Du 7 novembre au 7 décembre, Dakar a vibré au rythme de la quinzième édition de la Biennale de l’Art africain contemporain, un rendez-vous artistique majeur qui a réuni artistes, curateurs, experts, collectionneurs, mécènes et professionnels de la culture du continent et de sa diaspora. A cette occasion, l’UNESCO a renouvelé son soutien à la Biennale dans la continuité de ses actions phares pour l’égalité des genres, mais a aussi collaboré activement à la promotion d’échanges culturels plus équilibrés entre les pays du Nord et du Sud.
Pour cette quinzième édition de la Biennale de Dakar, placée sous le thème The Wake, L'èveil, Le Sillage, Xàll wi – un appel à la prise de conscience et à l’action face aux défis sociétaux contemporains – l'UNESCO a réaffirmé son engagement en faveur de la visibilité des femmes artistes dans les industries culturelles et créatives. Grâce à ce soutien 17 femmes artistes et professionnelles de la culture, originaires d’Afrique et de la diaspora, ont contribué activement à cette édition, enrichissant ainsi le programme de leurs perspectives uniques.
Cela reflète la dynamique de cette quinzième édition, qui pour la première fois, atteint une parité parfaite parmi les 58 artistes sélectionnés. Le Grand prix du Chef de l'Etat Léopold Sédar Senghor a par ailleurs été décerné à l'artiste martiniquaise Agnès Brezephin pour son œuvre ''Fil (s) de soi (e)'', une reconnaissance forte qui reflète l’importance croissante des voix féminines dans l’art contemporains. Dans ce contexte, cette parité ne se limite pas aux chiffres, mais elle marque un tournant symbolique dans les grandes expositions internationales où les femmes artistes restent souvent sous-représentées.
Une égalité des genres qui dépasse les frontières
Cette avancée résonne directement avec l’engagement du Bureau régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest, qui mène depuis 2016 un travail pionnier pour promouvoir l’égalité des genres et les droits des femmes dans les secteurs culturels et créatifs dans la région. Ce travail s’est traduit sous différentes formes : des efforts de formalisation des métiers autour des arts et de la culture comme par exemple dans le projet Sénégal Talents Campus où les femmes ont pu intégrer le projet aussi bien en tant que formatrices qu’apprenantes, en passant par les manifestations artistiques et culturelles comme aux différentes éditions du FESPACO, des Biennales africaines, à l’occasion de la résidence NARA pour les jeunes réalisatrices africaines, ou encore lors de campagnes de communication à forts impacts à l’image de la Voix des Résilientes #WeAreYennenga ou de ‘Coup de projecteur sur les femmes créatrices’ lors du FESPACO de 2021.
En outre, cette question de l’égalité des genres résonne également avec un enjeu plus vaste : celui de rééquilibre les échanges des biens et services culturels entre le Nord et le Sud, et de garantir une mobilité équitable des artistes. Femmes ou hommes, les artistes et professionnels de la culture, où qu’ils se trouvent, devraient bénéficier d’un accès équitable aux opportunités, aux marchés et aux réseaux professionnels. Pourtant, alors même que les échanges culturels s’intensifient à l’échelle mondiale, les déséquilibres persistants fragilisent la diversité culturelle. Il est donc essentiel de favoriser des échanges plus équitables.
C’est dans cet esprit qu’à l’occasion de la Biennale, le Gouvernement du Sénégal et l’UNESCO ont organisé un échange entre pairs de haut niveau sur le thème : « Rééquilibrer les échanges culturels afin de créer de nouvelles opportunités pour l’employabilité des jeunes ».
Cette rencontre tenue le vendredi 8 novembre 2024 au Musée des Civilisations Noires à Dakar a pu compter sur la présence de Madame Khady Diène Gaye, Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture du Sénégal et a été marquée par la participation de hautes autorités, principalement les ministres en charge de la Culture de l’espace CEDEAO, les partenaires techniques et financiers, représentants du corps diplomatique au Sénégal ainsi que les organisations de la société civile, afin de discuter des mécanismes nécessaires à un rééquilibrage des échanges culturels.
Les discussions ont mis en lumière les défis liés à la mobilité des artistes et l’accès des jeunes créateurs aux marchés internationaux. L’article 16 de la Convention sur la Protection et la Promotion de la Diversité des Expressions Culturelles sur “le traitement préférentiel pour les pays en développement” qui impose aux pays du Nord de prendre des mesures concrètes pour faciliter les échanges culturels avec les pays du Sud, a été présenté comme une solution clé pour réduire ces inégalités.
Les discussions ont exploré des pistes de collaboration coordonnées à court et moyen terme, avec un accent particulier sur les opportunités d'employabilité des jeunes dans les industries culturelles et créatives. L’appui de l’UNESCO à cette quinzième édition de la Biennale de Dakar constitue ainsi un engagement multidimensionnel : celui de promouvoir une égalité des genres concrètes dans les industries culturelles et créatives, mais aussi celui de défendre la diversité culturelle à l’échelle mondiale en promouvant des échanges plus équilibrés. Ces deux axes, profondément liés, sont le socle d’un écosystème créatif plus équitable et plus inclusif. Le flambeau allumé à Dak’Art 2024 est une invitation à poursuivre ces avancées, en faisant de l’égalité des genres et de l’inclusion des principes durables dans tous les événements culturels. L’UNESCO poursuivra son engagement dans ce sens à travers des actions régionales qui démarreront en 2025.
