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La discrimination et la stigmatisation liées au COVID-19 : un phénomène mondial ?
L'article n'est pas exhaustif. Son but est d'aider à illustrer, à travers les expériences locales rapportées par les Chaires, la pluralité des formes que la discrimination et la stigmatisation liées au COVID-19 peuvent prendre dans différents contextes. Pour être efficaces, les réponses devront tenir compte des spécificités de chaque manifestation, en s'attaquant notamment aux schémas d'exclusion profondément enracinés.
Depuis l'apparition du COVID-19, « l'instabilité et la peur que la pandémie engendre exacerbent les préoccupations existantes en matière de droits humains, telles que la discrimination à l'encontre de certains groupes », comme l'a souligné le Secrétaire général des Nations Unies dans une et , respectivement Rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur les formes contemporaines de racisme et sur les questions relatives aux minorités, ont également fait état des attaques liées au COVID-19 contre les groupes minoritaires dans le monde. Malgré la pénurie des données sur ce phénomène, les incidents discriminatoires rapportés dans les articles de journaux et sur les médias sociaux semblent confirmer qu'il s'agit d'un phénomène mondial. Les informations reçues par 10 Chaires UNESCO sur l'impact du COVID-19 sur les groupes vulnérables illustrent la manière dont leurs pays respectifs ont été touchés.
L'épidémie de COVID-19 a renforcé le ciblage de « l’autre »
Si le profil des victimes varie d'un pays à l'autre, il semble y avoir un schéma commun dans les actes discriminatoires qui se sont produits pendant la pandémie : le plus souvent, la cible est généralement « l'autre », c'est-à -dire l'étranger.e, une personne appartenant à une minorité ethnique ou culturelle, etc.
Au cours de la première phase de la contagion du COVID-19, les personnes qui ont le plus souffert de la discrimination ont été les Asiatiques et les personnes d'origine asiatique, qui étaient fréquemment ciblées pour avoir supposément provoqué la pandémie et sa propagation. Comme l'ont rapporté les Chaires UNESCO d'Italie, d'Espagne, de Grèce, du Danemark et des Pays-Bas, les épisodes discriminatoires ont consisté en des agressions verbales dans des lieux publics, des campagnes de dénigrement sur les médias sociaux, le boycott de leurs activités commerciales et, dans certains cas, des difficultés d'accès aux établissements d'enseignement.
Dans certains contextes, les attaques discriminatoires ont concerné d'autres groupes. Selon la Chaire UNESCO sur l'éducation pour la justice sociale de l'université autonome de Madrid, les communautés Roms du nord de l'Espagne ont été ciblées, car elles auraient été les premières à être contaminées par le COVID-19.
De même, la Chaire l'UNESCO pour la promotion de la culture de la paix et de la non-violence à l'académie Manipal de l'enseignement supérieur en Inde a indiqué que les communautés musulmanes, qui représentent la plus grande minorité du pays, ont été victimes d'attaques et d'autres formes de discrimination dans le cadre de la pandémie. Ces épisodes ont commencé à se manifester lorsque la propagation du virus a été prétendument associée à un rassemblement organisé par un mouvement missionnaire musulman au mois de mars.
La discrimination et la stigmatisation prennent de nouvelles formes au fur et à mesure que la pandémie évolue
Il a été observé que, en de nombreux endroits, la discrimination a évolué parallèlement à la pandémie, et que de nouvelles cibles ont été choisies en cours de route. Si, au tout début, les cibles étaient celles qui étaient considérées à tort comme la cause de la maladie, la crainte de la contagion a progressivement conduit aussi à des attaques contre des personnes qui, pour différentes raisons, étaient particulièrement exposées au virus.
