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De la récupération à la résilience dans les hauts plateaux du Zimbabwe
Les Zimbabwéens se souviennent encore avec horreur du passage du cyclone tropical Idai, qui a frappé la partie orientale du pays le 15 mars 2019. Il s'agissait de la catastrophe la plus dévastatrice que le pays n’ait jamais connue.
Le cyclone a provoqué des inondations généralisées, tué 172 personnes et détruit les cultures sur près de 800 000 hectares de terres agricoles. Les inondations ont endommagé les habitats fauniques, contaminé les réserves d'eau et mis un terme au tourisme. La dévastation a été exacerbée par la déforestation à grande échelle, qui a permis aux pluies de dévaler les collines sans entrave, emportant avec elles la terre arable.
L'économie et l'environnement mettent du temps à s'en remettre, et il est probable que le prochain cyclone causera encore plus de dégâts.
Analyser les risques liés au climat pour être prêt à affronter la prochaine catastrophe
En contribuant au Zimbabwe Idai Recovery Project par le biais de son propre projet, « Renforcer la résilience dans les districts de Chimanimani et de Chipinge », l'UNESCO a adopté une approche multidisciplinaire.
Les experts ont commencé par évaluer les risques liés au climat pour les communautés locales et leurs moyens de subsistance. Cette étude a révélé que les risques d’inondation ou de glissements de terrains étaient particulièrement élevés pour les ménages, les écoles et les hôpitaux. L'UNESCO a utilisé sa méthodologie d'Inspection visuelle pour la définition de stratégies d'amélioration de la sécurité (VISUS) afin d’identifier où et comment investir les ressources afin de rendre les écoles plus sûres face aux risques de catastrophe, et d’en informer les décideurs.
Les experts de l'UNESCO ont également étudié l'impact de différents scénarios de changement climatique sur la sécurité de l'eau et sur l'environnement au sens large. Pour ce faire, ils ont utilisé la méthodologie d’Analyse des décisions fondées sur les risques climatiques (CRIDA) de l'UNESCO. Ce processus en cinq étapes applique une approche participative et ascendante pour identifier les risques pour la sécurité de l'eau liés aux inondations, aux cyclones et autres risques naturels liées à l'eau. Les communautés locales, y compris les populations autochtones, ont été impliquées dès le départ dans la conception de cette analyse des risques.
Cette approche a fourni un point de départ plus éclairé pour évaluer différentes options et concevoir des voies d'adaptation plus robustes, en phase avec les besoins locaux, comme des fossés de drainage pour canaliser l'excès d'eau et des barrages de retenue pour ralentir l'écoulement de l'eau (voir photo). L'analyse des risques a ensuite été combinée avec les informations fournies par la modélisation scientifique afin d'identifier les points à ajuster.
L'une des priorités a été de mettre en place un système d'alerte précoce en cas d'inondation et de sécheresse. En raison du changement climatique, « nous verrons une réduction de 30% des précipitations dans cette région au cours des prochaines décennies », remarque Koen Verbist, spécialiste de programme à l'UNESCO. L'UNESCO a travaillé avec les communautés locales afin de développer deux nouvelles stations de radio pour le système d'alerte précoce. Celles-ci permettront de diffuser des alertes et des informations pratiques à la population, par exemple sur les avantages de l'utilisation des eaux souterraines pour irriguer les champs en l'absence prolongée de précipitations.
Un réseau de soutien pour la nouvelle réserve de biosphère
L'UNESCO a également soutenu la communauté dans sa volonté de devenir une réserve de biosphère. La demande de la communauté de rejoindre le Réseau mondial des réserves de biosphère de l'UNESCO a été approuvée le 15 juin de cette année.
Cela signifie que la Réserve de biosphère de Chimanimani, comme on l'appelle désormais, pourra compter sur le soutien de l'autre réserve de biosphère du Zimbabwe, celle du Zambèze moyen, et dudans ses efforts de gestion durable de son territoire, qui s'efforce de s'adapter au changement climatique actuel et futur.
La Réserve de biosphère de Chimanimani compte environ 154 000 habitants, dont la plupart parlent le ndau, une langue menacée qui est également parlée de l'autre côté de la frontière, au Mozambique.
Couvrant une superficie totale de 345 014 ha, la réserve de biosphère abrite six zones de biodiversité clés riches en plantes endémiques et 88 sites archéologiques. Les zones riches en biodiversité comprennent le parc national de Chimanimani, le sanctuaire d'Eland et les réserves botaniques de Haroni et Rusitu, qui contribuent au tourisme. La réserve de biosphère soutient également l'agriculture et la sylviculture des petits exploitants et développe une approche agro-écologique de l'agriculture (voir photo).
La Réserve de biosphère de Chimanimani est désormais un partenaire actif d'un projet de l'UNESCO qui utilise les réserves de biosphère d'Afrique australe comme observatoires pour l'adaptation au changement climatique.