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L’UNESCO et le ministère français de l’É»å³Ü³¦²¹³Ù¾±´Ç²Ô forment les enseignants français à lutter contre l’antisémitisme
La récente résurgence de l’antisémitisme menace la sécurité des communautés à travers le monde entier et éloigne davantage chacun de ses voisins, ses collègues ou ses amis. Dans ce contexte, trouver et mettre en place des solutions durables et efficaces demande de grands efforts. Quel est le rôle de l’éducation dans la lutte contre cette menace ? Et que peuvent et doivent faire les enseignants pour créer des environnements d’apprentissage où chacun, sans exception, se sent bien accueilli et respecté ?
Le 21 février 2024, l’UNESCO a accueilli plus de 100 hauts fonctionnaires de l’éducation responsables de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme venus de toute la France pour suivre une formation sur la prévention de l’antisémitisme, de l’intolérance et de la discrimination par l’éducation. L’événement était organisé au Siège de l’UNESCO à Paris en partenariat avec le et la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (). Il s’inscrit dans le cadre du projet de deux ans financé par la Commission européenne et soutenu par l’.
Au cours de cette journée, des experts nationaux et internationaux ont expliqué aux enseignants les différentes nuances de l’antisémitisme et leur ont présenté des approches efficaces pour y faire face à la fois à l’école et à l’extérieur, tout en tenant compte des limites et des difficultés potentielles. La formation combinait des conférences et des tables rondes avec des sessions interactives pendant lesquelles les participants pouvaient réfléchir à partir d’études de cas et de scénarios inspirés de situations réelles.
Pascale Falek, administratrice de haut niveau à la Commission européenne, a salué le partenariat entre l’Union européenne (UE) et l’UNESCO, qui aide les États membres à réaliser un travail essentiel de formation des enseignants pour lutter contre l’antisémitisme : « Construire une Europe libérée de la haine commence à l’école. L’éducation est le principal outil de prévention pour renforcer la résilience des jeunes face aux idées antisémites et aux discours de haine. »
Comprendre l’urgence
Cette formation intervient à un moment où, dans certaines régions, l’antisémitisme Entre les mois d’octobre et de novembre 2003, la France a par exemple enregistré trois fois plus d’incidents antisémites que toute l’année précédente. Cette tendance s’observe dans d’autres régions du monde, avec une hausse alarmante des discours de haine et des actes de violence antisémites aux États-Unis, en Australie, au Royaume-Uni et dans d’autres pays. La plupart de ces incidents touchent des jeunes, généralement dans des contextes éducatifs.
« En 2024, les parents de confession juive ont peur d’envoyer leurs enfants à l’école, ou sont contraints de leur dire de cacher leur identité en public. Des dizaines d’écoles juives ont dû être évacuées en raison d’alertes à la bombe, et dans de nombreuses écoles publiques, les élèves juifs subissent un harcèlement constant, aussi bien en ligne que hors ligne » a indiqué Ariella Woitchik, directrice des affaires européennes au sein du , un organisme de représentation des communautés juives européennes.
Dans le contexte actuel du conflit israélo-palestinien, de nombreux enseignants se retrouvent dans une impasse. Ruth-Anne Lenga, du a ainsi déclaré : « Bien que les enseignants s’accordent sur le fait que les écoles doivent lutter contre l’antisémitisme, une grande majorité d’entre eux indiquent ne pas avoir les connaissances nécessaires pour le détecter. Ils reconnaissent qu’ils n’ont pas l’assurance nécessaire pour pouvoir répondre de manière adéquate lorsque des incidents surviennent. »
Analyser la complexité qui se cache derrière l’urgence
Les attaques terroristes du 7 octobre et la crise humanitaire en cours dans la bande de Gaza ajoutent encore de la complexité à la situation en amplifiant l’impact de l’antisémitisme tout en déchaînant une vague d’islamophobie. Mohammed Ali Amla, de l’association caritative d’éducation « », a souligné que les problèmes complexes ne peuvent pas être résolus par des réponses simples.
D’après lui, à une époque où les communautés juives et musulmanes éprouvent de la peur, de la douleur et du chagrin, il est essentiel de se concentrer sur deux éléments : premièrement, la création d’espaces où les jeunes peuvent réfléchir de manière critique à la nature spécifique, aux origines et à l’évolution de différentes formes de haine et de discrimination en découvrant les faits historiques objectifs. Deuxièmement, la gestion empathique des incidents survenant dans les écoles. Mohammed a par exemple invité les enseignants à utiliser un langage plutôt axé sur les processus pour se concentrer sur les actions des élèves et leur impact plutôt que d’étiqueter et d’humilier ceux-ci.
