appr¨¦ci¨¦e sur toute la p¨¦ninsule cor¨¦enne. Dans le nord, chacun des deux adversaires tente mettre l¡¯autre au sol ¨¤ l¡¯aide d¡¯un satpa (une bretelle en tissu reliant la taille et les jambes), de son torse, de ses mains et de ses jambes. Le ssirum/ssireum se distingue par l¡¯usage d¡¯un satpa et l¡¯attribution d¡¯un taureau au vainqueur. Dans le sud, il s¡¯agit d¡¯un type de lutte dans lequel deux joueurs portant de longues ceintures en tissu autour de la taille et d¡¯une cuisse agrippent la ceinture de leur adversaire et emploient diverses techniques pour le mettre ¨¤ terre. Pour les adultes, le vainqueur du dernier match se voit remettre un b?uf, symbole de l¡¯abondance agricole, et le titre de ? jangsa ?.

Cette activit¨¦ sportive, ¨¤ la port¨¦e de tous et dont le risque de blessure est faible, pr¨¦sente l¡¯avantage d¡¯am¨¦liorer la sant¨¦ mentale et physique. Les Cor¨¦ens sont tr¨¨s expos¨¦s aux traditions du ssirum/ssireum au sein du cercle familial et de la communaut¨¦ : les enfants apprennent leurs techniques de lutte des membres de leur famille ; les communaut¨¦s locales organisent des tournois annuels ouverts ¨¤ tous ; cette discipline est ¨¦galement enseign¨¦e ¨¤ l¡¯¨¦cole.

? la suite de la m¨¦diation de l¡¯UNESCO, les deux ?tats ont accept¨¦ que leurs dossiers respectifs soient examin¨¦s conjointement par le Comit¨¦ intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immat¨¦riel en novembre 2018. L¡¯UNESCO a ¨¦t¨¦ ravie de cette initiative de coop¨¦ration r¨¦gionale et a inscrit, lors d¡¯une d¨¦cision historique, la lutte traditionnelle cor¨¦enne (ssirum/ssireum) sur la Liste repr¨¦sentative du patrimoine culturel immat¨¦riel de l¡¯humanit¨¦, inscription commune de la R¨¦publique populaire d¨¦mocratique de Cor¨¦e et de la R¨¦publique de Cor¨¦e. Alors que les Listes de la Convention comptent plusieurs exemples de nominations multinationales, pr¨¦par¨¦es par plusieurs ?tats (du couscous [en anglais] ¨¤ l¡¯art de la fauconnerie en passant par le r¨¦gime m¨¦diterran¨¦en), la collaboration des deux ?tats pour inscrire conjointement la lutte traditionnelle cor¨¦enne est in¨¦dite. Elle marque une ¨¦tape importante sur le chemin vers la r¨¦conciliation intercor¨¦enne. Il s¡¯agit ¨¦galement d¡¯une victoire illustrant les liens profonds et anciens qui unissent les deux Cor¨¦es, et le r?le que la diplomatie culturelle peut jouer dans les relations internationales.

 C¡¯¨¦tait l¡¯¨¦poque o¨´ les femmes se r¨¦unissaient pour comm¨¦rer. Il y avait des relations arrang¨¦es. Certains mariages sont n¨¦s durant la pr¨¦paration du kimchi. 

Sunhui ChangChef am¨¦ricano-cor¨¦en

Promouvoir la culture dans un monde post COVID 19

Les industries culturelle et cr¨¦ative font partie des secteurs d¡¯activit¨¦ les plus florissants au monde. Avec une valeur mondiale estim¨¦e ¨¤ 4 300 milliards de dollars par an, le secteur de la culture repr¨¦sente aujourd¡¯hui 6,1 % de l¡¯¨¦conomie mondiale. Ces deux secteurs g¨¦n¨¨rent des revenus annuels de 2 250 milliards de dollars et pr¨¨s de 30 millions d¡¯emplois ¨¤ travers le monde, occup¨¦s par plus de personnes ?g¨¦es de 15 ¨¤ 29 ans qu¡¯aucun autre secteur. Les secteurs culturel et cr¨¦atif sont devenus indispensables ¨¤ la croissance ¨¦conomique inclusive, r¨¦duisant les in¨¦galit¨¦s et r¨¦alisant les objectifs fix¨¦s dans le Programme de d¨¦veloppement durable ¨¤ l¡¯horizon 2030.

