Article

Information en période d’épidémie et de pandémie : l’UNESCO élabore un Guide pratique pour les médias africains

Le document a été présenté au cours d’un atelier organisé les 25 et 26 mars 2021 à Saly (Sénégal), en faveur des journalistes sénégalais.

Une vingtaine d’hommes et de femmes des médias publics, privés et communautaires ont pris part, du 25 au 26 mars 2021, à l’atelier de promotion du « Guide pratique pour les médias en période d’épidémie et de pandémie Â».

Organisé par l’UNESCO, avec l’appui de l’Union des Radios Communautaires du Sénégal (URAC), du Réseau international des femmes (RIF) et du Conseil pour l'observation des règles d'éthique et de déontologie dans les médias (CORED), la rencontre a permis aux participants et participantes de partager leur vécu du traitement de l’information relative à la COVID 19. Des points essentiels ont été soulignés notamment la nécessité : de dépasser le factuel et d’humaniser le traitement de l’information ; de respecter l’anonymat des victimes ; de sortir du déni dans la mesure où la pandémie est apparue dans un contexte d’analphabétisme et de pauvreté qui rend difficile le travail du journaliste. Dirigée par l’experte Sylvie Sargueil, cette session de présentation et d’échanges était l’occasion de déterminer des angles de traitement essentiels et parfois oubliés par les médias en période d’épidémie ou de pandémie comme celle de la COVID-19.

Aujourd’hui quelles séquelles ont gardé les guéris de la COVID-19 ? La plus-value du journaliste n’est plus d’apporter l’information, mais de l’étayer, de la présenter de manière intelligente et y apporter de l’humanité
Mme Sylvie Sargueil, experte

Les épidémies sont des sujets complexes, sensibles et politiques, et la pandémie a prouvé que les rédactions ont besoin de se doter de journalistes spécialisés ayant un minimum de connaissances sur les questions de santé publique. « Les médias, qui sont censés favoriser l’accès des populations à la bonne information, ont aussi été surpris par cette maladie. Impactés déjà par le contexte économique difficile, la COVID-19 les a davantage fragilisés Â», a fait noter M. Michel KENMOE, Conseiller régional pour la Communication et l’Information au Bureau Régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest (Sahel). D’où la contribution de l’UNESCO à travers l’élaboration d’un guide pratique pour orienter les professionnels des médias dans la collecte, le traitement et la diffusion de l’information santé, en luttant contre la désinformation et la mésinformation.

 

En effet, les leçons apprises de la pandémie actuelle révèlent que le renforcement des capacités des professionnels des médias sur les questions de santé publique est essentiel pour une information utile et crédible qui contribue à sauver des vies. Ce qui nécessite une approche multi-acteurs. Au Sénégal par exemple, l’expérience des journalistes montre que la loi sur l’accès à l’information est devenue une nécessité car « au début de la pandémie, il y avait une seule source d’informations institutionalisée, ce qui a contribué à renforcer le déni chez certaines couches de la population Â», a rappelé un journaliste.

Malgré certaines failles relevées chez les médias, des exemples de bonnes pratiques ont également été mis en avant. Notamment, la production, par l’URAC au Sénégal, d’un outil de reporting pour toutes les activités des radios communautaires dans le cadre de la sensibilisation ; l’élaboration d’un document d’orientation et de stratégie sur la communication de crise ; l’orientation des radios communautaires pour un traitement de l’information liée à la COVID-19, selon les spécificités culturelle, religieuse et socio-économique des régions, entre autres.

 

L’UNESCO vient donc renforcer ces actions, en mettant à la disposition des hommes et femmes de médias, un guide adapté pour une meilleure couverture de la crise sanitaire actuelle et d’éventuelles crises futures, suivant des recommandations pratiques. En effet, le guide essaie de rassembler un ensemble de conseils à mettre à la disposition des professionnel(le)s des médias pour anticiper sur l’adaptation des méthodes de travail en cas de crises sanitaires. Entre autres : les méthodes de protection du personnel dans les salles de rédaction, studio et plateaux communs, sur le terrain ; de conservation du matériel à usage commun (micros, caméras, etc.) ; les moyens de couvrir l’information sans exposition à la maladie ; les méthodes de production de contenus créatifs.

 

Pour une meilleure vulgarisation et appropriation dudit guide par la cible sénégalise, l’UNESCO envisage d’en faire la traduction dans une des langues locales.

 

Cette activité s'inscrit dans le cadre du projet #CoronavirusFacts : « Addressing the ‘Disinfodemic’ on COVID-19 in conflict-prone environments », financé par l’Union Européenne, lequel vise à réduire l’infodémie liée à la COVID-19 à travers le renforcement de capacité des médias à lutter contre la désinformation, par le moyen du fact-checking.