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L'UNESCO et l'ICFJ publient une nouvelle étude sur la violence en ligne contre les femmes journalistes

À l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, l'UNESCO et le Centre international pour les journalistes (ICFJ) ont publié deux chapitres extraits du prochain rapport complet intitulé The Chilling: A global study of online violence against women journalists (étude mondiale sur la violence en ligne contre les femmes journalistes).
Online violence against women journalists

Les publications, intitulées et , traitent du rôle des organismes de presse et des entreprises technologiques dans la lutte contre la violence en ligne et la création d'un espace en ligne plus sûr pour les femmes journalistes.

Elles s'appuient sur les recherches multiformes et interdisciplinaires menées pendant deux ans par une équipe de 23 chercheurs internationaux issus de 16 pays pour fournir des recommandations concrètes à ces acteurs essentiels. Chaque chapitre contient plus de 20 recommandations à l'intention des salles de presse et des sociétés de l’Internet, respectivement, pour lutter contre la violence en ligne à l'encontre des femmes journalistes.

Les chapitres et les recommandations qui les accompagnent ont servi de cadre à deux sessions de la conférence de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Julissa Mantilla Falcón, Présidente de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, a ouvert la session UNESCO/ICFJ intitulée « Newsroom Responses to Online Violence Against Women Journalists Â» aux côtés de Tawfik Jelassi, Sous-directeur général de l'UNESCO pour la Communication et l'Information.

Avoir un rédacteur en chef spécialiste du genre ne suffit pas. Avoir un atelier sur le genre ne suffit pas. C'est tout un engagement, c'est une question de justice. Les femmes ne demandent pas de faveurs. Elles demandent justice.

Julissa Mantilla FalcónPrésidente de la Commission interaméricaine des droits de l'homme

Ensuite, lors d'une conversation avec Kiki Mordi, modératrice et journaliste d'investigation, les responsables des salles de rédaction Carmen Aristegui (Aristegui Noticias, CNN ·¡²õ±è²¹Ã±´Ç±ô), Glenda Gloria (Rappler) et Branko Brkic (Daily Maverick), ont abordé les mesures prises pour protéger les journalistes de la violence sexiste en ligne et des réponses et du soutien apportés lorsque ces attaques ont touché des journalistes de leurs organismes. Leurs expériences ont renforcé le message de Julie Posetti, chercheuse principale de l'étude et Vice-Présidente adjointe, Recherche mondiale (ICFJ).

C'est une question de sécurité au travail tout autant que de fournir à vos correspondants de guerre un gilet pare-balles. 

Julie PosettiChercheuse principale de l'étude et Vice-Présidente adjointe, Recherche mondiale (ICFJ)

Le même jour, à l’occasion de la session organisée par l'UNESCO et la Fondation Thomson Reuters intitulée « Developing Effective Tools to counter gender-based online harassment Â» (Développer des outils efficaces pour lutter contre le harcèlement en ligne basé sur le genre), les intervenants ont discuté des solutions pratiques que les entreprises technologiques pouvaient proposer pour prévenir les conséquences de la violence en ligne contre les femmes journalistes et protéger les victimes de ces attaques de plus en plus courantes lorsqu'elles persistent. Rocio Jimenez Calderon, Gestionnaire des incidents de sécurité chez Access now, a révélé que les incidents signalés à son organisation avaient augmenté en nombre ces dernières années, notamment de 25 % en 2021.

Dans ce contexte, Thomson Reuters et Jigsaw ont présenté , un nouvel outil de code open-source qui aide les utilisateurs à filtrer et à stocker les messages haineux reçus sur les plateformes en ligne, à commencer par Twitter dès son lancement en juin 2022. Patricia Georgiou, Responsable des partenariats et du développement commercial chez Jigsaw, a insisté sur l'importance de la modération, également recommandée dans le chapitre de "The Chilling".

Nous avons besoin de modération pour nous débarrasser de certaines couches de toxicité afin de laisser la place à plus de voix, car ce sont parfois les voix les plus méchantes qui crient le plus fort.

Patricia GeorgiouResponsable des partenariats et du développement commercial chez Jigsaw

Les chapitres ont été précédés, en 2021, par, un document de travail mettant en lumière les principales conclusions de l'étude. Ils font partie de l'étude complète, qui sera lancée cette année et qui comportera deux Ã©tudes de cas de données de masse (big data) évaluant plus de 2,5 millions de messages sur les réseaux sociaux adressés aux journalistes de renom Maria Ressa (Philippines) et Carole Cadwalladr (Royaume-Uni), 15 Ã©tudes de cas détaillées par pays et une bibliographie complète.

The Chilling: global trends in online violence against women journalists; research discussion paper
Posetti, Julie
UNESCO
Shabbir, Nabeelah
Maynard, Diana
Bontcheva, Kalina
Aboulez, Nermine
2021
With financial support from UNESCO’s Multi-Donor Programme on Freedom of Expression and Safety of Journalists and the Swedish Postcode Foundation
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