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Appel à la mobilisation en faveur du patrimoine iraquien
Le patrimoine iraquien est gravement menacé et il y a urgence à le protéger. C’est ce qui est ressorti du colloque organisé à l’UNESCO le 29 septembre à l’initiative des Délégations de la France et de l’Iraq auprès de l’Organisation.
Intitulé « Le patrimoine iraquien en danger : comment le protéger ? », le colloque - ouvert par la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, Philippe Lalliot, Ambassadeur, Délégué permanent de la France auprès de l’UNESCO, et Mahmoud Al-Mullakhalaf, Ambassadeur, Délégué permanent d’Iraq auprès de l’UNESCO - a d’abord dressé un état des lieux du patrimoine culturel en Iraq avant d’envisager les différents moyens de le protéger.
Car il y a urgence. Des sites culturels iraquiens, comme la tombe du prophète Jonas à Mossoul ou des palais assyriens ainsi que des églises et d’autres monuments, ont été détruits et pillés et il est à craindre que les biens culturels illégalement acquis viennent alimenter le trafic illicite. Protéger ce patrimoine, même en temps de guerre, est un impératif fondamental ont insisté les participants.
« Nous pouvons éprouver des scrupules à dénoncer les crimes perpétrés contre le patrimoine alors que les pires horreurs sont commises contre les hommes. Quand les morts se comptent par dizaines de milliers, faut-il se préoccuper du nettoyage culturel ? Oui, certainement oui », a assuré Philippe Lalliot. « Car l’anéantissement du patrimoine qui porte l’identité d’un peuple et l’histoire d’un pays n’est pas un dommage collatéral ou secondaire dont nous pourrions nous accommoder. Il relève en effet de la même logique que l’anéantissement des hommes ».
Le conflit actuel, ont martelé les participants, est aussi une guerre contre la culture, et partant, contre l’identité de tout un peuple.
« Les patrimoines culturels islamique, chrétien, kurde, juif - entre autres - sont intentionnellement détruits ou attaqués dans ce qui apparaît très clairement comme une forme de nettoyage culturel », a mis en garde Irina Bokova. « Nous craignons l’ampleur du trafic illicite des biens culturels, dont l’Iraq n’a déjà que trop souffert au cours de la dernière décennie ».
S’il n’existe pas de statistiques sur l’ampleur de ce trafic, il est à redouter que beaucoup de statues et autres vestiges ne se trouvent déjà entre les mains de marchands d’art peu scrupuleux.
« Daesh [un des acronymes des groupes islamistes extrémistes en Iraq] fait des fouilles pour vendre (des objets) sur les places européennes et asiatiques par l’intermédiaire des pays alentours. Ces ventes financent le terrorisme », a déploré Qais Hussein Rashied, Directeur du musée de Bagdad, qui a précisé que certaines pièces inestimables, vieilles parfois de 2000 ans, ont d’ores et déjà quitté le pays.
« Protéger le patrimoine culturel iraquien doit faire partie intégrante des efforts réaliser pour consolider la paix », a assuré pour sa part Mahmoud Al-Mullakhalaf, qui a appelé tous les Etats signataires des Conventions de l’UNESCO, notamment la Convention de 1954 sur la protection des biens culturels en cas de conflit armé, celle de 1970 sur le trafic illicite des biens culturels et celle sur 1972 sur le patrimoine mondial, « à lutter contre le terrorisme, le vaincre et nous aider à restaurer notre patrimoine ».
Face à l’ampleur de cette menace, une réponse concertée de la communauté internationale est cruciale. A cet égard, les participants ont salué les initiatives prises ces derniers mois par l’Organisation pour alerter sur la menace qui pèse sur le patrimoine iraquien et pour mobiliser la communauté internationale.
En collaboration avec les autorités iraquiennes, l’UNESCO a en effet appelé à la plus grande vigilance les principaux musées du monde, le marché de l’art, Interpol et d’autres organisations partenaires envers les objets pouvant provenir du pillage. L’Organisation a également partagé les informations pertinentes à sa disposition avec les Etats major engagées dans les frappes aériennes.
L’UNESCO a également appelé le Conseil de sécurité à adopter une résolution en vue d’interdire tout commerce des objets culturels iraquiens et syriens.
Le 17 juillet dernier, l’UNESCO a rassemblé au siège les principaux experts et partenaires pour le lancement d’un Plan d’action d’urgence pour la sauvegarde du patrimoine iraquien.
Enfin, plus récemment, le 22 septembre, la Directrice générale de l’UNESCO a pris part au Metropolitan Museum of Art de New York, au côté du Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, à un événement intitulé Patrimoine en péril : l’Iraq et la Syrie destiné à mettre en avant les efforts consentis pour protéger et préserver le patrimoine culturel iraquien et syrien.