Comme nous avons reçu un nombre massif de personnes à Nkongsamba en raison de la crise qui sévit dans les régions voisines, les nouvelles réalités de la coexistence ont entraîné de nombreuses tensions entre les communautés d'accueil et les personnes déplacées. Je savais que notre approche de la communication publique à la radio devait changer.
L'UNESCO, dans le cadre du projet conjoint (avec l'OIM) sur la "coexistence pacifique" dans les régions du Littoral et de l'Ouest du Cameroun, a organisé un atelier de renforcement des capacités de trois jours visant à doter les jeunes moteurs de communication de connaissances et de compétences pour produire des informations de qualité sur la coexistence pacifique dans les communautés abritant des personnes déplacées dans les conseils de Babadjou, Bafoussam I, Mbouda et Santchou dans la région de l'Ouest ; et dans les conseils de Douala 4, Manjo, Melong et Nkonsamba I de la région du Littoral.
L'atelier qui s'est déroulé à Kribi (Cameroun) a accueilli 56 participants des régions du Littoral et de l'Ouest, dont des animateurs de radios communautaires, des conseillers municipaux, des responsables locaux du Conseil national de la jeunesse et des points focaux pour la paix et l'égalité des sexes dans les huit conseils du projet.
Le processus de collecte, de traitement et de diffusion d'informations sur des questions sociétales n'est plus le domaine exclusif des journalistes qualifiés. Aujourd'hui, à l'aide de simples appareils mobiles et de technologies connexes, les individus collectent et diffusent des informations pour une consommation de masse. Le risque de désinformation existe et les conséquences peuvent être massives compte tenu de la vulnérabilité des personnes déplacées.
Considérant que le processus de communication peut être un instrument sérieux de paix sociale et de vivre ensemble harmonieux, respectueux des droits humains fondamentaux, le défi de l'atelier était de mobiliser les jeunes qui sont si actifs sur les plateformes de communication numériques et traditionnelles (stations de radio communautaires), pour comprendre l'importance de la paix par rapport à la production d'informations pour la consommation de masse dans l'espace civique local qui est leur cadre de vie commun.
L'atelier s'est déroulé en cinq modules visant à former les participants à une meilleure compréhension des processus de communication communautaire et à la production d'informations de qualité par le biais d'un processus de production responsable impliquant la collecte, le traitement et la diffusion d'informations de qualité. Lors de sessions pratiques, les participants se sont réunis en groupes pour réfléchir et développer des contenus éditoriaux pour le développement et la construction de la paix.
Je suis venue à l'atelier avec de nombreuses questions sur les limites de notre liberté journalistique de communiquer des informations en temps opportun, car une scène dont j'ai été témoin m'a amenée à transmettre l'information telle que je la voyais, ce qui a eu des conséquences très graves sur mon travail. Après la première session de l'atelier, j'ai compris que les informations susceptibles de provoquer des conflits et d'aggraver les tensions au sein de la communauté doivent être correctement évaluées et soigneusement diffusées, en attendant que les enquêtes judiciaires dévoilent la vérité.
D'autres sessions de l'atelier ont formé les participants à la production de programmes radio, à la production de contenu numérique sensible au genre pour les communautés, dans leur effort pour promouvoir la coexistence pacifique et le développement local. Les points focaux pour la paix et le genre ont également été formés à l'établissement de rapports sur la violence liée au sexe par le biais d'une production d'informations de qualité.
A la fin de l'atelier, Mohamadou et deux autres participants (Joshua de Bafoussam I et Jones de Mbouda) ont présenté une chanson pour la construction de la paix qu'ils avaient composée pendant l'atelier.
Nous ne nous connaissions pas avant de venir ici, mais à la fin de l'atelier, nous ne sommes pas seulement des amis, nous sommes maintenant des frères et un groupe de musique. Nous avons été inspirés par le module d'introduction de l'UNESCO sur la construction de la paix et la coexistence pacifique au début de l'atelier et nous avons donc créé une chanson pour la paix.
