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Impulser un mouvement mondial de transformation de l’éducation : moments clés de 2022
![2022 education key moments](/sites/default/files/styles/paragraph_medium_desktop/article/2022-12/2022%20education%20key%20moments.jpg?itok=av-iWuz8)
Au cours de l’année 2022, le mouvement mondial de transformation de l’éducation a franchi d’importants jalons. Dans le contexte d’une inquiétante crise de l’apprentissage, doublée d’une crise budgétaire, l’UNESCO a lancé un appel à la mobilisation mondiale pour hisser l’éducation au rang des priorités politiques, qui a trouvé un écho dans le monde entier et suscité une adhésion nationale et mondiale renouvelée. De plus, trois conférences mondiales de l’UNESCO – sur la petite enfance, sur l’enseignement supérieur et sur l’apprentissage tout au long de la vie – ont permis de définir une vision et des engagements communs pour réaliser des progrès pendant la décennie à venir. Plusieurs moments et thématiques clés qui ont marqué cette année de transformation pour l’éducation sont résumés ci-dessous.
Un tournant décisif : pourquoi nous devons transformer l’éducation maintenant
Dans sa forme actuelle, notre système éducatif mondial ne parvient pas à fournir à chacun un apprentissage de qualité tout au long de la vie et à participer à la construction de sociétés pacifiques, justes et durables. Les données de l’UNESCO montrent qu’à l’échelle mondiale, 244 millions d’enfants et de jeunes ne sont pas scolarisés. Les jeunes apprenants sont en proie à une crise des apprentissages fondamentaux et des compétences en lecture, écriture et calcul. On estime qu’à l’échelle mondiale, 60 % des enfants de 10 ans ne savent pas lire et comprendre un texte simple. La pandémie de COVID‑19, à l’origine des pires perturbations que l’éducation ait connues, a aggravé la crise de l’inclusion, de la qualité et de la pertinence qui existait déjà auparavant.
Il n’a jamais été aussi indispensable de repenser la manière d’apprendre, les contenus d’enseignement et les moyens d’apprentissage, comme le souligne le rapport phare de l’UNESCO , qui appelle à un nouveau contrat social pour l’éducation. Nous nous trouvons aujourd’hui à un tournant décisif. C’est la raison pour laquelle le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies a organisé en septembre à New York (États-Unis) le , qui a permis de rassembler des dirigeants du monde et de hisser l’éducation au rang des priorités politiques. Des porte-paroles de la jeunesse ont été sollicités tout au long du processus en amont du Sommet et ont adopté la , qui définit leur vision commune de la transformation de l’éducation.
Lors du Sommet, plus de se sont engagés à relancer leur système éducatif et à accélérer leurs efforts pour mettre fin à la crise de l’apprentissage. Afin d’impulser une dynamique en vue du Sommet, l’UNESCO a organisé en juin un , lequel a attiré 154 ministres et vice-ministres de l’éducation et 1 800 participants. À cette occasion, des pays ont pu présenter les premières conclusions de consultations nationales et participer à des discussions multilatérales sur les nouveaux engagements.
![TES Pre-Summit](/sites/default/files/styles/image_map_tablet/article/2022-12/TES%20pre-summit-c-UNESCO-Christelle%20ALIX.jpg?itok=d9Bjx7td)
Connectée, inclusive et écologique : la transformation de l’éducation selon l’UNESCO
L’UNESCO mobilise et consulte l’ensemble des parties prenantes et de ses partenaires pour galvaniser la transformation de chaque aspect de l’apprentissage, y compris en lançant un appel urgent à augmenter le budget de l’éducation. Selon les estimations, il faudrait investir chaque année 200 milliards de dollars des États-Unis supplémentaires dans l’éducation pour que les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur puissent atteindre l’objectif de développement durable no 4 (ODD 4).
L’UNESCO a récemment constaté que dans environ la moitié des 100 pays évalués, les programmes d’enseignement nationaux n’évoquent pas le changement climatique. En outre, près d’un tiers des enfants d’âge scolaire – soit 463 millions – n’ont pas accès à l’enseignement à distance. Ainsi, lors du Sommet sur la transformation de l’éducation, l’Organisation a braqué les projecteurs sur des initiatives cruciales qui visent à intensifier les efforts :
- Préparer chaque apprenant au changement climatique : en s’appuyant sur les connaissances et les pratiques accumulées en matière d’éducation au changement climatique, le nouveau Partenariat pour une éducation plus verte a pour objectif de prendre des mesures fortes, coordonnées et globales pour préparer chaque apprenant à acquérir les connaissances, les compétences, les valeurs et les réflexes destinés à lutter contre le changement climatique et à promouvoir le développement durable.
- Élargir l’apprentissage numérique public : une initiative mondiale sur l’apprentissage numérique public permettra de répertorier et d’analyser les plates-formes et les contenus publics existants ; d’aider les pays à créer et à renforcer leurs plates-formes nationales ; d’inventorier et de diffuser les bonnes pratiques ; ainsi que d’élaborer des règles et des normes internationales destinées à guider la création de plates-formes. Cette initiative vise à garantir que chaque apprenant, chaque enseignant et chaque famille puisse facilement trouver, consulter et utiliser des contenus éducatifs numériques de grande qualité et conformes aux programmes pour progresser dans leur apprentissage.
