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Lever les obstacles linguistiques dans l’éducation au Mozambique
Le Mozambique est un pays multilingue qui compte plus de 20 langues. Si la maîtrise du portugais est indispensable pour accéder aux services publics, la bonne compréhension des langues locales est essentielle pour participer à la vie de la communauté. Avec seulement 17 % de la population ayant le portugais pour langue maternelle, il apparaît crucial d’intégrer les langues locales dans l’éducation des adultes et de proposer des possibilités d’enseignement bilingue afin d’offrir à tous un apprentissage tout au long de la vie inclusif et pertinent.
Avant la mise en place du curriculum d’enseignement primaire pour adultes et jeunes, en 2017, les seuls programmes d’éducation des adultes disponibles couvraient uniquement les compétences de base en lecture, en écriture et en calcul. Le nouveau curriculum, conçu par la Direction nationale de l’éducation des adultes avec le soutien du (CapED), aborde six matières : le portugais, les langues mozambicaines, les sciences naturelles, les sciences sociales, les mathématiques et les compétences nécessaires à la vie courante. En 2019, le programme CapED a mis en œuvre à titre expérimental la première année du curriculum dans cinq districts de quatre provinces (Gaza, Maputo, Nampula et Sofala), et forme actuellement des éducateurs d’enseignants, des enseignants et des éducateurs d’adultes à la mise en application de la deuxième année du curriculum.
L’un des avantages de l’enseignement bilingue est qu’il accroît la participation des apprenants et permet d’en retenir un plus grand nombre. « Les personnes aiment ce qu’elles connaissent bien. Elles sont plus motivées et attentives, et se sentent respectées », explique Alcido Timba, spécialiste de l’éducation bilingue au Ministère de l’éducation et du développement humain.
Un autre avantage est qu’il réduit les problèmes de communication. Zenalda Silvestre Machonga, éducatrice d’adultes au sein de la communauté de Nhampequene, enseigne à ses élèves en portugais et en changana. Elle explique de quelle manière elle utilise ces deux langues pendant les cours. « Je me sers du changana comme outil pour expliquer des choses qui me semblent mal comprises. Par exemple, je demande aux élèves : “Lorsque la voiture passe, quels organes sensoriels utilisez-vous ?” Ils commencent par parler du sujet dans leur langue maternelle, puis nous poursuivons la discussion en portugais. Cette méthode les aide à participer et à comprendre de quoi il s’agit. »
Parallèlement à la mise en œuvre et l’expérimentation du curriculum, le CapED perfectionne les compétences des formateurs d’enseignants en matière de pédagogie des adultes et d’enseignement en langues mozambicaines. Le Programme élabore par ailleurs des matériels pédagogiques en cinq langues mozambicaines et en portugais, et soutient la normalisation de la forme écrite de 19 langues locales du pays.
En ce qui concerne l’avenir, l’épidémie de COVID-19 aura des conséquences sur l’exécution des programmes d’éducation des adultes, en particulier la mise en œuvre pilote du nouveau curriculum. La fermeture des écoles et des établissements éducatifs mise en place dans tout le pays retentit sur l’éducation de millions d’enfants, ainsi que sur 370 000 apprenants adultes actuellement inscrits dans des programmes d’éducation pour adultes.
En tant que premier partenaire soutenant le développement du nouveau plan du Mozambique pour le secteur de l’éducation, l’UNESCO fait partie de l’équipe technique COVID-19 et du groupe de partenaires de coopération qui aident le Ministère de l’éducation et du développement humain à élaborer et mettre en œuvre le plan d’urgence COVID-19 du pays. Ce plan fournit un cadre stratégique visant à rouvrir les écoles et établissements éducatifs en toute sécurité, tout en assurant la continuité de l’offre éducative pour tous, en particulier les plus marginalisés.
Participants à l’atelier de formation sur la deuxième année d’enseignement primaire pour adultes et jeunes, IFP de Chongoene, Province de Gaza © UNESCO
Photo du haut : Élèves inscrites à des cours d’alphabétisation des adultes, communauté Nhampequene, Province de Gaza © UNESCO