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Quelle participation des jeunes dans la mise en œuvre de la Stratégie marocaine pour la jeunesse ?

« Nous avons pu diagnostiquer les failles, les enjeux et les contraintes de la Stratégie nationale de la jeunesse afin d’élaborer un plaidoyer à l’adresse des services publics », déclare la jeune Yasmine Boutayeb de l’Institut Prometheus qui a pris part à l’atelier organisé par l’UNESCO à Rabat, Maroc, du 27 au 28 février 2015.

Ainsi, pendant 2 jours, les organisations de la jeunesse ont pu développer des analyses et des propositions d’actions pour les deux prochaines années. « Nous avons abordé la Stratégie sous 3 angles : le financement et la reddition des comptes, la gouvernance et la coordination, ainsi que la territorialisation, » explique Madiha Taouss de l’association Jeunes pour Jeunes.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre du Projet NET-MED Youth, initié par l’UNESCO, en coopération avec l’Union européenne, dans 10 pays du sud de la Méditerranée, et ayant pour objectif le renforcement de la participation des organisations de jeunesse dans l’élaboration et la révision des politiques publiques. « La politique, ce sont des institutions, des codes et des lois. Si les jeunes veulent participer, ils doivent renforcer leurs capacités. Sinon ils demeureront hors-jeu politique. D’où l’importance d’acquérir les outils de lecture et d’analyse des politiques publiques, » martèle d’entrée de jeu Fethi Touzri, ancien Secrétaire d’État tunisien à la Jeunesse.

Selon Rachid Bentaibi du Ministère marocain de la Jeunesse et des Sports « NET-MED Youth intervient à un moment important de l’histoire du Maroc, caractérisé par de grandes mutations sociales, et devrait faciliter la participation des jeunes dans le dialogue et la concertation nationale, et en aidant à repenser les mécanismes de pilotage intersectoriel de cette stratégie ainsi que la convergence des politiques publiques ».

Financement, transparence et reddition des comptes

Aider à renforcer le principe de redevabilité des instances nationales et comprendre les mécanismes de financement de la Stratégie nationale de la jeunesse, tel est l’objectif fixé par les organisations de jeunesse pour les deux prochaines années. La participation aux travaux du Parlement, la collecte et l’analyse de l’information et de la documentation financière et budgétaire auprès des institutions concernées ainsi que la réflexion sur la diversification des financements tel que conseillé par le Professeur Mohamed Sbihi de l’Université de Rabat-Agdal qui a plaidé lors de l’atelier pour  « une interconnexion entre les budgets publics et un financement transversal ».

Pour une territorialisation de la politique de jeunesse

L’accélération de la régionalisation avancée au Maroc constitue un enjeu majeur pour les organisations de jeunesse qui se proposent de travailler sur les mécanismes d’inclusion des jeunes au niveau territorial. Nombres d’entre elles ont fait valoir leur expérience dans la mise en place d’espaces de consultation locale et proposent des solutions, telles que  la révision du statut, l’assise juridique et financière des conseils locaux des jeunes. Le partage d’expériences étrangères dans ce domaine a constitué un moment fort de la rencontre.

« Pour s’occuper des jeunes, il faut être à un niveau local afin de rendre compte sur son mandat politique et aussi avoir des actions plus adaptées aux jeunes du territoire ciblé. Les instances régionales ou locales peuvent aider, techniquement et financièrement, et créer des contre-pouvoirs. La difficulté réside dans la coordination entre le niveau national et le niveau local », a indiqué Julien Blanc, Conseiller du Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) en France, qui a introduit le cas du Plan Priorité Jeunesse et sa déclinaison au niveau de la région PACA.

Gouvernance, partenariat et représentation

Selon les jeunes, le suivi et l’observation des dispositifs de pilotage de la stratégie permettront d’« occuper le terrain ».  Trois démarches sont envisagées, relève Zoubida Mseffer, la coordinatrice nationale du Projet :

  • faire connaitre et informer les jeunes sur les contenus et dispositifs de la Stratégie par des actions de terrain, en mobilisant les médias et les réseaux sociaux;
  • être présents dans les instances spécifiques ; et
  • agir sur le cadre juridique des dispositifs de concertation entre la société civile et les institutions nationales.

Les jeunes ont ainsi fait valoir la nécessité d’une représentativité concrète et large dans les instances locales, prenant exemple sur le Conseil Fédéral de la Jeunesse Allemande, représenté par Iris Nadolny. Les actions des deux prochaines années se concentreront notamment sur la prochaine loi-cadre de la jeunesse et sur la mise sur les rails du Conseil consultatif de la Jeunesse et de l’Action Associative, et enfin sur la mise en réseau des organisations de la société civile à travers une stratégie de partenariats et de communication avec les médias, s’inspirant de la communication du Collectif Génération Précaire (France) représenté par Julien Bayou. 

« Le partage d’expériences et de cas d’études du Liban, d’Allemagne, de France, du Canada et de la Tunisie ainsi que la mise en réseau des compétences développées par les organisations de jeunesse dans les pays de la région arabe depuis 2011 constituent indéniablement l’un des atouts de NET-MED Youth, » souligne Phinith Chanthalangsy de l’UNESCO. « Nous sommes devant un chantier important dans lequel les jeunes veulent s’impliquer et faire des propositions afin de relever les défis bien identifiés. La motivation de l’engagement politique et la coordination de la multitude d’acteurs sont au cœur de l’action conjointe de l’UNESCO et de l’Union européenne ».

Contacts

Phinith Chanthalangsy, p.chanthalangsy(at)unesco.org

Zoubida Mseffer, z.mseffer(at)unesco.org