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L'UNESCO a formé des fonctionnaires de police thaïlandais au respect des normes internationales en matière de liberté d’expression

En coopération avec l'Académie des cadets de la police royale de Bangkok, en Thaïlande, l'UNESCO a achevé une formation destinée aux cadets de la police et à la police antiémeutes sur le renforcement de leurs capacités en matière de normes internationales sur la liberté d’expression et la sécurité des journalistes.
UNESCO training Bangkok police

La formation nationale de 4 jours, qui s’est déroulée du 19 au 22 avril 2022, a réuni 30 fonctionnaires de police et formateurs de l'Académie des cadets de la police royale (RPCA), pour discuter du rôle essentiel des acteurs des forces de l’ordre dans le respect du droit à la liberté d’expression, tout en remplissant leur devoir de maintien de l'ordre public. En particulier, les deux derniers jours de la formation ont compris des débats interactifs et des exercices pratiques avec des fonctionnaires de police des unités antiémeutes et 10 journalistes thaïlandais, afin de renforcer les relations professionnelles entre les deux groupes.

Dans son discours d'ouverture, le Directeur du Bureau de l'UNESCO à Bangkok, M. Shigeru Aoyagi, a particulièrement insisté :

Ce cycle de violence contre les journalistes reflète souvent un affaiblissement de l'État de droit et une dégradation du système judiciaire dans le monde. En l'absence d'un niveau minimum d'ordre public, les citoyens et les journalistes ne peuvent pas jouir pleinement de leur droit à la liberté d’expression. Les forces de police et de sécurité ont donc un rôle essentiel à jouer pour garantir que les journalistes puissent faire leur travail en toute sécurité et que les enquêtes sur les crimes et les attaques contre les journalistes soient menées à bien.

Shigeru Aoyagi

Dirigée par des experts internationaux, la formation a fourni aux fonctionnaires de police des outils théoriques et pratiques leur permettant d'exercer leurs fonctions tout en restant transparents et responsables vis-à-vis du public. À cet égard, il est dans l'intérêt des acteurs des forces de l’ordre de comprendre le rôle et la fonction des journalistes dans les pays démocratiques, et de faciliter leur travail d'information des citoyens sur les questions d'intérêt public, car cela sert finalement à renforcer la confiance dans les institutions publiques.

En tant que policier, je dois mieux comprendre comment fonctionnent les journalistes. La compréhension désamorce les conflits. Si nous nous comprenons mutuellement, nous savons ce que l'autre souhaite et nous pouvons le lui apporter. 

Police Captain Patchara TataRPCA Thaïlande

La partie la plus intéressante de la formation a été le débat. La police et les journalistes se sont réunis dans un environnement calme pour discuter. En temps normal, il existe un rapport de force qui nous empêche de nous parler librement. La plupart du temps, c'est la police qui fait figure d'autorité et nous l'écoutons, et il est assez difficile de répondre ce que nous pensons réellement de la situation tendue sur le terrain.

Wasinee PabuprapapJournaliste au Work Point Today

Le dernier jour de la formation a été organisé au Centre d'entraînement tactique de la police royale thaïlandaise et a compris deux exercices pratiques, avec la participation d'un peloton de la police antiémeutes, ainsi que de cadets de la police et de journalistes. Des jeux de rôles ont été réalisés sur la base d'une manifestation publique où les fonctionnaires de police doivent coopérer avec les médias de manière professionnelle et d'une scène de traite d'êtres humains, où les fonctionnaires de police doivent fournir des informations aux journalistes tout en protégeant l'intégrité de l'enquête et du processus judiciaire.

Par le passé, nous nous demandions uniquement d’où venait le journaliste et s'il appartenait véritablement à la presse. Mais aujourd'hui, je comprends que tout le monde a droit à la liberté d'expression. Je comprends également les normes internationales en matière de liberté d’expression, ce que nous devons faire dans des situations spécifiques, notamment comment orienter les journalistes vers une zone de sécurité et enregistrer la scène sans leur faire de mal. 

Superintendant de police, ThaïlandeSuperintendent of Police, Thailand

En outre, la participation de formateurs de la RPCA a favorisé l'échange de bonnes pratiques sur la manière dont les forces de l'ordre peuvent être formées pour contribuer à la promotion de la liberté d’expression et de la liberté de la presse. Parmi ces formateurs, la Capitaine de police Patchara Tata, chargée de cours à la RPCA, a expliqué comment elle allait intégrer les enseignements de la formation à son propre cours : « Je demanderai à mes étudiants de partager leurs expériences ou leur compréhension des journalistes, ainsi que les avantages d'être journaliste et policier. En outre, nous pouvons discuter de ce que sont les médias, de la manière dont ils influencent le travail de la police et de ce à quoi nous devons nous préparer, notamment la manière dont la police doit se comporter devant une caméra. Â»

Cette activité a fait suite à la Recommandation 51.92 formulée lors du troisième Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l'homme le 21 décembre 2021 (), qui a été acceptée par la Thaïlande, notamment pour « améliorer la capacité de la police, des forces de sécurité et des autres organismes chargés de l'application de la loi à effectuer leur travail tout en respectant les droits des personnes à la liberté de réunion et d'expression, et l'espace de la société civile Â».

La formation a été soutenue par les Pays-Bas à travers le et le .

Depuis 2013, l'UNESCO et ses partenaires ont formé plus de 8 600 agents des forces de sécurité de 20 pays à la liberté d’expression et à la sécurité des journalistes, sur la base du Manuel de formation sur «  Â». Dans le cadre du récent partenariat de l'UNESCO avec l’Association internationale de police, un cours mondial en ligne ouvert à tous (MOOC) sera organisé en juillet 2022 pour les membres des forces de l’ordre afin de renforcer leurs capacités sur les questions de liberté d’expression et de sécurité des journalistes.