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La France restitue un buste à la Libye
En 2022, l’Office Central de lutte contre le trafic des Biens Culturels (OCBC) a diligenté une enquête préliminaire dans laquelle un large torse drapé et fragmentaire en marbre a été saisi en France. Cette enquête menée sous l’autorité du parquet de Paris (section spécialisée dans la lutte contre la criminalité organisée) a débuté à la suite d’un signalement effectué par le Musée de Louvre après une demande de certificat d’exportation. Le musée a ensuite alerté le Service des Musées de France (Ministère de la Culture) qui a lui-même prévenu l’OCBC. Cette demande émanait d’une galerie étrangère agissant pour le compte d’un client privé habitant sur le territoire français. Après une étude poussée réalisée par la Mission Archéologique ¹ó°ù²¹²Ôç²¹¾±²õe de Libye, le buste a été authentifié comme provenant de la nécropole de l’antique Cyrène (ou de ses proches environs), site faisant l’objet de pillage depuis de nombreuses années. Le buste figure ainsi parmi les catégories d’artefact répertoriées dans la Liste rouge de l’ICOM dédiée au patrimoine libyen en péril.
Les investigations françaises ont mis en lumière des faisceaux d’indices convergents vers une découverte illicite de la sculpture. Face aux conjectures supposées du pillage, la galerie a indemnisé son client et a accepté la demande de restitution à l’État libyen, décision validée par le magistrat en charge de l’enquête. Ce buste saisi par l'OCBC a été restitué le 12 octobre 2023 au cours d’une cérémonie à l’Ambassade de Libye, afin d’officialiser le retour de ce bien culturel à son pays d’origine et mettre en lumière la coopération internationale entre ces deux pays.
Cette affaire est exemplaire par la manière dont les professionnels des différents secteurs - les professionnels des musées, du ministère de la culture, de la justice, des forces de l’ordre françaises et du marché de l’art - ont collaboré pour identifier le statut illicite du buste et parvenir à sa restitution. Cette affaire marque également l'importance des Listes rouges de l'ICOM pour empêcher l’achat d’objets illégalement mis sur le marché en sensibilisant aux catégories d’objets les plus vulnérables d’un pays ou d’une région. Il s'agit ainsi d'un outil très utile dans l'exercice de la diligence requise des professionnels du marché de l'art. Cette affaire marque également le rôle important joué par les acteurs du monde de l'art, telles que les galeries, qui une fois la provenance illicite démontrée peuvent avoir un rôle significatif dans la restitution d’un patrimoine à son légitime propriétaire.