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Faire évoluer les idées au fil des images : le cinéma au service de l’éducation à la paix
La paix est subordonnée à l’absence de violence directe (« paix négative ») et à l’existence d’une justice sociale (« paix positive »).
L’éducation à la paix vise à doter les élèves des connaissances, des compétences, des attitudes et des valeurs nécessaires pour résoudre les conflits, créer les conditions d’une émancipation individuelle et collective de toute forme d’oppression et, partant, façonner des sociétés plus équitables et plus inclusives.
Les éducateurs sont toutefois confrontés à un défi de taille. Il ne suffit pas en effet de décréter ou de préconiser la paix pour en faire une réalité. L’éducation à la paix ne se résume pas à un savoir-faire technique ou à des recettes. Elle nécessite plutôt de faire appel à l’intelligence émotionnelle pour favoriser l’émergence d’une culture de la paix.
En effet, compte tenu de la nature multidisciplinaire et quelque peu éphémère de l’éducation à la paix, il est possible d’appliquer différentes méthodes pédagogiques pour la paix ou de les réinventer en permanence pour les adapter aux contextes locaux.
Les films, utilisés dans le cadre d’une pédagogie fondée sur les arts, peuvent aider à développer chez les élèves des capacités d’attention et de réflexion conscientes, propices à l’empathie et à une meilleure compréhension interculturelle.
Comment expliquer que les films aient autant d’influence ?
Premiers exemples d’utilisation de films à des fins éducatives
L’intérêt pédagogique des films est reconnu depuis longtemps. En 1912, le New York Evening Journal publiait un éditorial dont le titre The power of moving pictures: They will Educate, through the eye, Hundred Millions Children mettait en avant l’influence à venir du cinéma pour l’éducation de centaines de millions d’enfants.
Les films saisissent et représentent le passage du temps pour donner aux spectateurs la possibilité de reconsidérer leur perception de la réalité et de remettre en cause certaines suppositions.
Les nous ont appris que celle-ci constitue un phénomène divers et relationnel qui doit tenir compte des représentations et des efforts provenant d’autres cultures, ainsi que des strates marginales de la société.
Les films permettent de capter ces représentations et ces efforts, de les intégrer dans des intrigues, des personnages et des œuvres esthétiques qui éveillent notre sensibilité de manière irrésistible.
Le numéro du de janvier 1955 mettait en avant la capacité des films à encourager les échanges interculturels : « C’est ainsi qu’en Grèce on peut voir des films japonais en version originale, avec sous-titres grecs, ce qui aurait paru inconcevable il y a quelques années. »
Une enquête d’opinion réalisée en 2011 indiquait que 98 % des enseignants interrogés au Royaume-Uni estimaient que « le cinéma était un outil pédagogique utile » et que tous convenaient qu’« exposer les enfants à une grande variété de films les aidait à mieux comprendre le monde et les autres cultures ».
Les cinéastes africains sensibilisent le public au patrimoine du continent
Arrêtons-nous sur une initiative particulièrement intéressante à cet égard. En 2021, l’UNESCO et Netflix ont lancé le concours Contes populaires africains réinventés afin de soutenir les jeunes cinéastes africains et de promouvoir le patrimoine culturel et la diversité créative du continent sur la scène internationale.
Des subventions pour soutenir leur production ont été accordées à six lauréats, ce qui a donné lieu à une dans plusieurs langues diffusée sur Netflix en mars 2023.
Le cinéaste nigérian qui faisait partie du jury, a rappelé que ce projet était important « car la découverte de l’histoire est la meilleure éducation que l’on puisse recevoir. Elle favorise le respect et la compréhension nécessaires au maintien et à la préservation du respect mutuel et de la paix dans le monde ».
Ces courts-métrages se démarquent également par la présence de protagonistes féminins forts et par le fait qu’ils abordent sans détour des questions comme la violence sexiste, le suicide et le mariage des enfants.
La cinéaste sud-africaine a voulu, avec MaMlambo, ébranler la « représentation typique et patriarcale » des contes populaires, dans lesquels les femmes sont souvent « dénigrées et humiliées ».
Le film attire ainsi l’attention sur la violence structurelle moderne dont les femmes sont victimes et qui continue de nuire à l’instauration d’une paix positive en Afrique du Sud et dans le reste du monde.
Des films conçus pour donner aux élèves d’aujourd’hui les moyens d’agir
Bien que la paix ne se décrète pas, son existence — tout comme son absence, triste réalité pour beaucoup — peut certainement être perçue, ressentie et expérimentée au travers de nos émotions et de la puissance de notre imagination qui se nourrit du cinéma.
Au cas où l’on penserait que les jeunes d’aujourd’hui, comme l’affirment les médias, ne s’intéressent plus à la politique parce qu’ils ne sont plus capables de croire en des idéologies ou des idéaux, observons-les en train de regarder un film.
Si a raison de dire que la jeunesse postmoderne se caractérise par une « incrédulité à l’égard des métarécits », les films peuvent néanmoins sensibiliser les jeunes à toute une palette d’expériences émotionnelles porteuses de transformations.
À une époque caractérisée par l’omniprésence des contenus audiovisuels, l’éducation à la paix doit tirer parti de l’expérience multisensorielle intense procurée par les films pour mobiliser et stimuler les élèves.
Selon des , l’utilisation systématique de films dans les cours peut encourager le sens de la responsabilité personnelle et les comportements positifs.
De façon plus générale, la pluralité des récits fictifs et non fictifs que nous découvrons, ou dont nous sommes les auteurs et les chorégraphes au cours de notre vie, contribue à définir notre subjectivité.
Qu’y a-t-il de plus essentiel à l’édification d’une culture de la paix que de nourrir la subjectivité et l’intersubjectivité ? En fin de compte, la culture cinématographique pourrait bien jouer un rôle déterminant en donnant aux élèves les moyens de s’épanouir dans leur rôle d’agents créatifs de la paix.
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#SocialTransformation #YouthEmpowerment
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About the authors
Chairat Chongvattanakij is a Thai-Canadian consultant specializing in content creation for the Public Information and Outreach team at UNESCO Regional Office in Bangkok. He supports UNESCO in reporting, translation, media development and related projects in Asia and the Pacific.
In addition to his experience as a professional translator, Chairat is an accomplished pianist and music educator who holds a Doctor of Musical Arts degree from the University of Toronto, where he taught music theory and piano literature at the Faculty of Music. He has presented research papers at international academic conferences and delivered guest lectures and masterclasses at Mahidol University and Yamaha Music Academy Bangkok.
Philosopher by training, Phinith Chanthalangsy is the Regional Advisor for the Social and Human Sciences at the UNESCO Regional Office in Bangkok, Thailand. His fields of specialization are Comparative Philosophy, Ethics and Cultural Studies. His work focuses on ethics of science and technology, social inclusion and human rights, gender equality, youth civic participation and intercultural dialogue.
He joined UNESCO Headquarters in Paris, France, in 2007 under the Philosophy, Democracy and Human Security Programme. From 2012 to 2019, he was appointed as Programme Specialist at the UNESCO Office for the Maghreb region in Rabat (Morocco). From 2019 to 2022, he served as Head of the Social and Human Sciences Unit at the UNESCO Regional Office for Southern Africa, Harare (Zimbabwe).
Prior to joining UNESCO, he worked as Research Fellow at the École française d’Extrême-Orient and the National Library in Vientiane, Lao PDR.