L'adoption de la Convention de 2005 sur la protection et la promotion de la diversit¨¦ des expressions culturelles a marqu¨¦ une ¨¦tape importante en mati¨¨re de politique culturelle internationale. ? travers cet accord historique, la communaut¨¦ internationale a formellement reconnu la double nature, culturelle et ¨¦conomique, des expressions culturelles contemporaines produites par les artistes et les professionnels du milieu. En d¨¦finissant la structure et la mise en ?uvre des politiques et mesures en faveur de la cr¨¦ation, la production, la distribution et l¡¯acc¨¨s aux biens et services culturels, la Convention de 2005 est au c?ur de l¡¯¨¦conomie cr¨¦ative.

En reconnaissant le droit souverain des ?tats de maintenir, d¡¯adopter et de mettre en ?uvre des politiques visant ¨¤ prot¨¦ger et ¨¤ promouvoir la diversit¨¦ des expressions culturelles aussi bien ¨¤ l¡¯¨¦chelle nationale qu¡¯internationale, la Convention de 2005 soutient les gouvernements et la soci¨¦t¨¦ civile dans la recherche de solutions aux d¨¦fis ¨¦mergents.

Bas¨¦e sur les droits de l¡¯homme et les libert¨¦s fondamentales, la Convention de 2005 pose en d¨¦finitive un nouveau cadre pour des syst¨¨mes de gouvernance de la culture inform¨¦s, transparents et participatifs.

Repenser sans cesse la culture et le patrimoine

L¡¯histoire de l¡¯UNESCO t¨¦moigne de la transformation profonde du concept de culture au cours des derni¨¨res d¨¦cennies. Partie des Conventions mondiales centr¨¦es sur les b?timents et les pierres dans les ann¨¦es 60 et 70, la coop¨¦ration internationale a ouvert la voie ¨¤ de nouvelles perspectives de protection et de promotion de la culture, comprenant le patrimoine culturel immat¨¦riel, la diversit¨¦ culturelle et l¡¯¨¦conomie cr¨¦ative. La d¨¦finition du mot ? culture ? a ¨¦t¨¦ le fer de lance du comit¨¦ dirig¨¦ par l¡¯ancien Secr¨¦taire g¨¦n¨¦ral des Nations Unies, Javier P¨¦rez de Cuellar et la Conf¨¦rence Mondiacult en 1982. En 2022, la Conf¨¦rence mondiale Mondiacult devrait faire le bilan des progr¨¨s r¨¦alis¨¦s au cours des 40 derni¨¨res ann¨¦es sur le front des politiques culturelles et redessiner son avenir dans un monde post-COVID-19.

Jetez un ?il ¨¤ ces sites du patrimoine mondial

Ce r¨¦seau de chemins long de 30 000 kilom¨¨tres a ¨¦t¨¦ construit sous l¡¯Empire inca ¨¤ travers les montagnes, les vall¨¦es, les for¨ºts tropicales et les d¨¦serts pour relier la capitale inca, Cuzco, aux zones recul¨¦es de l¡¯empire, s¡¯¨¦tendant de l¡¯Amazonie aux Andes. L¡¯envergure du Qhapaq ?an en fait un chef-d¡¯?uvre d¡¯ing¨¦nierie, soulignant le g¨¦nie civil des Incas.

Son inscription au patrimoine mondial en 2019 a ouvert la voie ¡ª emprunt¨¦e chaque ann¨¦e par des milliers de visiteurs en route vers les sites arch¨¦ologiques tels que le Machu Picchu au P¨¦rou ¡ª ¨¤ des financements indispensables ¨¤ sa restauration.

Borobudur est le plus grand temple bouddhiste au monde et l¡¯un des grands sites arch¨¦ologiques d¡¯Asie du Sud-Est. Datant des 8e et 9e si¨¨cles, ce temple bouddhiste imposant se situe au centre de Java. Il a ¨¦t¨¦ construit sur trois niveaux : une base pyramidale comportant cinq terrasses carr¨¦es concentriques, la base d¡¯un c?ne comptant trois plateformes circulaires, et au sommet, un gigantesque stupa. Les murs et balustrades sont d¨¦cor¨¦s de bas-reliefs finement sculpt¨¦s, couvrant une surface totale de 2 500 m2. Autour des plateformes circulaires sont dispos¨¦s 72 stupas ajour¨¦s contenant chacun une statue de Bouddha. Le monument a ¨¦t¨¦ restaur¨¦ avec l¡¯aide de l¡¯UNESCO dans les ann¨¦es 70.

Ce paysage culturel a ¨¦t¨¦ inscrit simultan¨¦ment sur la Liste du patrimoine mondial et la Liste du patrimoine mondial en p¨¦ril en 2003. Le site se trouve aujourd¡¯hui dans un ¨¦tat de conservation pr¨¦caire ¨¤ la suite de sa d¨¦sertion, de l¡¯action militaire et d¡¯explosions de charges de dynamite. Certaines zones sont inaccessibles en raison de la pr¨¦sence de mines antipersonnel.