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Évolution du Programme GENIE du Maroc depuis l’attribution du Prix UNESCO pour l’utilisation des TIC dans l’éducation 2017
Le programme GENIE a été récompensé du 2017 pour ses travaux dans l’utilisation innovante des technologies de l’information et de la communication (TIC) dans l’éducation.
Lancé en 2005, le Programme GENIE est une politique et une initiative nationale à long terme et à grande échelle élaborée et mise en œuvre par le Ministère de l’éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique du Maroc. Il vise à intégrer les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour améliorer l’accès et la qualité de l’éducation dans les écoles primaires et secondaires. Il énonce les éléments clés d’une politique nationale efficace sur les TIC dans l’éducation, tels que les infrastructures, la formation des enseignants, l’élaboration de ressources numériques et la transformation des pratiques d’enseignement et d’apprentissage.
Ilham Laaziz, le directeur du programme GENIE, présente à l’UNESCO l’évolution du programme depuis l’attribution du prix et ses projets d’avenir.
Six mois après, quel a été l’impact de l’attribution du Prix sur le programme ?
Au travers du Prix UNESCO-Roi Hamad bin Isa Al Khalifa, la reconnaissance par l’UNESCO de la qualité de la stratégie et des réalisations du programme GENIE a eu un impact positif sur les enseignants. La demande de production de ressources numériques a eu des échos positifs car nous avons eu une participation accrue en 2018 et nos partenaires, les fournisseurs de matériels, continuent à soutenir le programme, ayant eu l’assurance de sa qualité et de son impact sur la culture numérique. Par exemple, l’un de nos donateurs qui avait fourni 1 100 tablettes à une centaine d’écoles rurales a renouvelé son partenariat en fournissant 1 500 tablettes supplémentaires à 100 nouvelles écoles !
Le programme est mis en œuvre depuis 2005. Quels résultats ont été obtenus depuis son lancement ?
Le programme GENIE a été adopté en 2006 par le Comité de gestion du Service universel des télécommunications (CGSUT) et financé par le Fonds du service universel des télécommunications (FSUT). Il comprend plusieurs volets. Le premier est la formation : la formation des enseignants est essentielle au succès du programme. 87 % (260 000) membres de la direction et du personnel de l’éducation ont déjà été formés ; quatre modules élaborés suivant le cadre de compétences CBTB de l’UNESCO ; 900 formateurs principaux ; 148 centres de formation aux TIC dans tout le pays ; près de 120 000 personnes formées à l’utilisation des outils informatiques.
Un autre volet du programme concerne les ressources numériques : nous avons acquis un certain nombre de ressources numériques entre 2010 et 2013, et les avons fournies aux écoles déjà équipées. Le Laboratoire national de ressources numériques (LNRN) a fourni des ressources numériques aux écoles, créé plusieurs et mis au point plus de 300 REL par le biais d’un appel à propositions organisé durant les examens annuels pour le personnel enseignant.
Le troisième volet du programme concerne le développement des usages pédagogiques. Ce volet a été introduit après la révision du programme en 2009, afin de faire en sorte que les utilisateurs soient guidés grâce à des informations, une assistance, un suivi et des comptes rendus. Une équipe a été nommée à un niveau centralisé pour coordonner les activités en termes de normalisation, conseil et suivi de la stratégie à l’échelle régionale, provinciale et locale. Des forums régionaux sont également organisés régulièrement, et plus de 2011 ateliers se sont tenus à l’intention du personnel éducatif. Afin d’accompagner les changements auxquels le système éducatif est confronté en matière d’intégration des TIC, il a été nécessaire de créer un cadre pédagogique national, général et pour chaque matière, afin d’orienter les pratiques d’enseignement en partageant des méthodes et des stratégies visant à améliorer la qualité de la pédagogie.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées dans la mise en œuvre du programme ?
La résistance naturelle au changement a été l’une des principales difficultés, mais la mise en œuvre d’une stratégie visant à développer les usages pédagogiques à l’intention des enseignants nous a aidés à résoudre ce problème. Par ailleurs, la maintenance des équipements est un autre défi.
Quelle est l’importance de la culture numérique pour le développement des compétences numériques ?
Le personnel éducatif est formé à la culture numérique par le biais de séances de formation ou de plates-formes en ligne.
La culture numérique est également enseignée aux enfants, à la fois par l’enseignement de l’informatique en tant que matière ou par l’intégration de l’informatique dans toutes les autres matières.
Quels sont les plans pour l’avenir du programme ?
Les programmes scolaires au Maroc ont changé en 2003. Avec le lancement du programme GENIE en 2005, une nouvelle stratégie visant à développer les contenus conformément aux recommandations d’utiliser les TIC dans les pratiques des enseignants a été adoptée. Les nouveaux programmes en cours d’élaboration prendront en compte ces recommandations d’utiliser les TIC autant que possible (équipement et connexion internet). N’oublions pas qu’au Maroc, les 11 000 écoles, dont 40 % sont situées en zone rurale, présentent un taux d’équipement de 87 %. Toutefois, les écoles satellites liées aux 7 000 écoles primaires n’ont accès aux infrastructures que si les enfants se rendent dans les écoles principales ou si les matériels sont amenés à ces écoles. C’est ce qui nous motive à choisir une stratégie d’incitation en mettant ces ressources à disposition du plus grand nombre.
Par ailleurs, le programme a introduit le codage au moyen d’un logiciel ouvert appelé « scratch », qui a fait découvrir le codage à 600 000 personnes depuis 2015 lors d’une manifestation intitulée « Africa Code Week ». Notre but était d’intégrer le codage dans le programme du primaire durant l’année scolaire afin de développer la culture informatique des élèves. Depuis 2016, 1 200 enfants ont été formés à l’utilisation de cette nouvelle technologie au cours de leur première année dans des écoles pilotes ; cette phase sera progressivement étendue à l’ensemble des régions.
Les programmes des nouveaux diplômes en sciences de l’éducation destinés aux nouveaux enseignants comprendront également des modules de formation en TIC.
Quel est, selon vous, le rôle des technologies dans l’éducation ?
Les outils numériques apportent un soutien didactique qui permet aux enseignants de résoudre des situations complexes. Par exemple, en biologie, de courtes vidéos des systèmes reproducteurs des plantes permettent aux enfants de comprendre les différentes étapes de la graine à l’apparition des racines. On peut trouver d’autres exemples montrant l’utilité de la visualisation 3D en mathématiques, géographie, etc.
L’enseignement des sciences sociales peut aussi bénéficier des TIC pour l’apprentissage des langues ; les tâches répétitives, par exemple, sont facilitées par des applications. J’ai été surpris de découvrir qu’un enseignant en philosophie avait développé une bannière numérique de philosophes directement liée à leur travail.