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Les politiciens utilisent les « fake news » pour contourner le journalisme critique
Yasuomi Sawa est l'un des du célèbre Prix mondial de la liberté de UNESCO/Guillermo Cano, la seule récompense consacrée au travail des journalistes dans le système des Nations Unies. Le jury examinera les nominations et décidera du lauréat de cette année, qui sera annoncé à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse le 3 mai.
Yasuomi Sawa est professeur au département de journalisme de l'Université Senshu. Il enseigne la pratique et les principes du journalisme après une carrière journalistique de trente ans à Kyodo News, la principale agence de presse du Japon.
Lorsqu'on lui demande pourquoi il a décidé de s'engager dans le journalisme d'investigation, il répond que lorsqu’il était étudiant, il a été « frappé par les reportages approfondis sur la part sombre du Japon : les enseignants violents, les conditions de travail inhumaines des ouvrières d'usine, ou les condamnations injustifiées par une justice pénale excessive ». Parmi ses travaux récents, on peut citer des récits d'exploitation sexuelle d'adolescentes, la révélation de l'absence de suivi des inscriptions scolaires de plus de 10 000 enfants immigrés et la surpopulation extrême des foyers publics pour enfants maltraités. Yasuomi Sawa a également révélé que les tribunaux de tout le pays se débarrassaient massivement des dossiers des affaires civiles les plus marquantes du Japon. Il ajoute que les articles de presse révélant la corruption des politiciens l'ont éclairé sur ce que devait être le journalisme, et c'est ainsi qu'il « s'est intéressé à la découverte de la vérité dérangeante ».
Il a travaillé pour les Nations Unies en tant que correspondant de Kyodo et a été membre du conseil exécutif de l'Association des correspondants accrédités auprès des Nations Unies (UNCA). Il a participé aux enquêtes de l'ICIJ sur les Panama Papers et les Paradise Papers. Le professeur affirme que « dans le contexte de la démocratie, les reportages factuels et vérifiés fournis par des sources indépendantes sur les dysfonctionnements de notre société » sont plus importants que « les théories politiques passionnantes qui affirment ce que vous croyez déjà et les articles qui attisent votre colère contre ceux avec qui vous êtes en désaccord ».
Yasuomi Sawa est également fondateur et Directeur exécutif du J-Forum, (Forum des journalistes du Japon), qui organise depuis 2010 des ateliers de formation et des conférences pour améliorer les compétences et renforcer la solidarité des journalistes au Japon. Yasuomi Sawa a fait des recherches sur le journalisme britannique à l'Institut Reuters d'étude du journalisme de l'Université d'Oxford. Il est l'auteur de "Global Journalism: Backstories of cross-border investigative reporting", "Humanising the News: British Way of Crime Coverage".
Interrogé sur les principaux défis auxquels le journalisme aujourd'hui est confronté, M. Sawa soulève trois points : le scepticisme, la menace juridique et le cyberharcèlement. Il déclare qu’« à l'ère de la technologie numérique, les gens sont inondés d'une plus grande variété d'informations par les réseaux sociaux. Certaines informations élargissent nos perspectives et diffusent des faits inconnus, tandis que d'autres types d'informations peuvent tourner en dérision le journalisme sérieux en insistant sur le fait que la vérité non filtrée est racontée sur les réseaux sociaux, plutôt qu'un « journalisme biaisé ou des médias d'information contrôlés par les élites ». Cela dénigre les efforts de vérification laborieux et la lutte pour une indépendance équitable du journalisme et peut être facilement exploité par des personnes puissantes impatientes de dégrader les sentinelles.
Le terme « fake news » constitue un phénomène important. Il est souvent utilisé par les politiciens pour contourner le journalisme critique. Cette méfiance du public peut être utilisée d'une autre manière : des actions en justice au nom de la diffamation, de la violation de la vie privée, de la violation du secret d'État, du trouble à l’ordre social ou de l'espionnage contre les journalistes.
La lutte judiciaire nécessite des ressources telles que de l'argent, du temps, de l'aide des gens et de l'énergie personnelle, et peut isoler les journalistes critiques qualifiés d’individus défaillants, marginaux, voire dangereux. Enfin, s'il ne fait aucun doute que la pire forme de réduction au silence des journalistes est l'agression physique, le cyberharcèlement n'est pas moins préoccupant : on rapporte que des journalistes, en particulier des femmes, souffrent d'abus en ligne et ont envisagé d'éviter certains types de reportages, voire de quitter leur emploi ».
Le jury est composé de six professionnels des médias du monde entier, reconnus pour leur travail d'investigation de premier plan et leur défense de la liberté d’expression. Décerné chaque année à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse (le 3 mai), qui sera célébrée du 2 au 5 mai cette année à Punta del Este, en Uruguay, le prix est attribué lors d’une cérémonie au cours de laquelle le lauréat reçoit une somme de 25 000 $.
Ce prix a été créé par le Conseil exécutif de l'UNESCO en 1997 en hommage à Guillermo Cano, journaliste colombien mort dans l’exercice de sa profession. Il récompense chaque année une personne, une organisation ou une institution ayant contribué de façon remarquable à la défense et/ou la promotion de la liberté de la presse dans le monde, notamment lorsque des risques ont été encourus.
Dans le contexte de la démocratie, les reportages factuels et vérifiés fournis par des sources indépendantes sur les dysfonctionnements de notre société » sont plus importants que « les théories politiques passionnantes qui affirment ce que vous croyez déjà et les articles qui attisent votre colère contre ceux avec qui vous êtes en désaccord.
Appel à candidatures pour le prix
Les candidatures, présentées par les États membres de l'UNESCO et les ONG internationales et régionales actives dans le domaine de la liberté de la presse, doivent être soumises en remplissant en anglais ou en français et envoyées avant le 15&²Ô²ú²õ±è;´Úé±¹°ù¾±±ð°ù&²Ô²ú²õ±è;2022 au Secrétariat de l'UNESCO (g.godoi@unesco.org et f.romer@unesco.org).
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