L'UNESCO dédie cette année la Journée internationale de l'éducation au rôle essentiel que jouent l'éducation et les enseignants dans la lutte contre les discours de haine, phénomène exacerbé ces dernières années avec l'utilisation des réseaux sociaux, et qui porte atteinte à l'ensemble de nos sociétés.
Après le succès de la MasterClass « Deconstructing hate speech » en octobre 2023, cette session 2024 est dédiée aux enseignants et éducateurs francophones du monde entier.
L'objectif reste le même : donner un regard global sur l’enjeu de la lutte contre les discours de haine et équiper les professionnels de l'éducation d'outils variés.
³¢'±ð²Ô±ç³Üê³Ù±ð montre que les discours de haine sont largement diffusés sur les réseaux sociaux. En ce contexte, l'éducation joue un rôle important dans la lutte contre leur propagation. L'éducation offre des multiples possibilités de déconstruire les récits haineux et mensongers et on fait prendre conscience de la manière dont ils peuvent involontairement servir de vecteurs à des idéologies qui divisent.
C'est le principe affirmé par Karel Fracapane, spécialiste du programme de l'UNESCO pour l'éducation à la citoyenneté mondiale et à la paix, premier intervenant de la MasterClass.
Les professionnels de l'éducation sont au cœur du développement d'environnements qui favorisent la tolérance, l'inclusion et le respect :
Chaque leçon que nous donnons, chaque discussion que nous animons et chaque politique que nous défendons contribue à construire un monde qui valorise la compréhension, l'empathie et l'unité.
Les discours de haine sont marqués par l'utilisation d'un langage péjoratif ou discriminatoire à l'égard d'une personne ou d'un groupe sur la base de ce qu'ils sont, par exemple, leur religion, ethnicité, nationalité, race, couleur, ascendance, sexe ou autre facteur d'identité. Karel Fracapane, a souligné comment l'apprentissage permet de comprendre et identifier les différentes formes de discours et récits haineux. Apprendre à les repérer fait partie intégrante de la lutte contre ces propos.
Avant de discuter des outils pédagogiques pour lutter contre le discours de haine, Adeline Hulin, cheffe d'unité pour l'éducation aux médias et compétences digitales, Secteur Communication & information, a rappelé aux professionnels de l'éducation l'importance de rappeler à leurs élèves les droits liés à la liberté d'expression, en particulier en ce qui concerne l'utilisation des médias sociaux. En ligne, les discours de haine ne disparaissent jamais réellement. Notre liberté d'expression est essentielle et doit être garantie, ainsi notre devoir est de ne pas propager les contenus haineux.
Dans le contexte de la diffusion de récits haineux en ligne, Laure Delmoly, chef de projet international du , a rappelé l'importance des compétences en matière d'éducation aux médias et à l'information. Afin de lutter contre les discours de haine en ligne et leur propagation, les professionnels de l'éducation peuvent mettre en place des projets qui permettent de développer l'esprit critique des élèves. Un bon exemple qui a été bien accueilli par les enseignants participants consiste à mettre les élèves dans la position d'un journaliste. Cela permet aux élèves de prendre conscience des limites de la liberté d'expression et de les sensibiliser aux données personnelles et au droit à l'image. Le but ultime est de former de bons citoyens numériques et de ne pas propager de discours de haine en ligne.
Quelles stratégies dois-je mettre en place pour lutter contre les discours de haine dans nos écoles surtout ici en RDC ?
Par la suite, Bruno Derbaix, co-fondateur de l’association « Les ambassadeurs d’expression citoyenne » a partagé son expertise en tant qu'éducateur et formateur avec les enseignants présents à la session. Il a expliqué comment la lutte contre les discours de haine en milieu scolaire est forcément transversale, combinant la gestion des dynamiques de groupe, des incivilités et la mobilisation d'outils de débat et d'expression. Des outils, comme des solutions, existent : se mettre à l’écoute de ses élèves et les aider dans la compréhension et dans l’acceptation des autres points de vue.
Pour conclure la MasterClass, Patrick Samama, directeur de création et vice-président de la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), a souligné l’importance de la contre-narration. Il est impératif de comprendre l’environnement dans lequel se développent les messages haineux : un écosystème extrémiste qui amplifie les messages de haine sur les réseaux sociaux, en utilisant l'indignation comme levier, quitte à fabriquer des contenus faux et trompeurs. Ce phénomène est exacerbé par le fait que les grandes plateformes conditionnent les réactions à un mode binaire : like/dislike (amour/haine).
Il a rappelé que les professionnels de l'éducation sont les rares acteurs à pouvoir s'attaquer à ce problème croissant dans le quotidien. Les éducateurs et les enseignants peuvent utiliser des contenus de haute qualité susceptibles d'interpeller les jeunes et de servir d'outils pédagogiques, tels que des films, des vidéos et des podcasts.
En conclusion, les enseignants sont des acteurs non seulement pour lutter contre les discours de haine, et peuvent promouvoir l'harmonie sociale.
La participation active des enseignants à cette MasterClass renforce la conviction que l'éducation est le facteur de transformation dans la lutte contre les discours de haine et la recherche d'une harmonie sociale
Cet événement a été réalisé avec le soutien de TECH4ALL et la collaboration de 6C-Conseil.