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La culture dans le Programme 2030
La culture n’est pas seulement un secteur en soi, mais aussi une composante transversale et intrinsèque de l’ensemble des politiques publiques, agissant comme un catalyseur pour accélérer les processus de développement durable. Bien que la culture ne constitue pas un Objectif de développement durable (ODD) spécifique dans le Programme 2030, elle est reflétée dans de nombreux objectifs et cibles, notamment ceux relatifs aux villes durables (ODD 11), au travail décent (ODD 8), à la réduction des inégalités (ODD 10), à la lutte contre le changement climatique (ODD 13), à l’égalité des genres (ODD 5), à l’innovation (ODD 9) et aux sociétés pacifiques et inclusives (ODD 16).
Cette dimension transversale de la culture dans l’élaboration des politiques publiques est reflétée de façon croissante dans les Examens nationaux volontaires (ENV) soumis par les États membres. Ces rapports, que les pays sont invités à fournir pour réaliser le suivi de leurs avancées dans la réalisation des ODD, sont des indicateurs clés des priorités et des engagements des pays en matière de politiques publiques, et permettent de dresser un panorama de la vision des pays pour construire un avenir plus durable. Sur les 205 rapports soumis entre 2016 et 2020, 119 font référence à la culture de façon significative en lien avec l’ensemble des 17 ODD, ce qui illustre la reconnaissance croissante du rôle transversal de la culture pour le développement durable par les États membres eux-mêmes.
Chaque mois, cette section présente une sélection d’initiatives sur un thème particulier afin de mettre en évidence le rôle transversal de la culture dans les politiques publiques. Sur l’ensemble des ENV soumis pour la période 2016-2020, environ un tiers des pays mentionnent la dimension internationale de leurs politiques culturelles. Ce mois-ci, nous avons extrait quelques exemples innovants de la manière dont ils mettent la culture au service de stratégies diplomatiques ou de la solidarité internationale.
La Diplomatie Culturelle au service des Partinariats et de la Construction de la Paix
Pour les Émirats arabes unis, l’Expo 2020 (depuis qu'elle a été reportée) est une priorité nationale importante pour les échanges internationaux, « mettant en lumière l’innovation et la culture ». Depuis 2010, le Programme de coopération culturelle et scientifique d'Oman offre aux étudiants de plusieurs pays la possibilité d’étudier dans les établissements d’enseignement supérieur publics et privés du pays. Tous les deux ans, l’Andorre réunit des peintres du monde entier pour un atelier artistique (organisé par la Commission nationale depuis 2008) appelé Art Camp, alors que la Serbie encourage également la mobilité des artistes. Le Qatar vise à promouvoir le dialogue entre les civilisations, la coexistence de différentes religions et les échanges culturels, en particulier avec les pays arabes. L’importance de l’accueil de la « Capitale européenne de la culture » est soulignée par Malte et la Serbie, tandis que le µþ²¹³ó°ù±ðï²Ô évoque son rôle en tant que « Capitale de la culture islamique ». La ³Ò°ù賦±ð cite une conférence de 2015 sur le « Pluralisme religieux et culturel et la coexistence pacifique au Moyen-Orient », qui s’est concentrée sur l’extrémisme violent contre les communautés religieuses et culturelles, ainsi que sur la destruction et le pillage délibérés du patrimoine religieux et culturel. La conférence a abouti à la création du Centre pour le pluralisme religieux au Moyen-Orient. Le Kenya attire l’attention sur son rôle dans la mise en Å“uvre de la culture de la paix et de la composante de résolution des conflits de la mission de maintien de la paix en Somalie.
Construire des institutions culturelles solides grâce au partage de connaissance et à la formation
Chypre cite la coopération par le biais d’une organisation régionale permanente. Sous sa présidence du Comité des ministres du Conseil de l’Europe (novembre 2016-mai 2017), Chypre a soutenu l’élaboration de la nouvelle Convention du Conseil de l’Europe sur les infractions visant des biens culturels. Le pays a également mis en place en 2012 un réseau d’autorités chargées de l'application de la loi et compétents dans le domaine des biens culturels, visant à lutter contre le trafic illicite de biens culturels au niveau national et européen. Le Maroc souligne le soutien du Programme de coopération espagnol dans l’élaboration d’un guide de référence sur les mécanismes de lutte contre le trafic illicite de biens culturels, ainsi que les sessions de formation organisées pour sensibiliser les fonctionnaires marocains. La Suisse évoque également son engagement dans la lutte contre le trafic illicite des biens culturels.