Définir des approches efficaces
Ruth-Anne Lenga a mis en avant trois objectifs clés de la formation des enseignants : apprendre à se connaître, acquérir des connaissances factuelles et approfondir ses connaissances pédagogiques. Les enseignants doivent réfléchir à leurs propres préjugés, mettre à jour leurs connaissances au sujet de l’antisémitisme et obtenir des moyens d’agir en recevant des conseils concrets et en étudiant des scénarios réalistes.
D’après Natalie Nikitenko, cheffe de la délégation aux relations européennes et internationales et à la coopération du ministère français de l’É»å³Ü³¦²¹³Ù¾±´Ç²Ô nationale et de la Jeunesse, il est tout aussi crucial de s’intéresser à la dimension en ligne de la hausse de l’antisémitisme. Elle a ainsi souligné l’importance d’encourager la citoyenneté numérique et d’investir dans l’éducation aux médias et à l’information afin d’aider les enseignants et les élèves à décrypter les théories du complot et la désinformation qui alimentent souvent la haine antisémite et les autres formes de haine.
Samuel Lejoyeux, président de l’, a souligné que des approches efficaces permettent d’analyser les schémas que suivent les préjugés et de remettre ces derniers en contexte. Une de ces approches est la pédagogie participative et interactive, qui transforme les jeunes en acteurs de leur propre éducation. Samuel dirige par ailleurs un programme appelé qui réunit des médiateurs de différentes origines pour discuter du racisme, de l’antisémitisme et de la discrimination avec les jeunes.
Selon lui, il ne faut pas négliger les nouvelles formes et stratagèmes qu’adopte l’antisémitisme dans les espaces numériques (notamment dans le langage utilisé pour parler de différents groupes de personnes en ligne). Néanmoins, il est convaincu que les enseignants devraient toujours s’engager à donner aux jeunes les outils nécessaires pour résister aux stéréotypes et aux préjugés indépendamment du contexte politique.
« Quelles que soient les formes qu’il prend, l’antisémitisme porte atteinte aux personnes. Il a une longue histoire, mais il a bien commencé quelque part. Cela signifie que nous pouvons retracer son origine pour apprendre à le prévenir », a-t-il déclaré.
Des ressources pour soutenir les enseignants
Afin d’aider les enseignants dans ce travail, l’UNESCO, l’OSCE/BIDDH et l’University College London ont mis au point un en matière de prévention et de lutte contre l’antisémitisme par et dans l’éducation. Son contenu est adapté à différents niveaux d’éducation et à différents contextes éducatifs. En outre, le programme propose des techniques et des approches concrètes que les enseignants peuvent adopter pour lutter contre les préjugés et avoir des discussions constructives avec leurs élèves.
Bien que l’antisémitisme soit une forme spécifique de haine et de discrimination, l’étudier dans le contexte plus large des schémas sous-tendant les préjugés peut ouvrir de nouvelles perspectives pour définir des stratégies de prévention et de réaction efficaces. À l’occasion de la formation, l’UNESCO a présenté son nouveau guide intitulé « » (Démasquer le racisme), qui traite de la manière dont le racisme peut être présent dans les manuels scolaires et de ce que peuvent faire les enseignants pour prévenir une telle situation et en atténuer l’impact.
Former des enseignants prêts à agir en Europe : premiers résultats
Depuis avril 2023, l’UNESCO forme dans toute l’Union européenne des enseignants à mieux détecter, prévenir et lutter contre l’antisémitisme à l’école et en dehors. Les ateliers précédents, organisés en Croatie et en Grèce avec l’aide des ministères de l’É»å³Ü³¦²¹³Ù¾±´Ç²Ô respectifs des deux pays, ont permis d’approfondir les connaissances des enseignants au sujet de l’antisémitisme et de leur donner les moyens d’agir contre ce problème dans leurs communautés scolaires. La plupart des participants ont estimé que ce type de formation devrait faire partie intégrante de la formation initiale et de la formation continue des enseignants.
La formation professionnelle des enseignants, des formateurs d’enseignants et des décideurs politiques en matière de lutte contre l’antisémitisme est un des piliers de la , qui considère l’éducation comme un élément central de la prévention et de la réaction à ce phénomène.
L’atelier organisé en France s’inscrit dans la continuité de ce travail et complémente le Plan national de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations 2023-2026 du gouvernement français. En partenariat avec l’UNESCO, les autorités françaises intensifient leurs efforts pour lutter contre l’antisémitisme par l’éducation dans le cadre d’une nouvelle initiative s’appuyant sur le succès de la coopération entre l’UNESCO et l’UE.
- Travail de l’UNESCO en matière de prévention de l’antisémitisme par l’éducation
- Travail de l’UNESCO en matière de lutte contre les discours de haine