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Tokyo : La création d’une société où les femmes brillent commence par l’éducation
Pour permettre aux femmes de briller, il faut s’y prendre tôt en offrant une éducation de qualité à toutes les filles ainsi qu’une seconde chance à celles qui en sont privées, a déclaré la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, lors d’un panel de discussion de haut niveau tenu le jour de l’ouverture de l’Assemblée mondiale pour les femmes (WAW) organisée par le Gouvernement japonais à Tokyo, les 28 et 29 août.
Dans son allocution d’ouverture, le Premier Ministre, M. Shinzo Abe, a réaffirmé la priorité de son administration de « créer une société où les femmes brillent », et passé en revue les progrès accomplis depuis la première édition de la WAW en 2014.
« L’abenomie est une « économie féminine ». Depuis deux ans et demi, je n’ai cessé de promouvoir la participation dynamique des femmes. Durant cette période, des millions de femmes sont entrées sur le marché du travail, tandis que le nombre de femmes membres des instances de direction a augmenté d’environ 30 %. »
Le jour de l’ouverture de l’Assemblée, la Diète japonaise a adopté une loi sur la promotion de la participation et de l’émancipation des femmes sur le marché du travail, qui obligera les entreprises à mettre en place des plans d’action contenant des cibles pour le recrutement des femmes et leur nomination à des postes de direction. Le Premier Ministre a estimé que la culture d’entreprise devait évoluer vers un partage des responsabilités concernant les tâches ménagères et l’éducation des enfants, et la création d’un équilibre sain entre le travail et la vie privée.
Sur le plan international, le Premier Ministre a déclaré que la promotion de la participation des femmes était désormais un principe central de l’aide publique au développement du Japon. Le pays assurant la présidence du G7 en 2016, le Premier Ministre entend faire avancer énergiquement l’agenda pour l’émancipation des femmes lors du Sommet d’Ise-Shima. Il a indiqué que durant les trois prochaines années, une allocation de plus de 42 milliards de yens serait consacrée à la qualité de l’éducation des filles et des femmes.
Durant le panel de discussion sur l’éducation des filles, la Directrice générale a insisté sur le fait que pour « éradiquer l’extrême pauvreté, l’objectif primordial de l’agenda post-2015, nous devons commencer par l’éducation et cibler en priorité les filles, en particulier les adolescentes ».
Rappelant que si les tendances actuelles se poursuivent, les filles les plus pauvres en Afrique n’auront pas accès à l’éducation primaire avant 2086, elle a indiqué que la prise de mesures était une question de droits humains et de dignité humaine, et une condition préalable à l’amélioration de la santé, au report de l’âge du mariage, à la promotion de la croissance économique et au renforcement de la résilience environnementale.
Le fait que 250 millions de jeunes quittent l’école sans avoir acquis les compétences de base en lecture et en écriture, et que 756 millions d’adultes soient analphabètes, reste trop souvent un « problème oublié », a déclaré la Directrice générale.
« Nous devons offrir aux filles une seconde chance. Si nous devions donner un visage à notre agenda, ce serait celui d’une fille de 12 ans qui va à l’école et qui apprend dans un environnement sûr, qui ne subit pas de violences, qui n’est pas forcée de se marier à un âge précoce, et qui est soutenue par sa famille et sa communauté. »
Tous les participants au panel ont noté l’effet catalyseur de l’éducation des filles sur la santé, la croissance économique et le développement durable, et ont demandé à ce que l’accent soit mis sur les adolescentes. La Première Dame, Mme Akie Abe, a estimé que les écoles devraient encourager les étudiantes du secondaire à agir de manière proactive et à penser par elles-mêmes, mais que la société devait elle aussi évoluer afin d’intégrer une nouvelle génération de jeunes femmes qui étudient assidûment, qui vont à l’université et qui travaillent.
Dans un message vidéo, la Première Dame des États-Unis, Mme Michelle Obama, a fait référence au programme du Gouvernement américain « Let Girls Learn » qui aide les adolescentes du monde entier à accéder à l’éducation et à apporter leur contribution à leur famille et à leur communauté, ainsi qu’à leur nation.
Mme Rula Ghani, la Première Dame d’Afghanistan, a déclaré que le conflit avait détruit un système éducatif autrefois performant, et que les femmes et les enfants en payaient le prix le plus élevé. Elle a souligné la nécessité de regagner le respect mutuel et de prendre des mesures pour surmonter certains des plus grands obstacles à l’éducation des filles, tels que l’éloignement de l’école, le manque d’enseignantes et l’absence d’installations sanitaires qui conduisent souvent à l’interruption de la scolarité à la puberté.
La Première Dame du Kenya, Mme Margaret Kenyatta, a indiqué que l’augmentation de la scolarisation des filles était, parmi tous les investissements de développement au Kenya, celui qui avait généré les retours les plus élevés. Cherie Blair, rectrice de l’Université asiatique pour les femmes et présidente d’une fondation qui porte son nom, a insisté sur l’impact des programmes de formation pour l’autonomisation économique des femmes.
Dans son allocution, la première femme démocratiquement élue présidente d’un pays d’Afrique, Mme Ellen Johnson Sirleaf, Présidente du Libéria, a appelé chacun à « s’engager à dénoncer la subordination des filles » afin d’améliorer la confiance, l’estime de soi et l’autonomie des femmes. Selon la lauréate du prix Nobel de la paix, « une société où les femmes brillent doit lutter énergiquement contre la violence sexuelle et l’exclusion dans tous les domaines, depuis le parlement national, pour l’accès à la santé, à l’éducation et aux moyens de financement ».
La Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka, a rappelé que 2015 était une année capitale, et demandé une augmentation significative des investissements en faveur de l’égalité des genres.
« L’objectif de l’agenda post-2015 est de ne laisser personne de côté », a-t-elle déclaré. « Cela exige une action à tous les niveaux, afin de garantir notamment des services d’aide à l’enfance abordables, une éducation de qualité, l’accès à la justice, la protection contre la violence sexuelle et un rôle central dans le maintien et la construction de la paix. »
Notant également que le Premier Ministre Abe est l’un des dix chefs d’État et de gouvernement masculins choisis pour promouvoir la campagne d’ONU-Femmes intitulée « HeforShe », elle a souligné le rôle des hommes dans la réalisation de l’égalité des genres.
L’Assemblée mondiale pour les femmes comprend de nombreuses séances couvrant des thèmes tels que la conciliation travail/vie personnelle, la construction de la paix, l’innovation, la réduction des risques de catastrophe, les partenariats et la participation des hommes aux réformes en faveur de l’égalité entre les sexes. L’édition de cette année rassemble des participants issus d’une quarantaine de pays et de huit organisations internationales.