Préserver le patrimoine et autonomiser les communautés
Le Brunei Darussalam cite l’initiative « Heart of Borneo », un projet de coopération transfrontalière en partenariat avec l'Indonésie et la Malaisie pour la préservation du patrimoine naturel. Le Honduras mentionne une initiative qui encourage la participation inclusive des peuples autochtones afin d’assurer le développement durable et la protection du patrimoine naturel et culturel dans la région orientale du pays - la Mosquitia - en collaboration avec l’Unité des peuples autochtones et noirs de la région, les Nations Unies, l’Allemagne et la Confédération suisse. Parallèlement, le gouvernement du Liberia a fait état de la signature d’un Accord de coopération avec l’organisation de la société civile Global Ecovillage Network pour une initiative de régénération des environnements naturels, de préservation du patrimoine culturel et d’amélioration des moyens de subsistance de plusieurs communautés.
La culture prend de l'essor dans les stratégies d'aide publique au développement
Les Pays-Bas font référence aux projets soutenus par le pays en matière de diversité culturelle, de patrimoine naturel et culturel et de patrimoine numérique, ainsi qu’à l’intention d’étendre l’Aide publique au développement (APD) aux projets concernant le patrimoine subaquatique. L'Andorre cite le travail d’éducation musicale, artistique et culturelle mené à Madagascar, tandis que la Slovaquie met en lumière un projet pour le développement des compétences des jeunes en Géorgie (portant notamment sur les arts traditionnels, l’artisanat, ainsi que les compétences entrepreneuriales dans la filière de l’agriculture biologique). L’Estonie mentionne trois projets transfrontaliers qui visent à autonomiser les femmes à travers la production artisanale. La ³§±ô´Ç±¹Ã©²Ô¾±±ð évoque le financement de projets de scolarisation et de médiation dans les zones post-conflit de Bosnie-Herzégovine, avec l’objectif de construire une culture de la paix, promouvoir le dialogue interculturel et une résolution constructive des conflits. La Hongrie dédie son aide publique à la reconstruction des temples et sanctuaires chrétiens au Moyen-Orient, ainsi qu’a la rénovation des institutions éducatives et culturelles en Ukraine par le biais du Programme de partenariat oriental. Malte cite un programme de bourses scolaires dédiées aux étudiants palestiniens pour des Masters en gestion du patrimoine culturel lancé en 2014. Le Canada souligne sa contribution au Fonds d’urgence pour le patrimoine de l’UNESCO, qui réaffirme « l’engagement du Canada en faveur de la protection du patrimoine culturel et du pluralisme dans les conflits armés ».
Deux autres pays font état de l'appui apporté par des fonds internationaux : La Bulgarie a été soutenue par le Fonds européen pour les villes durables afin de mettre en place une initiative sur le développement urbain et le patrimoine culturel, tandis que la ²Ñ²¹³¦Ã©»å´Ç¾±²Ô±ð du Nord souligne l’importance des Fonds verts pour le climat créés par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), se fixant comme priorités la protection et la préservation de la forêt et du patrimoine culturel.
Les conventions de l'UNESCO : des outils partagés pour contribuer au développement durable
Les conventions culturelles de l’UNESCO sont avant tout conçues comme des instruments partagés visant à rassembler la communauté internationale autour d’un ensemble de concepts et de valeurs, reflétant une vision transformatrice et humaniste des sociétés. Ces instruments normatifs établissent des principes fondamentaux d’égalité et de solidarité, qui fournissent des références et des normes communes résultant d’un processus de collaboration à l'échelle mondiale. Le pouvoir fédérateur de ces instruments normatifs est reconnu par les pays à travers la mention régulière des conventions culturelles de l’UNESCO dans les ENV. A titre d'exemple, vingt et un pays font référence à leur engagement dans les Indicateurs UNESCO de la culture pour le développement (IUCD), et trois pays font référence à la ratification d’instruments normatifs internationaux relatifs à la culture. En outre, le Bangladesh, la Bulgarie et la République de Moldavie mentionnent des projets liés au patrimoine culturel immatériel. La Bulgarie, la République démocratique du Congo, la République kirghize, la ²Ñ¾±³¦°ù´Ç²Ôé²õ¾±±ð, la ²Ñ²¹³¦Ã©»å´Ç¾±²Ô±ð du Nord et l’Ukraine citent des projets culturels liés à des sites du patrimoine naturel de la liste du patrimoine mondial ; alors que quatre autres pays, notamment la Bulgarie, le Maroc, la République de Moldavie et la République arabe syrienne, font directement référence aux conventions de l’UNESCO.