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Notre principal défi est de conserver la confiance de notre public
Rares sont ceux qui peuvent se consacrer pleinement à approfondir les faits et à présenter les informations indépendantes et impartiales dont le public a tant besoin pour prendre des décisions éclairées. Ces quelques reporters doivent être protégés et aidés ; nous devons beaucoup à leurs récits.
Margo Smit est journaliste d'investigation depuis 1997. Elle est actuellement médiatrice pour toutes les productions journalistiques du système de diffusion publique néerlandais. Interrogée sur les raisons qui l'ont poussée à s'engager dans le journalisme d'investigation, elle a expliqué que « sa curiosité dépassait ce que permettait la rapidité des reportages quotidiens », et qu'elle « était une meilleure chercheuse (...) lorsqu’elle fouillait tranquillement dans les documents et les données », même si elle admirait « ses collègues sur le front et la frénésie quotidienne ».
Mme Smit est l'une du , la seule récompense consacrée au travail des journalistes dans le système des Nations Unies. Le jury examinera les nominations et décidera du lauréat de cette année, qui sera annoncé à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai.
En 1989, Margo Smit a commencé à travailler comme journaliste d'information et de reportage pour la chaîne de télévision néerlandaise RTL4, dont elle est ensuite devenue la correspondante politique. En 1997, alors qu'elle commençait à travailler pour la société de diffusion publique KRO, Margo Smit a enquêté sur la monarchie néerlandaise, la sécurité nucléaire, la transparence financière des multinationales, l'islam et l'industrie du tabac, entre autres. Elle a également coproduit un documentaire sur la vie d'Ayaan Hirsi Ali, nominée pour le Prix Europa 2005.
Pour elle, le journalisme d'investigation et les reportages approfondis sont essentiels de nos jours car « la désinformation se propage rapidement et peut, dans un écosystème d'informations international, avoir des répercussions mondiales ». C'est pourquoi « ceux (qui) peuvent se consacrer pleinement à approfondir les faits et à présenter les informations indépendantes et impartiales dont le public a tant besoin pour prendre des décisions éclairées (…) doivent être protégés et aidés »
En 2012, Margo Smit a rédigé un rapport pour le Parlement européen sur l'état du journalisme d'investigation au sein des États membres de l'Union européenne et sur le rôle du journalisme d'investigation dans la dissuasion de la fraude aux fonds européens. Margo Smit est membre du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) et a couvert l’enquête #LuxLeaks sur l'évasion fiscale par le Luxembourg pour la télévision publique néerlandaise.
Pour elle, le principal défi du journalisme aujourd'hui est de « conserver la confiance de notre public ». Mme Smit affirme que « nous devons (au public) des reportages factuels, irréprochables et justes », car « même lorsque nous tenons nos promesses, certaines forces discréditent notre travail auprès du public ».
Avant d'occuper son poste actuel, Margo Smit était médiatrice à la chaîne d'information NOS et Directrice de la Dutch-Flemish association of investigative journalists (VVOJ). Elle a également été professeure de journalisme à la Rijksuniversiteit Groningen et conférencière invitée dans d'autres écoles de journalisme (internationales). Margo Smit est également Présidente de l’Organisation des médiateurs de presse et des rédacteurs publics et normatifs (ONO), et Vice-Présidente du Réseau mondial du journalisme d'investigation (GIJN).
Le jury est composé de six professionnels des médias du monde entier, reconnus pour leur travail d'investigation de premier plan et leur défense de la liberté d’expression. Décerné chaque année à l’occasion de la (le 3 mai), qui sera célébrée du 2 au 5 mai cette année à Punta del Este, en Uruguay, le prix est attribué lors d’une cérémonie au cours de laquelle le lauréat reçoit une somme de 25 000 $.
Ce prix a été créé par le Conseil exécutif de l'UNESCO en 1997 en hommage à Guillermo Cano, journaliste colombien mort dans l’exercice de sa profession. Il récompense chaque année une personne, une organisation ou une institution ayant contribué de façon remarquable à la défense et/ou la promotion de la liberté de la presse dans le monde, notamment lorsque des risques ont été encourus.
L'appel à candidatures pour l'édition 2022 du Prix est désormais clos. Le nom du lauréat 2022 sera divulgué avant la Journée mondiale de la liberté de la presse (3 mai).