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L’UNESCO et Africulturban mettent le rap au service de l’information sur la migration au Sénégal

A la Maison des Cultures de Dakar, rappeurs, migrants de retour et journalistes ont pris part à un atelier d’écriture organisé les 27 et 28 octobre 2020 par l’UNESCO, en collaboration avec Africulturban, dans le cadre de la production de vidéos sur la thématique de l’information sur la migration.

Ecrire juste sur la migration, droit au but et précis. Ecrire pour accrocher et y mettre du rythme : le langage est très vite assimilé par Xuman, Mamy Victory, Matador, ISS 814, MC MO, Eva Crazy et Wizaby. En raison de l’intérêt que leur porte la jeunesse sénégalaise, ces sept (07) artistes rappeurs et rappeuses ont été choisi(e)s pour prendre part à cet atelier d’écriture de deux jours, pour produire des vidéos artistiques qui puissent tisser un lien entre l’information et la migration.

L’art a un rôle fondamental dans les sociétés d’aujourd’hui et nous croyons fortement au potentiel inestimable des journalistes et artistes pour la construction d’un débat riche et conscient sur la migration
Mme Valentina BARALDI, coordinatrice des programmes Education au Bureau AICS, Dakar

Un avis partagé par M. Joshua MASSARENTI, coordonnateur de projet auprès du Bureau Régional de l’UNESCO pour l’Afrique de l’Ouest -Sahel, qui relève « le précieux rôle Â» des artistes dans la sensibilisation des jeunes sur la migration. « En les associant à cette initiative, l’UNESCO réaffirme son engagement à promouvoir la culture et une réflexion sur le lien entre l’information et la migration », ajoute-t-il. « Tout parcours migratoire est déterminé par l’information auquel un migrant, ou un candidat potentiel à la migration, a accès&²Ô²ú²õ±è;».

En effet, malgré la baisse des flux migratoires depuis mars 2020, la volonté de jeunes sénégalais(e)s de se lancer dans l’aventure migratoire n’a jamais cessé, avec des risques plus importants aujourd’hui dans le contexte de la COVID-19, que par le passé. Un contexte qui pousse à la recrudescence des départs, du fait des pertes d’emploi enregistrées dans de nombreux secteurs, notamment celui de la pêche. Pour preuve, l’évènement tragique du 23 octobre au large de Saint-Louis, où  de jeunes sénégalais ont perdu la vie après l’explosion de la pirogue dans laquelle ils avaient embarqué depuis Mbour, en direction de l’Europe. Selon l’OIM, rien qu’en septembre plus de 660 migrants ont quitté le Sénégal pour les Iles Canaries, et 414 personnes sont mortes sur cette route migratoire depuis le début de l’année.

Il faut dire aux jeunes que pour partir il y a des règles à respecter. En tant que jeune qui a vu des gens être maltraités, torturés et mourir, je dis que la jeunesse doit être bien informée des dangers de la migration irrégulière
M. Adama DIALLO, migrant de retour, aujourd’hui volontaire à l’OIM

Son partage d’expérience a permis aux artistes de mieux comprendre le rôle de l’information – sous toutes ses formes – dans le parcours migratoire d’un migrant : quelles sont les informations dont dispose un candidat à l’émigration avant son départ et pendant son parcours migratoire ? Dans quelle mesure la décision de partir est-elle réellement éclairée ? Quel est le rôle des médias sénégalais par rapport aux défis migratoires du Sénégal ?

Ces deux jours ont été des jours importants et très productifs dans la mesure où nous avons eu le point de vue des journalistes et des migrants qu’on essayera de synthétiser en musique dans nos vidéos. On a vraiment besoin de mettre en avant la bonne information pour éviter les tragédies comme celle de Mbour.
XUMAN, rappeur

Il poursuit : « Aujourd’hui, le but n’est pas de dissuader nos frères et sÅ“urs comme ça a longtemps été fait mais de donner toute l’information, ensuite le choix leur revient. Mais se taire, c’est être complice Â».

Nous avons appris comment communiquer différemment sur la migration. Depuis longtemps, les gens communiquent de la même façon. On voit les mêmes images à la télévision, mais après cet atelier, nous irons sur de nouvelles bases
Mary Victory, rappeuse

En plus des témoignages des migrants de retour, les artistes ont bénéficié des sessions d’échanges avec des journalistes professionnel(le)s. Pyramide de l’information, angle de traitement, style d’écriture, public cible, M. Ibrahima Faye, journaliste et formateur, a créé un pont entre journalisme et art musical pour pousser les artistes à la recherche de l’information essentielle et crédible. Au cours de l’atelier, des focus groupe ont été créés pour permettre aux participant(e)s, migrants et expert(e)s journalistes, de travailler ensemble à la construction de textes, pour la production de vidéos artistiques sur la thématique.

A l’unanimité, les artistes notent des perspectives nouvelles dans leur écriture : « le plus intéressant dans tous ces échanges, ce sont toutes ces informations que nous venons de recevoir. Nous-mêmes nous ne les avions pas. Aujourd’hui, on a un plus dans notre écriture qui fera évoluer nos textes et donc notre communication sur la migration Â», indique Xuman, au nom du groupe.

Au sortir de cet atelier d’écriture organisé dans le cadre du projet « Autonomiser les jeunes en Afrique à travers les médias et la communication Â» financé par le Ministère italien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale (MAECI) et l’AICS, ces rappeurs et rappeuses seront accompagné(e)s dans la production de vidéos artistiques sur l’information et la migration au Sénégal, qui seront ensuite, par tous les canaux de communication, mises à la disposition du grand public.

 

Contacts :

Théodore SOMDA : tz.somda@unesco.org

Joshua MASSARENTI : j.massarenti@unesco.org