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L’Assemblée générale des Nations Unies souligne le rôle clé de la culture dans l’agenda du développement post-2015
Des ministres et des hauts responsables du monde entier se sont joints à l’appel lancé par la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies, Jan Eliasson, et S.E. Mohamed Khaled Khiari, Président par intérim de l'Assemblée générale, pour l’intégration de la culture dans l’agenda du développement post-2015 lors d’un débat thématique sur la culture et le développement à New York.
Au travers de données mondiales et de leurs expériences respectives dans leurs pays, les intervenants de la journée, mandatée par la résolution 68/223 des Nations Unies, ont mis en avant le rôle de la culture – sous toutes ses formes – comme moteur et outil des piliers économique, social et environnemental du développement durable : du patrimoine culturel aux industries créatives, ou encore du tourisme durable aux infrastructures culturelles. Ils ont également soutenu que la culture est « le fil qui relie le tissu social de nos sociétés, » pour reprendre les propos du Président par intérim de l’Assemblée générale. Le rôle de la culture en tant que composante de la reconstruction et de la réconciliation post-conflit constituait un thème clé des discours du Mali et de la Côte d’Ivoire.
« Tous les pays recherchent des stratégies efficaces pour favoriser le changement durable, en se basant sur les enseignements tirés des Objectifs du Millénaire pour le développement. Le développement durable implique l’appropriation. C’est à ce moment que la culture entre en jeu, pour aider à encourager la participation des peuples et la construction d’un modèle plus équilibré et plus significatif de développement pour le peuple et par le peuple, » a affirmé Irina Bokova. En avertissant le public des risques de répéter les erreurs de 2000, lorsque la culture a été omise des Objectifs du Millénaire pour le développement, la Directrice générale a souligné le double rôle de la culture en tant qu’outil d’éradication de la pauvreté et d’enrichissement des identités individuelle et collective.
L’Union européenne a fermement insisté sur le rôle de la culture pour élargir les voies du développement, combattre la pauvreté et les inégalités, et promouvoir les droits de l’homme. Les ministres de la culture de Turquie et du Brésil ont quant à eux mis l’accent sur l’importance stratégique de l’économie créative en tant que « ressource inépuisable » pour atteindre le développement durable. A cet égard, Marianne Fay, économiste en chef du Réseau de développement durable de la Banque mondiale, a évoqué le but du Groupe de la Banque mondiale de réduire le nombre de personnes vivant avec moins de 1.25 dollars américains par jour à 3% d’ici 2030, et d’encourager la hausse des revenus des 40% de la population appartenant aux plus basses classes grâce aux création d’emplois.
Taleb Riffai, Secrétaire général de l'Organisation Mondiale du Tourisme, a constaté qu’avec un milliard de touristes en 2012, la relation entre tourisme et culture offre d’immenses opportunités de contribuer à une croissance économique inclusive, au développement social, à la stabilité et à la préservation du patrimoine.
Parlant au nom du Groupe des amis de la culture, une coalition d’une trentaine de pays, le vice-ministre de la culture du Pérou a insisté sur le fait que le Groupe « considère comme essentiel que les objectifs de développement durable mettent en avant l’importance des industries créatives et culturelles dans la promotion d’une croissance économique durable et inclusive et d’emplois décents pour tous, ainsi que l’importance de la diversité culturelle et du dialogue interculturel dans la promotion de sociétés pacifiques et inclusives. »
La très honorable Michaëlle Jean, ancienne Gouverneure générale du Canada et Envoyée spéciale de l’UNESCO pour Haïti, et S.E. Rose-Anne Auguste, ministre d’Haïti chargée des droits de l'homme et de la lutte contre l’extrême pauvreté, ont livré des témoignages émouvants de leur pays et de la façon dont un gouvernement « ne saurait jamais accorder trop d’importance à la culture et à la langue de son peuple. »
S.E. Hao Ping, Président de la Conférence générale de l’UNESCO, a souligné l’importance de la culture en tant que ressource pour relever les nombreux défis auxquels les sociétés dans le monde sont confrontées, mais également en tant que clé de voûte d’un avenir plus harmonieux et durable. Il a noté, conjointement avec des ministres d’Haïti, de Corée, du Pérou, ainsi que du Groupe des 77 et de la Chine, entre autres, que les façons dont les populations apprennent, acquièrent et transmettent leurs connaissances sont étroitement liées à leurs appartenances géographique, historique et linguistique. Les programmes scolaires tenant compte du contexte local ont également plus de chances de fournir de manière efficace une éducation de qualité et de mener vers des sociétés inclusives.
Prenant pour exemples des projets de l’UNESCO au Cambodge, Nicaragua, Mozambique et Egypte, le Président du Conseil exécutif de l'UNESCO, S.E. Mohamed Sameh Amr, a rappelé que les États membres de l’Organisation sont déterminés à ce que la culture trouve sa juste place dans l’agenda du développement post-2015. Il a déploré le fait que les objectifs adoptés par les États membres à Paris ne reçoivent pas toujours l’attention et la reconnaissance qu’ils méritent à New York.
Aux déclarations ministérielles s’est ajouté un panel de discussion entre Farida Shaheed, Rapporteuse spéciale des Nations Unies dans le domaine des droits culturels, Marianne Fay, économiste en chef du Réseau de développement durable de la Banque mondiale, Felipe Savadogo, Représentant permanent de l’Organisation Internationale de la Francophonie auprès des Nations Unies, Trudie Styler, actrice et productrice de films, ainsi que Charles Vallerand, Secrétaire général de la Fédération Internationale des Coalitions pour la Diversité Culturelle, qui a souligné le pouvoir de la culture pour l’éradication de la pauvreté, la qualité de l’éducation, les droits de l’homme, l’égalité des sexes, et la gestion durable de l'environnement pour rendre les villes plus vivables et compétitives.
La Directrice générale a évoqué en conclusion le très large soutien manifesté pour porter la culture au centre des débats dans l’élaboration de l’agenda du développement post-2015. Elle a également formulé l’espoir que les opinions exprimées lors des échanges fructueux de la journée seront entendus par le groupe de travail ouvert sur le développement durable, qui se réunira cette semaine à New York.