Children on a canoe in Beni Biosphere Reserve, Bolivia

Histoire

Changement transformateur et le nexus biodiversité, eau, alimentation, santé et changement climatique : le rôle de l'UNESCO

La Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) a publié en décembre 2024 deux nouvelles évaluations.

Dans un monde confronté aux triples crises de perte de biodiversité, changement climatique et pollution, ces dernières évaluations de l'IPBES offrent des perspectives critiques sur les moyens de progresser vers un avenir plus durable et harmonieux: l'évaluation thématique des interconnexions entre biodiversité, eau, alimentation et santé (évaluation sur le Nexus) et l'évaluation thématique des causes profondes de la perte de biodiversité, des déterminants du changement transformateur et des options pour atteindre la vision 2050 pour la biodiversité (évaluation sur le Changement transformateur). 

Alors que la communauté internationale cherche à mettre en œuvre des solutions, le travail collaboratif de l'UNESCO avec l'IPBES joue un rôle clé en reliant savoir, politique et action pour une planète nécessitant des soins urgents. 

Comprendre le changement transformateur et le nexus

Covers of the two IPBES reports released in December 2024

L'évaluation sur le souligne qu'un véritable changement nécessite bien plus que de simples ajustements progressifs : il exige une reconsidération fondamentale des systèmes qui façonnent notre monde. Le changement transformateur inclut des évolutions dans la gouvernance, les modèles économiques, les valeurs sociétales et notre interaction avec la nature. Ce changement de paradigme est essentiel pour répondre aux défis interconnectés de la perte de biodiversité, du changement climatique et du bien-être humain. 

L'évaluation sur le met en lumière la nécessité d’aborder les relations complexes entre biodiversité, climat et développement. L'approche "nexus" reconnaît que ces enjeux sont interdépendants et que des solutions durables doivent les traiter simultanément. L'évaluation insiste sur le fait que l'avenir repose sur l'intégration de ces dimensions dans les processus décisionnels, offrant ainsi une feuille de route pour que les pays et les communautés naviguent sur ce terrain complexe. 

Les efforts collaboratifs de l'UNESCO avec l'IPBES

Au cœur de ce travail transformateur se trouve le partenariat collaboratif de l'UNESCO avec l'IPBES. En tant que partenaire clé des Nations Unies, l'UNESCO héberge le Groupe de soutien technique pour les connaissances autochtones et locales, qui s’efforce d’intégrer les savoirs autochtones dans les évaluations de l’IPBES. Cela garantit que les connaissances et pratiques des peuples autochtones et des communautés locales sont intégrées dans les évaluations mondiales de la biodiversité. 

Par ailleurs, l'implication de l'UNESCO dans le réseau BES-Net (Biodiversity and Ecosystem Services Network), en partenariat avec le PNUD et UNEP-WCMC, complète les évaluations de l'IPBES en aidant à guider l’adoption des connaissances et à catalyser des actions ancrées dans les expériences vécues des communautés à travers le monde. 

Le changement transformateur en action

Les réserves de biosphère désignées par l'UNESCO offrent déjà des exemples de bonnes pratiques de gouvernance, essentielles à la fois pour répondre au nexus et pour les stratégies de changement transformateur.

Abritant les dernières forêts de mangroves du Pérou, la Réserve de biosphère Noroeste Amotapes-Manglares fait face à des menaces spécifiques telles que l’aquaculture, la sédimentation, la pollution de l’eau et l’exploitation forestière illégale. Depuis 2017, le Service National des Aires Naturelles Protégées du Pérou (SERNANP) a confié à six associations locales de pêcheurs la gestion environnementale du Sanctuaire National des Mangroves de Tumbes, à leur demande et en reconnaissance de leur gestion participative et de leur contribution à la conservation de cet écosystème essentiel. Ce modèle de cogestion a permis aux pêcheurs de se concentrer sur des moyens de subsistance durables, en favorisant la repopulation d’espèces économiquement importantes comme la conque noire (Anadera tuberculosa), les crabes des mangroves (Ucides occidentalis), et des poissons (par exemple, Diapterus peruvianus). Ils ont ainsi réintroduit près de 37 millions de larves, graines et alevins de ces espèces. Les pêcheurs garantissent les moyens de subsistance locaux et participent aux patrouilles locales, contribuant ainsi à maintenir l'intégrité écologique des mangroves. Le projet MangRes de l’UNESCO, financé par le Gouvernement de Flandre (Belgique), soutient la gestion de la réserve de biosphère en réalisant une évaluation biophysique de base pour la restauration des mangroves, en impliquant les parties prenantes et en fournissant une éducation environnementale aux jeunes. 

Cette initiative n'est pas seulement un modèle de changement transformateur, mais illustre également comment l'approche nexus peut être mise en œuvre au niveau local. En combinant savoirs locaux et recherches scientifiques modernes, elle montre comment la collaboration et l'intégration peuvent conduire à des solutions durables, profitant à la fois aux populations et à la planète. 

Perspectives : le chemin vers 2030 et au-delà

Alors que le monde avance vers l'Agenda 2030 pour le développement durable et les objectifs du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, les conclusions des évaluations sur le Changement transformateur et le Nexus de l'IPBES guideront les pays, les communautés et les décideurs dans la construction de l’avenir de la biodiversité et du développement durable. L'UNESCO poursuit ses efforts pour garantir que ces connaissances atteignent tous les acteurs, en autonomisant les acteurs locaux et en encourageant les acteurs mondiaux à mettre en œuvre les changements nécessaires pour un monde durable.