´¡³¦³Ù³Ü²¹±ô¾±³Ùé
Nouvelles approches du droit à l’enseignement supérieur
Le droit à l’enseignement supérieur fait partie intégrante du droit à l’éducation, et les États sont tenus à des obligations très claires pour assurer sa mise en œuvre.
Des progrès ont été accomplis au niveau mondial avec une augmentation étonnante de la participation, le taux brut de scolarisation ayant doublé au cours des 20 dernières années dans le monde, passant de 19 % en 2000 à 40 % en 2020 (données de l’ISU).
Il existe cependant d’importantes disparités entre les pays. Dans bon nombre d’entre eux, les frais de scolarité sont en hausse, ce qui fait que seuls les plus privilégiés ont accès à l’enseignement supérieur ou réussissent à achever leurs études. Les changements radicaux survenus dans le monde (creusement des inégalités, transformation numérique, changement climatique, transition démographique, cohésion sociale et incertitudes liées à l’avenir du travail) ont posé de nouveaux obstacles à la réalisation de ce droit humain.
Par conséquent, l’UNESCO s’emploie à placer le droit à l’enseignement supérieur au cœur des efforts visant à faire évoluer le droit à l’éducation, afin de préciser les obligations actuelles ainsi que les aspects du droit à l’enseignement supérieur qui nécessitent des explications complémentaires au regard des nouveaux contextes et défis.
Lors de la Conférence mondiale de l’UNESCO sur l’enseignement supérieur, une table ronde organisée par la Section de la politique éducative et l’Institut international de l’UNESCO pour l’enseignement supérieur en Amérique latine et dans les Caraïbes (IESALC) s’est tenue le 18 mai sur le thème « Nouvelles approches du droit à l’enseignement supérieur » (voir la ). L’objectif était de rassembler des experts de renommée internationale et des partenaires institutionnels unis par un même engagement en faveur du droit à l’enseignement supérieur.
Deux nouvelles publications de l’UNESCO, qui posent les jalons des nouvelles approches du droit à l’enseignement supérieur, ont été présentées à cette occasion : un document conceptuel intitulé , et un document d’orientation intitulé (en anglais).
Lors de cette table ronde, Delphine Dorsi (Directrice, Right to Education Initiative) et Mary Tupan-Wenno (Directrice exécutive, ECHO, Center for Diversity Policy) ont évoqué les problèmes auxquels font face les étudiants pour accéder à l’enseignement supérieur. Son coût, qui inclut à la fois les frais directs et indirects, représente un obstacle majeur, notamment pour les plus vulnérables, et ce malgré l’obligation qui incombe aux États d’en garantir progressivement la gratuité. L’accès à des informations complètes et précises au niveau individuel fait également défaut, ce qui a d’importantes répercussions sur le taux d’inscription, même lorsque l’enseignement supérieur est gratuit.
Tristan McCowan (professeur d’éducation internationale, University College de Londres) a expliqué qu’après l’étape de l’inscription, la stratification de l’enseignement supérieur entraîne des disparités sur le plan de la qualité ainsi qu’un manque de reconnaissance publique pour certains établissements ou cursus. Laura Giannecchini (coordonnatrice du développement institutionnel, Campagne latino-américaine pour les droits à l’éducation) a souligné à quel point il est essentiel de décoloniser le savoir pour assurer la prise en compte de toutes les visions du monde, en particulier celles des plus marginalisés.
Les experts ont recommandé :
- de garantir une participation large et collective de toutes les parties prenantes (y compris les étudiants et les parents) à l’élaboration des politiques publiques relatives à l’enseignement supérieur ;
- de veiller à ce que la numérisation de l’éducation complète l’enseignement supérieur présentiel sans s’y substituer ;
- de réglementer l’enseignement supérieur pour que des garde-fous soient mis en place à l’intention des prestataires commerciaux et à but lucratif, l’enseignement supérieur ne devant pas être développé à n’importe quel prix ;
- d’assouplir les conditions entourant la formation professionnelle afin de dépasser le critère de l’emploi pour tenir compte des avantages plus importants qu’elle présente pour la société dans son ensemble, eu égard à la fonction de service public de l’enseignement supérieur ;
- d’établir des mécanismes redditionnels, notamment pour surveiller la mise en œuvre et l’exercice du droit à l’enseignement supérieur, afin de s’assurer que les mesures politiques répondent aux besoins ;
- de renforcer le financement de l’éducation, compte tenu de l’augmentation des taux d’inscription, afin de faire en sorte que personne ne soit laissé de côté ;
- de ratifier la Convention mondiale sur la reconnaissance des qualifications relatives à l’enseignement supérieur (2019).
Les riches débats tenus sur les différents enjeux viendront renforcer davantage les efforts déployés par l’UNESCO pour mieux définir le droit à l’enseignement supérieur dans les instruments internationaux en matière de droits de l’homme.
La nouvelle publication intitulée » (disponible uniquement en anglais), qui s’adresse aux décideurs, aux parlementaires, à la société civile et à la communauté internationale de l’éducation, vise trois objectifs :
- faire mieux connaître les implications concrètes du droit à l’enseignement supérieur ;
- expliciter les obligations et principes et analyser les tendances à la lumière de l’évolution du cadre du droit à l’enseignement supérieur et des défis mondiaux ;
- fournir des orientations pour l’application du droit à l’enseignement supérieur, compte tenu, en particulier, des mutations rapides auxquelles notre monde fait face.