´¡³¦³Ù³Ü²¹±ô¾±³Ùé

Intelligence artificielle et Etat de droit : un atelier régional pour outiller les institutions de formation judiciaire en Afrique de l’Ouest

Le Centre de formation judiciaire (CFJ) du Sénégal et le Bureau régional de l'UNESCO à Dakar ont organisé un atelier régional sur l’IA dans le système judiciaire.
atelier régional sur l’IA dans le système judiciaire en Afrique de l'ouest, photo de famille

Une quarantaine de participant(e)s, juges, magistrats, procureurs, directeurs et directrices d’institutions de formation judiciaire, dont une dizaine de femmes au total, ont participé à l’atelier régional tenu du 25 au 27 février 2025 à Dakar. L’objectif était pour l’UNESCO de renforcer les capacités législatives et institutionnelles des pays, en alignement avec les normes internationales en matière de droits humains, afin de promouvoir le développement et l’utilisation inclusifs des technologies numériques, notamment l’Intelligence artificielle (IA), tout en soutenant l’égalité des genres. 

L’intelligence artificielle (IA) impacte progressivement tous les domaines de l’activité humaine y compris ceux relatifs aux droits humains et à la justice. Le secteur judiciaire joue un rôle crucial pour la garantie de l’Etat de droit et la protection des droits humains. Face à cette révolution technologique qui s’accompagne de multiples opportunités et défis, la  préconise entre autres aux Etats de « renforcer la capacité du pouvoir judiciaire à prendre des décisions relatives aux systèmes d’IA, dans le respect de l’état de droit et conformément aux normes et au droit internationaux&²Ô²ú²õ±è;».

C’est dans cette optique, et dans le cadre également de , qu’un atelier régional organisé par l’UNESCO en collaboration avec le Centre de formation judiciaire (CFJ) du Sénégal a permis à une cinquantaine d’acteurs du judiciaire de renforcer leurs compétences sur l’IA et l’État de droit. 

Une formation adaptée aux défis actuels

L’atelier, qui a réuni des participants du Burkina Faso, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, de la Guinée, du Mali, du Sénégal et du Togo, visait à sensibiliser les juges aux opportunités et défis liés à l’IA dans le système judiciaire. Il s’agissait notamment de comprendre les implications éthiques et juridiques de l’utilisation de ces technologies dans les décisions judiciaires.

Mme Ndeye Maimouna Diop, consultante en transformation digitale, intervenant lors d’une des sessions, a mis en avant les potentialités de l’IA dans l’optimisation des services publics et la relation entre citoyens et État. Toutefois, elle souligne la nécessité de garantir la transparence et la sécurité des données dans l’usage de ces technologies.

Les échanges ont également porté sur l’intégration de modules spécifiques sur l’IA dans les cursus des écoles de formation judiciaire et l’UNESCO a d’ailleurs réitéré cette nécessité.

Un besoin de renforcement continu des capacités

L’atelier a démontré que les systèmes judiciaires doivent impérativement se moderniser en intégrant l’IA dans leurs pratiques pour faire face aux défis actuels. « L’IA avec ses capacités accrues d’analyse et de traitement de données, redéfinit les contours de notre société. Toutefois il convient d’aborder cette révolution technologique avec une vigilance accrue, tant sur le plan éthique que juridique. Il est essentiel que les outils d’IA garantissent une justice équitable pour tous, en demeurant des instruments d’aide à la décision et non de substitution au jugement humain. » déclare M. Souleymane Téliko, Directeur Général du CFJ. 

Des simulations ont permis aux juges d’expérimenter l’utilisation de l’IA dans le traitement courant des affaires judiciaires, mettant en évidence ses apports mais aussi ses limites. Comme l’a rappelé M. Jean Aloise Ndiaye, expert en IA et justice de l’UNESCO : « L’IA ne saurait se substituer au discernement du juge. Il est crucial que les magistrats restent les garants des principes fondamentaux de la justice. »

Aloise Ndiaye, expert UNESCO
M. Jean Aloise Ndiaye, expert en IA et justice de l’UNESCO

Dans ce contexte, les participants ont recommandé d’adapter le , élaboré par l’UNESCO, aux spécificités juridiques locales afin d’assurer une formation efficace et contextualisée des magistrats.

En définitive, l’atelier a mis en lumière la nécessité d’une approche proactive des écoles de formation judiciaire pour garantir que les magistrats africains puissent utiliser l’IA comme un outil d’aide à la décision, et non comme un substitut à leur jugement. M. Samba Kane, conseiller technique, représentant le Ministre de la Justice, Garde des Sceaux a indiqué que l’objectif majeur à l’issu de ses travaux, est de construire pour tous les pays présents, « un système judiciaire doté de compétences solides pour manier les systèmes d’IA tout en préservant les principes de justice et l’Etat de droit&²Ô²ú²õ±è;». 

M. Samba Kane, conseiller technique, représentant le Ministre de la Justice, Sénégal
M. Samba Kane, conseiller technique, représentant le Ministre de la Justice

La mise en place de programmes de formation continue et la création d’un réseau de formation judiciaire en Afrique francophone apparaissent comme des étapes indispensables pour assurer une justice équitable et adaptée aux réalités numériques du 21ᵉ siècle, en Afrique.

Présidium Atelier régional sur l'IA dans le système judiciaire en Afrique de l'ouest
Michel Kenmoe, Conseiller pour la Communication et l’information, UNESCO Dakar
M. Souleymane Téliko, Directeur Général du CFJ
M. Souleymane Téliko, Directeur Général du CFJ
Participants à l'atelier régional sur l’IA dans le système judiciaire en Afrique de l'ouest
Participants à l'atelier régional sur l’IA dans le système judiciaire en Afrique de l'ouest 2
Représentante du Bénin
Représentant du Burkina
Représentant de la Guinée
Représentant du Togo
Représentante du Mali
Participants à l'atelier régional sur l’IA dans le système judiciaire en Afrique de l'ouest 3
Participants à l'atelier régional sur l’IA dans le système judiciaire en Afrique de l'ouest 4
Intervenant à l'atelier sur l'IA dans le système judiciaire en Afrique de l'ouest
Responsables des Ecoles de formation
Participants à l'atelier régional sur l’IA dans le système judiciaire en Afrique de l'ouest 5

« Les institutions de formation judiciaires doivent jouer un rôle majeur pour la formation initiale et continue des acteurs judiciaires, notamment par l’intégration de modules sur l’IA et l’Etat de droit. Cela est d’autant plus important pour garantir que les systèmes d’IA ne perpétuent pas des biais et des préjudices, et ne portent pas atteinte aux droits fondamentaux, tels que la vie privée, la liberté d’expression et l’accès à l’information ». M. Michel Kenmoe, Conseiller pour la Communication et l’information, représentant l’UNESCO.

Michel Kenmoe, Conseiller pour la Communication et l’information, UNESCO Dakar
Michel Kenmoe, Conseiller pour la Communication et l’information, UNESCO Dakar