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La prévention de l’extrémisme violent au cœur d’une compétition de débat entre étudiants tunisiens

« J’entends toujours parler des extrémistes et surtout des terroristes via les réseaux sociaux et les médias, et je n’ai jamais pris la peine de me renseigner sur ce qui pouvait pousser un jeune à rejoindre ces groupes. Je me suis rendu compte que j’avais moi-même tendance à stigmatiser les jeunes des régions les plus exclues, au lieu de comprendre les challenges auxquels ils font face, et d’identifier des pistes de solutions pour les intégrer », raconte un étudiant tunisien ayant pris part aux formations  organisées le  24 novembre 2019 par autour de la prévention de l’extrémisme violent.  

Ces deux formations, organisées dans le cadre du projet « Prévention de l’extrémisme violent à travers l’autonomisation des jeunes en Jordanie, Lybie, Maroc et Tunisie », ont réuni une trentaine d’étudiants et 5 professeurs autour des notions de base du débat, les techniques d’argumentation et les techniques de recherches autour de la prévention de l’extrémisme violent. Ces ateliers ont permis aux jeunes de se former pour la compétition de débat, un modèle basé sur le “World School Debate Competition” utilisé par le parlement britannique pour débattre les lois, qui a eu lieu au sein de l’ENSTAB (L'Ecole Nationale des Sciences et Technologies Avancées à Borj Cédria). Cette technique leur a permis d’initier les jeunes étudiants au plaidoyer et surtout de proposer des solutions applicables en termes de prévention de l’extrémisme violent.

Durant la phase de formation, les participants ont constaté que le concept d’extrémisme était généralement relié au terrorisme et à l’Islam. Afin de clarifier cette confusion, les jeunes étudiants ont réalisé une recherche sur la terminologie de l’extrémisme violent.

Le débat est apparu comme un outil privilégié pour parler d’un sujet aussi sensible que l’extrémisme violent, car il permet d’instaurant une culture non-violente dans le partage d’opinions sur des sujets sensibles voire tabou au sein des universités.

Les formations du 30 octobre, ainsi que la compétition de débat se sont déroulées en langue anglaise. En effet, la plupart des recherches et des sources sur le sujet sont en anglais, et pour les jeunes, réaliser des plaidoyers en anglais sur ces sujets sensibles est un bon moyen de sensibiliser les opinions au-delà de leur communauté ou de leur pays. C’est un moyen de faire raisonner sa voix sur la scène internationale. Les participants se sont divisés en 6 équipes de 3 personnes. Ils étaient accompagnés de 5 professeurs ainsi que d’un représentant du ministère de l’éducation supérieure et de la recherche scientifique.  Se sont également joints à eux une trentaine d’étudiants de l’institution ENSTAB, issus de différentes régions de pays, notamment Bizerte, Nabeul et Ariana.

Les débats ont permis de mettre en lumière quelques-uns des principaux facteurs de radicalisation et de l'extrémisme :

  • La marginalisation et l’absence d’encadrement social, économique et culturel, qui favorise la violence ;
  • Le manque d’intervention de l'État dans ses zones rurales pour lutter contre la violence et l'extrémisme ;
  • Le stress quotidien à cause des pressions sociales et économiques cause la dépression et la vulnérabilité des jeunes, qui les poussent à se tourner vers de nouvelles alternatives telle que les groupes extrémistes ;
  • L’immigration comme facteur favorisant la radicalisation, en tant que cause majeure de l’inflation et la disparité sociale ;
  • La surpopulation et l’absence de cohésion sociale favorise la violence et l'extrémisme surtout dans les transports et les endroits publics.

Les étudiants se sont donc attelés à l’identification de solutions concrètes et applicables, notamment :

  • L’importance du programme éducatif dans la construction de la psychologie et de la personnalité des étudiants. Ils ont illustré leurs idées par l’exemple de l’intégration de l’éducation sexuelle dans le programme éducatif, qui pourrait réduire la violence et le harcèlement sexuel ;
  • Enseigner les valeurs de la vie quotidienne à travers l’instauration de la culture de débat et le respect de l’autre ;
  • Supporter techniquement et financièrement l’innovation des jeunes étudiants dans leurs créations ;
  • Intégrer l’aspect de l'éducation civique et le volontariat comme pédagogie obligatoire afin d’inspirer les jeunes à s’engager dans les activités associatives et sociales.

“Débattre devant un public est un sentiment exceptionnel. J’ai appris à gérer mon stress, à structurer mes idées, et à convaincre une audience tout en restant dans une communication non-violente”, a déclaré l’un des participante au débat.

Enfin, les jeunes ont décidé d’instaurer la création de clubs de débat et de formation quotidienne des jeunes étudiants sur les techniques d’argumentation, les soft skills, les techniques  de plaidoyer, et le débat. L’idée est d’instaurer une nouvelle culture de communication non-violente et d’ouvrir un espace de dialogue sur tous les sujets qui touchent les jeunes au sein de l’établissement universitaire.

La compétition en images !

  • Regarder la vidéo récapitulative des formations aux débats :
  • Regarder la vidéo récapitulative de la compétition de débat :                                                

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Le projet « Prévention de l’extrémisme violent à travers l’autonomisation des jeunes en Jordanie, Lybie, Maroc et Tunisie » a pour ambition d’activer le pouvoir transformateur de l’éducation, des sciences, de la culture, et des médias pour construire l’immunité intellectuelle des jeunes femmes et hommes. L’une des clés pour y arriver est de mobiliser les universités et les réseaux d’étudiants, comme acteurs de prévention, pour développer des programmes de revitalisation sociale et culturelle au sein de leurs campus et, et plus largement, au sein de leurs communautés.

iiDebate est une ONG à but non lucratif et apolitique créée en 2013 par des jeunes professionnels et des étudiants qui aspirent à un meilleur système éducatif en Tunisie. Doté d’un réseau de plus de 220 membres actifs et 40 partenaires dans toutes les régions Tunisienne, iiDebate vise à engager les jeunes âgés de 15 à 29 ans pour qu’ils deviennent actifs dans leurs communautés, plus particulièrement sur le thème de la prévention de l'extrémisme violent.