Lorsque l’intelligence artificielle rencontre la justice, les enjeux sont importants. Les erreurs ou les biais des systèmes d’IA peuvent compromettre l’équité judiciaire, éroder la confiance du public et mettre en péril les droits fondamentaux. Malgré le potentiel de transformation de l’IA, seuls 9 % des opérateurs judiciaires dans le monde »å鳦±ô²¹°ù±ð²Ô³Ù disposer de lignes directrices ou de formations liées à l’IA. En adoptant des règles éthiques en matière d’IA, la Colombie rejoint un groupe restreint de pays qui montrent la voie en veillant à ce que la technologie soit au service de la justice sans compromettre les droits de l’homme.
Le leadership de la Colombie dans l’adoption de lignes directrices éthiques en matière d’IA pour le système judiciaire crée un précédent mondial. L’UNESCO est fière de soutenir cette étape importante, en veillant à ce que l’IA renforce les systèmes judiciaires tout en défendant les droits de l’homme et l’intégrité judiciaire.

Un effort de collaboration pour une IA éthique
Cette réalisation a été rendue possible grâce à un partenariat entre l’UNESCO et le Conseil supérieur de la magistrature de Colombie. Ensemble, les deux institutions ont adapté les Lignes directrices de l’UNESCO pour créer les Lignes directrices colombiennes pour l’utilisation responsable et sûre de l’IA générative dans le pouvoir judiciaire, en décembre 2025 après des mois de consultations d’experts et du public.
« Ces lignes directrices représentent un premier pas vers une utilisation responsable de l’IA, mais doivent évoluer parallèlement aux progrès de la technologie, de la réglementation et de la jurisprudence », a souligné Diana Alexandra Remolina BotÃa, Présidente du Conseil supérieur de la magistrature de Colombie.
Les lignes directrices colombiennes vont au-delà des principes éthiques tels que l’égalité, la transparence, la protection des données et l’explicabilité. Elles proposent des conseils pratiques sur la mise en œuvre éthique de l’IA dans différentes affaires judiciaires. Par exemple, elles établissent une distinction entre les applications à faible risque, comme la rédaction de mails, et les scénarios à plus haut risque, comme la recherche d’informations jurisprudentielles, qui requièrent une surveillance rigoureuse.
Garantir la responsabilité et l’innovation
Les lignes directrices assignent des responsabilités spécifiques aux acteurs du système judiciaire. Par exemple, le personnel des tribunaux et les opérateurs judiciaires doivent clairement divulguer si, comment et quels outils d’IA ont été utilisés dans les décisions judiciaires afin de maintenir la transparence et l’intégrité. En outre, l’Unité colombienne pour la transformation numérique et l’informatique est chargée d’explorer des solutions innovantes en matière d’IA tout en réalisant des études d’impact pour tenir compte des risques liés à la confidentialité, à la dépendance technologique et aux droits fondamentaux.
Le parcours de la Colombie vers une IA éthique a commencé par un défi : un de la Cour constitutionnelle de l’année dernière a conclu que l’utilisation non réglementée de l’IA générative par les juges pourrait enfreindre le droit à un procès équitable. La Cour a souligné que si l’IA générative ne pouvait pas remplacer le raisonnement judiciaire, elle avait un potentiel important de renforcement des institutions en répondant aux demandes de justice de la société. Cela est d’autant plus urgent que plus de 2,2 millions d’affaires étaient en cours devant le système judiciaire colombien l’année dernière.
Les promesses et les risques de l’IA dans la justice
La recherche souligne le potentiel de l’IA à révolutionner les systèmes judiciaires. Par exemple, le tribunal d’État de São Paulo a réduit les délais de traitement des affaires de 87 % grâce à des outils d’IA. Accompagnées de lignes directrices éthiques, ces avancées peuvent renforcer l’état de droit et l’accès à la justice.
Grâce à son Programme sur l’IA et l’état de droit, l’UNESCO fournit aux juges et aux systèmes judiciaires du monde entier des cadres pour exploiter l’IA de manière responsable. « L’IA recèle un potentiel de transformation pour les systèmes judiciaires », a déclaré M. Jelassi. « Elle offre des outils pour accélérer la résolution des affaires tout en sauvegardant les droits fondamentaux. »
La démarche pionnière de la Colombie n’est qu’un début. Alors que d’autres pays cherchent à relever des défis similaires, son exemple constitue un puissant précédent pour l’intégration éthique et efficace de la technologie dans les systèmes judiciaires.