Comme le cite la Chaire UNESCO sur le logement de l'université Rovira i Virgili de Tarragone en Espagne, les cibles des attaques discriminatoires ont changé au fil des semaines car « un autre type de stigmatisation est né de la peur d'être infecté.e ». Dans certains cas, cette crainte s'est traduite par des menaces à l'encontre le personnel soignant et des employé.e.s de supermarchés qui risquent d'être infecté.e.s sur leur lieu de travail. Par exemple, la Chaire UNESCO en résolution de conflits de l'université de Cordoue a rapporté que les professionnel.le.s de la santé étaient prié.e.s par leur communauté de ne pas retourner à leur domicile, afin d'éviter de contaminer leurs voisin.e.s. Dans d'autres cas, la crainte de la contagion a entraîné une stigmatisation et des attaques discriminatoires à l'encontre des sans-abris qui, en raison de leur situation, ne peuvent pas respecter le confinement ni appliquer d'autres mesures préventives de base.
Tous ces incidents semblent confirmer qu'en temps de crise et de grande incertitude, surtout d'une ampleur telle que celle que nous connaissons actuellement, les gens ont tendance à chercher des boucs émissaires sur lesquels passer leurs frustrations, inquiétudes et craintes.
Lutter contre la stigmatisation à travers la solidarité et la sensibilisation
Face à l'aggravation de la pandémie, les organisations et ont appelé les États à la solidarité, non seulement pour faire face à l'urgence sanitaire mais aussi à ses conséquences, notamment sur les plus vulnérables.
Dans de nombreux pays, les réponses ont pris la forme de campagnes médiatiques lancées par les autorités nationales et locales, ainsi que par la société civile. Ces campagnes avaient les objectifs suivants : appeler à la solidarité des citoyen.ne.s et contribuer à changer les attitudes des gens envers les groupes qui risquent d'être victimes de discrimination dans un contexte spécifique. La lutte contre les préjugés apparaît donc comme une intervention clé, au même titre que d'autres mesures apportant un soutien financier ou visant à améliorer l'accès des groupes défavorisés aux services de base.
Les Chaires UNESCO participant à cette enquête ont fait état de la multiplication de telles initiatives dans leur pays. Il convient de mentionner l'émergence de réseaux de soutien et de solidarité à l'initiative des citoyen.ne.s qui « jouent un rôle crucial dans la prévention et la limitation des effets de la stigmatisation sociale et de la discrimination ethnique associées au virus » - comme le soulignent les Chaires UNESCO de l'université Carlos III de Madrid, de l'université Rovira i Virgili de Tarragone et de l'université de Florence.
La Chaire de l'UNESCO sur l'éducation aux droits humains, à la paix et à la démocratie à l'université Aristote de Thessalonique a indiqué qu'en Grèce, où le nombre d'immigrant.e.s et de demandeur.se.s d'asile a augmenté fortement depuis 2015, les ONG nationales et l'Organisation internationale des migrations (OIM) ont lancé des campagnes appelant les citoyen.ne.s à soutenir les réfugié.e.s.
Voir aussi :
Cet article a été préparé avec les contributions de :
- Chaire UNESCO en éducation pour la justice sociale de l'Université autonome de Madrid (Espagne) ;
- Chaire UNESCO sur le logement à l'Université Rovira i Virgili de Tarragone (Espagne) ;
- Chaire UNESCO sur les droits culturels à l'Université de Copenhague (Danemark) ;
- Chaire UNESCO en éducation aux droits humains, à la paix et à la démocratie à l'université Aristote de Thessalonique (Grèce) ;
- Chaire UNESCO sur les droits humains et la paix à l'université de Maastricht (Pays-Bas) ;
- Chaire UNESCO sur les droits humains, la démocratie et la paix à l'université de Padoue (Italie) ;
- Chaire UNESCO en population, migrations et développement à l'université Sapienza de Rome (Italie) ;
- Chaire UNESCO transdisciplinaire en développement humain et culture de la paix à l'université de Florence (Italie) ;
- Chaire UNESCO pour la promotion de la culture de la paix et de la non-violence à l'académie d'enseignement supérieur de Manipal (Inde).