- Accélérer l’égalité des genres dans l’éducation : l’UNESCO et ses partenaires ont lancé un appel à l’action pour catalyser la coopération et l’action transformatrice sur l’égalité des genres dans et par l’éducation, aidés d’une plate-forme mondiale qui favorise la prise de décisions et la reddition de comptes.
- Faciliter l’accès à l’éducation aux enfants et aux jeunes touchés par des crises : l’UNESCO, avec ses partenaires, a présenté un engagement à agir qui vise à faciliter l’accès à l’éducation aux enfants et aux jeunes touchés par des crises et à améliorer leurs acquis ; à soutenir les enseignants ; et à accroître les financements en faveur des dispositifs d’aide humanitaire et de développement. Cette initiative met en avant une approche globale qui englobe les sphères sanitaires et sociales.
L’importance de l’éducation et de la protection de la petite enfance
Le droit à l’éducation commence dès la naissance. Pourtant, de nouvelles données de l’UNESCO montrent qu’un enfant de 5 ans sur quatre n’a jamais fréquenté l’enseignement préscolaire. À l’échelle mondiale, cela représente 35 millions d’enfants de 5 ans sur 137 millions au total. Alors que des travaux de recherche prouvent les bienfaits de l’éducation et de l’accueil de la petite enfance, seule la moitié des pays du monde garantissent un enseignement préscolaire gratuit. La Conférence mondiale sur l’éducation et la protection de la petite enfance a eu lieu à Tachkent (Ouzbékistan) en novembre. En adoptant la Déclaration de Tachkent, les pays se sont engagés à consacrer au moins 10 % de leurs dépenses totales d’éducation à l’enseignement préscolaire et à veiller à ce que les salaires et les conditions de travail du personnel de ce secteur soient au moins équivalents à ceux des enseignants du primaire.
Enseignement supérieur : comment libérer le talent de la nouvelle génération ?
Dans le monde entier, l’enseignement supérieur évolue très rapidement. Le nombre d’étudiants inscrits à l’université et dans des établissements d’enseignement supérieur a plus que doublé en deux décennies pour atteindre 235 millions. Il devrait encore doubler dans les dix ans à venir, parallèlement à la mobilité internationale des étudiants. Face aux défis toujours plus nombreux en matière de développement durable, au passage au numérique à grande échelle et à l’aggravation des inégalités que connaît notre monde, il apparaît clairement que de nouvelles connaissances et compétences s’avèrent aujourd’hui nécessaires. Ainsi, l’enseignement supérieur doit être transformé pour que la prochaine génération puisse laisser libre cours à son talent. La Conférence mondiale sur l’enseignement supérieur, organisée en mai dernier à Barcelone (Espagne), a donné l’occasion de présenter une feuille de route qui énumère les grands principes et les principales transitions à suivre pour réorienter l’enseignement supérieur pendant les 10 prochaines années.
Droit à l’apprentissage tout au long de la vie : l’importance de l’éducation des adultes
À l’échelon planétaire, on compte aujourd’hui 771 millions d’adultes analphabètes. En outre, de nombreux adultes ne possèdent pas les compétences et les connaissances nécessaires pour répondre aux exigences d’un XXIe siècle de plus en plus numérique. Bien que la participation à l’éducation des adultes progresse en certains endroits, de profondes inégalités d’accès aux formations persistent. Pour renforcer l’engagement mondial en faveur du droit à l’apprentissage tout au long de la vie, l’UNESCO a organisé en juin à Marrakech (Maroc) sa . En adoptant le Cadre d’action de Marrakech, plus de 140 pays ont entrepris de concrétiser la vision d’un droit à l’apprentissage tout au long de la vie. Ce orientera l’évolution de l’apprentissage et de l’éducation des adultes au cours de la prochaine décennie.
Perspectives d’avenir
Pour faire en sorte que les engagements se concrétisent, le Comité directeur de haut niveau ODD 4 – É»å³Ü³¦²¹³Ù¾±´Ç²Ô 2030 a établi de nouveaux indicateurs qui visent à évaluer l’éducation verte et numérique à l’échelle nationale. Il a également enjoint les pays à s’inspirer du processus d’élaboration d’indicateurs de référence pour cet ODD en fixant des objectifs nationaux pour ces deux domaines. Ces indicateurs de référence serviront à mesurer les progrès que chaque pays escompte réaliser d’ici 2025 et 2030.
En 2023, l’UNESCO appelle à maintenir la forte mobilisation politique autour de l’éducation et à préparer la voie pour traduire en actes les engagements et les initiatives mondiales. La Journée internationale de l’éducation, célébrée dans le monde entier le 24 janvier, sera le premier évènement mis sur pied cette année pour veiller à ce que l’éducation figure au rang des priorités des gouvernements dans un contexte mondial de récession, d’aggravation des inégalités et de crise climatique.